
Libération de Quimper : 5/6] Du 2 au 8 août, la rédaction du Télégramme, en lien avec le service des archives de Quimper, vous raconte une histoire à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de Quimper. Voici le cinquième épisode de notre série : « La guerre civile ».
Par Benjamin PONTIS.
Dans les guerres, il n’y a pas que des soldats ou des Résistants. Dans les guerres, il y a aussi de nombreuses victimes civiles. Des dégâts collatéraux comme on pourrait le dire grossièrement. Mais ce sont surtout des femmes et des hommes dont ils font honorer la mémoire. Rendons-leur ainsi hommage, grâce au travail réalisé par les archivistes de la Ville de Quimper qui ont tenté de recenser la plupart des victimes civiles quimpéroises entre mai et août 1944.
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De multiples drames
Le 15 mai, Louis Durand a été sauvagement assassiné chez lui, route de Concarneau. Ivre, un soldat allemand lui a asséné neuf coups de poignard. Le 25 juillet, Emile Vaslet de Fontaubert, sourd, n’a pas entendu un soldat allemand lui intimant l’ordre de s’arrêter. Il a été abattu au niveau de l’entrée de la rue du Palais.
Le 4 août, Franck Ripault a été exécuté, une balle dans la nuque, par un garde d’un abattoir, rue de Verdun. Le même jour, René Quéffelec, un ouvrier d’Ergué-Armel, a été tué alors qu’il se rendait au travail. Le lendemain, Jean Le Moigne a été battu à coups de crosses de fusils et tué par balle, au Moulin-Vert.
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Toujours le 5 août, Michel Scotet, un ouvrier carrier, a été abattu chez lui, à Penhars, par une rafale de mitrailleuse. Le 8 août, Denise Nolais, pratiquement centenaire, a été tuée par une grenade lancée dans sa cuisine, rue de Concarneau. Sans parler des blessés graves par des convois allemands qui arrosaient sans réelle raison les façades lors de leurs passages dans la ville de Quimper.
Le massacre de Gourvily
Lorsque l’on évoque les victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale, à Quimper, on pense aussi au massacre de Gourvily. « Un crime de guerre », insiste Bruno Le Gall, le responsable des archives municipales. Le 5 août, un convoi allemand circulait route de Brest lorsqu’ils ont aperçu un groupe de Résistants venus se ravitailler au sein d’un café-épicerie, route de Brest, tenu par la famille Le Jeune.
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« Il y a eu des échanges de tirs. Cela a duré très longtemps », poursuit l’archiviste. Quatre Résistants ont été tués. Les propriétaires du café, aussi. « Il semblerait que les Allemands ont considéré que la famille Le Jeune soutenait la Résistance. Alors que pas du tout. Il s’agissait de civils qui étaient non-armés. Ils ont été abattus et le café a été incendié », raconte Bruno Le Gall. Le bilan est tragique. Anne-Marie, 64 ans. Jean-Louis, 67 ans, Marie-Renée, 33 ans, attendait un enfant. Marie-Anne, 32 ans. Ce jour-là, ces deux femmes ont laissé six enfants derrières elles.
Dans l’édition du 8 août, retrouvez le sixième et dernier volet de notre série sur le 80e anniversaire de la Libération.
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