Le tribunal de commerce de Rennes a adonné son feu vert au fonds d’investissement Callista pour la reprise de la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan). Renault souhaitait s’en séparer depuis plus d’un an. Renault injectera plus de 200 millions d’euros, pour éponger les dettes et investir.
La reprise de la Fonderie de Bretagne par le fonds d’investissement allemand Callista sera effective la première semaine de novembre 2022, à Caudan (Morbihan). Le tribunal de commerce de Rennes a homologué, ce mardi 25 octobre, l’accord de conciliation, formalisant les engagements de la société Renault et de Callista.
Renault met 211 millions d’euros sur la table
En juillet 2022, quand Renault avait annoncé aux salariés le nom du repreneur potentiel, le groupe automobile prévoyait d’injecter 32 millions d’euros jusqu’en 2025 pour moderniser les lignes de production et diversifier les activités, Callista n’apportant aucun fonds. Au final, selon les termes de l’accord, ce sont 57 millions d’euros que Renault engage. Dans le détail, 9,2 millions pour couvrir les « inévitables » pertes d’exploitation à venir, 32,3 millions pour « couvrir les financements des besoins d’investissements afin d’adapter l’outil de production aux demandes du marché » et 14,3 millions pour couvrir « les aléas ».
Elle apportera, par ailleurs, 154 millions d’euros pour effacer les dettes. Au cours des années 2016-2021, comme le rappelle le tribunal, la Fonderie de Bretagne a cumulé des pertes d’exploitation à hauteur d’environ 140 millions d’euros.
Cet apport de capitaux permettra à la Fonderie de Bretagne de faire face à ses engagements actuels et de repartir sur de bonnes bases. Et aux salariés d’avoir une « relative sécurité sur leur emploi ».
La diversification, un gros défi pour Callista
Mais… Comme le souligne le tribunal, « la stratégie industrielle reste à bâtir ». Et le repreneur est « bien conscient de la situation de l’entreprise. » Il a prévu de diversifier son activité, en s’affranchissant des commandes de Renault. Si aujourd’hui, 90 % de la production de pièces automobiles de la Fonderie est destinée à Renault, 10 % à BMW, en 2025, le groupe automobile français ne devra représenter que 50 % du futur chiffre d’affaires. Ce qui représente « un énorme défi industriel » comme le note le tribunal.
Cela suscite des craintes chez les salariés. « Les volumes apportés par Renault descendent, mais en contrepartie, aucun volume n’arrive de sûr », résume Maël Le Goff, délégué CGT. Attirer de nouveaux clients ? « Impossible dans le délai imparti (d’ici 2025), selon le délégué syndical. Et Renault devra s’approvisionner en Turquie ou au Brésil. On verra, selon le contexte géopolitique… ».
Quand commenceront les travaux de modernisation ? Avec ou sans arrêt de la production ? « On n’en sait rien, indique Maël Le Goff. Quand on pose la question, on nous répond, vous verrez avec Callista ». Une rencontre est prévue avec la direction en fin de semaine prochaine.
Pas de licenciements, mais des embauches à prévoir
Callista s’est engagé à ne procéder à aucun licenciement économique jusqu’en 2026. « C’est de l’embauche qu’il faut ; Callista en est conscient », soutient Maël Le Goff. En un an, entre 70 et 80 salariés ont quitté la Fonderie. Selon le délégué syndical, il faut recruter en priorité en maintenance, des électromécaniciens, automaticiens, mécaniciens.
De 1998 à 2008, la Fonderie de Bretagne créée en 1966 et qui s’appelait alors la SBFM, a traversé une grosse zone de turbulences après le départ de Renault et les reprises par des groupes italiens. Pour, finalement, en 2009, voir Renault reprendre le site. Ils étaient 560 à l’époque. Ils ne sont plus que 290 aujourd’hui.
Nadine BOURSIER