Les aires marines « protégées » ne le sont pas toujours vraiment, que ce soit en France ou dans le reste du monde. D’après une étude publiée le 24 juillet dans la revue Science, 47 % des aires marines protégées côtières à travers le monde sont exploitées par des navires industriels.
Les auteurs de l’étude ont obtenu ce chiffre en utilisant des images satellites prises entre 2022 et 2024. Cette technique permet d’obtenir des données plus précises que celles obtenues via l’exploitation du système automatique d’identification des bateaux, qui permet de connaître leur position en temps réel, mais peut être éteint. Deux tiers des navires détectés dans le cadre de cette étude avaient d’ailleurs échappé au système de surveillance des services publics, notent les chercheurs.
Ces résultats mettent en lumière « la présence continue des bateaux industriels » dans ces zones supposément dédiées à la conservation de la vie marine. L’ampleur de la pêche industrielle dans les aires marines protégées est peut-être encore plus importante, soulignent les chercheurs. Les satellites ont en effet du mal à détecter les bateaux de moins de 20 m, pourtant responsables d’une large part des captures de poissons mondiales.
L’écologue marin Boris Worm — qui n’a pas contribué à cette étude — explique, dans un autre article paru dans Science : « De nombreuses aires marines protégées ont été créées rapidement, sans réglementation protectrice stricte, sans consultation des acteurs locaux et sans système de gestion approprié. Dans certains cas, cela a donné lieu à des “parcs de papier” […] Pourtant, les données disponibles montrent que lorsque ces aires sont bien financées, que l’exploitation industrielle y est limitée et qu’elles sont suffisamment protégées, elles peuvent avoir de nombreux bénéfices à long-terme ». Et ce, pour les poissons comme pour les pêcheurs.
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