42 ans chez Saupiquet à Quimper : « La fermeture de l’usine, il en a souvent été question », assure Marc Gouédic (LT.fr-9/12/24)

Marc Gouédic a travaillé 42 ans au sein de l’usine quimpéroise, une activité couplée avec de multiples fonctions syndicales dans l’entreprise. (Le Télégramme/Yves Madec)

Une carrière entière chez Saupiquet Quimper et presque autant d’activité syndicale. Marc Goudédic, 68 ans, aura connu cinq directeurs et de nombreuses évolutions dans cette usine qu’il a quittée en 2018.

Marc Gouedic avait 20 ans lorsqu’il a été embauché chez Saupiquet Quimper en tant que mécanicien spécialisé en réglages et sertissage, après un stage réussi. Nous sommes en 1976 et l’usine est alors surtout spécialisée dans la mise en conserves des légumes. « L’ambiance était sympa, il y avait beaucoup de jeunes, assure-t-il. Et ça payait bien avec les heures supplémentaires et le travail de nuit. Personne ne venait à reculons, ça râlait mais on y était bien. L’usine était toute neuve, elle n’avait que huit ans. Bon, ce n’était pas encore les boîtes d’aujourd’hui, nous, on travaillait dans l’humidité, la chaleur… ».

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En 2005, Quimper en balance avec Vannes

Employé à la maintenance, le Quimpérois, a pris très tôt sa carte de syndicaliste et rapidement gravi les échelons dans la défense des salariés et de l’outil. D’abord à la CGT, puis à la CFDT. Délégué du personnel, il a par exemple représenté les salariés aux sièges des propriétaires, à Nantes puis Paris, défendu leurs conditions de travail, les salaires. Son premier gros dossier à Quimper aura été la fin du service conditionnement étiquetage. Ensuite, il a géré de multiples fermetures d’usines dans toute la France, casquette de secrétaire du comité central européen sur la tête. Saint-Jean de Luz, Vannes…

« La fermeture de l’usine quimpéroise, il en a souvent été question. Les promoteurs du secteur le répétaient d’ailleurs souvent, dans leur intérêt. En 2005, l’activité avait failli partir à Vannes, mais cela s’était avéré compliqué avec la main-d’œuvre. La productivité en dépendait. Tous ces gens ont une sacrée valeur technique, il fallait voir à quelle vitesse ils travaillaient. Et qui aurait suivi ? Beaucoup étaient déjà issues de fermetures d’usines et venaient du Pays bigouden et du Cap_Sizun, il y avait peu de Quimpérois ».

Marc Gouedic loue surtout le travail des ouvrières. « Beaucoup d’entre elles menaient les combats syndicaux, normal, les métiers difficiles, c’étaient elles. Bien sûr, j’ai pris quelques remarques sur le fait que je ne pouvais pas en comprendre la dureté. Mais j’allais souvent sur les lignes. Et j’étais là avant tout le monde le matin ».

« Une déchirure »

À son départ, en décembre 2018, il gérait tout le service de sertissage. Lorsque la nouvelle de la fermeture est tombée en juin, tout le bagad Kemper, dans lequel il joue depuis 1972, l’a interpellé sur la question. « Je n’imaginais pas que l’usine partirait à cette vitesse. Ça marchait du feu de dieu, nous avions même créé des équipes pour le samedi. Mais le covid et l’inflation sont passés par là. Dix ans plus tôt, on faisait une grande fête pour l’inauguration d’un atelier, on sortait la tête de l’eau. On pensait même pousser les murs pour une ligne supplémentaire. C’est vraiment une déchirure. Les Italiens, je pense qu’ils savaient très bien ce qu’ils allaient faire puisqu’ils faisaient les mêmes produits que nous. Ils vont récupérer le matériel de Quimper. Il y aura toujours Saupiquet, mais plus rien ne sera fabriqué en France ».

Il avoue son inquiétude pour les sous-traitants, les salariés. « J’en ai connu des plans sociaux. Je sais qu’il y aura des primes négociées, c’est pas mal, mais l’argent, ça part vite ».

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper-29000/42-ans-chez-saupiquet-a-quimper-la-fermeture-de-lusine-il-en-a-souvent-ete-question-assure-marc-gouedic-6719353.php

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