Gaza, jour 744 : Israël a violé 80 fois l’accord de cessez-le-feu (AgenceMédiaPalestine-20/10/25)

Dix jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, 97 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne d’après la Défense civile de l’enclave. Le régime génocidaire ne respecte pas l’accord trouvé avec le Hamas, et l’aide humanitaire est toujours entravée. 

Par l’Agence Média Palestine, le 20 octobre 2025.

Huit fois par jour en moyenne. D’après les derniers chiffres publiés par la Défense civile palestinienne, le cessez-le-feu a été rompu par Israël 80 fois depuis son entrée en vigueur. Bombardements, tirs sur des civils qui dépassent des lignes invisibles… tous les moyens sont bons pour continuer le génocide dans la bande de Gaza malgré un cessez-le-feu de façade : “Ces violations allaient des tirs directs contre des civils aux bombardements et attaques délibérés, en passant par le recours simultané à des frappes aériennes et l’arrestation d’un certain nombre de civils” détaille le communiqué de la Défense civile. Hier (Dimanche 19/10/25-LHR), 42 personnes ont été tuées au terme d’une journée de bombardements israéliens destructeurs. « 

Le cessez-le-feu plus que jamais menacé par Israël

Les bombardements israéliens se sont calmés hier en fin de journée dans la bande de Gaza, après une journée de pilonnage de l’artillerie israélienne dans l’enclave. Le bilan est lourd pour les Palestiniens, avec 42 morts. Israël s’est justifié en affirmant que deux soldats israéliens étaient morts dans l’explosion d’une bombe initiée par le Hamas, une déclaration aussitôt démentie par le mouvement palestinien. 

Avant cela déjà, plusieurs meurtres de Palestiniens avaient eu lieu dans la semaine comme nous le documentions ici. Le régime israélien n’a donc pas attendu une attaque prétendument attribuée au Hamas pour rompre unilatéralement le cessez-le-feu en vigueur. Même chose pour les menaces portées au Hamas la semaine dernière concernant la rupture de l’accord en cas de non-retour de la totalité des corps des otages israéliens morts en captivité. 

Pour rappel, le Hamas avait déclaré s’engager à retourner les 28 corps restants aux autorités israéliennes, affirmant que la logistique induite par ces recherches était titanesque. Pas étonnant dès lors que le groupe palestinien n’a pas encore pu retrouver tous les corps en question. Mais pour Israël, c’est l’occasion rêvée de communiquer officiellement en pointant du doigt le Hamas, pour justifier les massacres à venir. 

La journée cauchemardesque vécue hier par les Gazaouis sous les feux israéliens a agi comme un rappel de la cruauté de l’occupant, et de la fragilité de l’accord signé il y a dix jours : “J’ai senti mon cœur tomber, j’ai senti que le cessez-le-feu était rompu”, a déclaré à Reuters Abu Abdallah, habitant de Gaza-ville. C’est le même sentiment, la même peur qui a traversé Abdallah dans le centre de l’enclave palestinienne : “Ce qui s’est passé hier a poussé les gens à se ruer pour acheter de la nourriture, les marchands cupides ont augmenté les prix ; l’accord semble si fragile.”

Aujourd’hui encore, des tirs ont été entendus dans l’enclave palestinienne en début de matinée, dans le quartier de Shujaiya. Une nouvelle violation assumée du cessez-le-feu par l’armée israélienne : “« Les forces ont tiré sur les terroristes qui ont franchi la ligne jaune afin d’éliminer la menace qui pesait sur les troupes”, a-t-elle déclaré. Cette fameuse ligne jaune délimite le nouveau périmètre de l’occupant israélien conformément aux accords signés il y a dix jours : ce dernier s’est retiré de certaines de ses positions dans l’enclave mais en contrôle toujours 53%.  Une autre salve a été tirée par des militaires israéliens avançant des raisons similaires, alors que plusieurs témoins affirment que les forces israéliennes ont elles-même dépassé cette fameuse ligne jaune. Bilan : deux Palestiniens tués. D’autres tirs israéliens ont retenti à Khan Younès, dans le sud de l’enclave.

L’heure devait pourtant être à l’apaisement ce matin si l’on en croit la communication officielle des Etats-Unis, qui tentent de faire rentrer Netanyahu dans le rang. Trump a envoyé son gendre et responsable officieux des relations avec le Moyen-Orient Jared Kushner, pour éclaircir la situation. Il n’en est ressorti que pour asséner des formules creuses autour de la nécessité “pour les deux parties “ de respecter le cessez-le-feu.

Des discussions initiées par le Qatar se tiennent en ce moment même au Caire avec une délégation du Hamas et des officiels égyptiens et qataris au sujet “des dizaines de frappes aériennes qui ont tué des dizaines de personnes dimanche”. Dans le même temps, le Hamas a annoncé que le corps d’un otage israélien mort serait remis aux autorités israéliennes ce soir. 

L’aide humanitaire toujours fortement entravée

La reprise des bombardements intensifs de l’armée israélienne hier s’est accompagnée d’un nouvel arrêt d’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, d’après les ordres donnés par Israël. La réalité révèle pourtant que cette aide ne s’est de toute façon pas suffisamment accentuée depuis l’annonce du cessez-le-feu il y a dix jours. Mercredi dernier par exemple, 480 camions d’aide sont entrés dans la bande de Gaza, contre les 600 prévus par l’accord de cessez-le-feu. Une aide décrite par le bureau des médias à Gaza comme “une goutte d’eau dans un océan de besoins”, largement insuffisante pour plus de 2,4 millions de personnes.

D’après la communication officielle du Bureau gazaoui des médias : “La bande de Gaza a besoin de 600 camions d’aide humanitaire, qui doivent circuler en continu et en grande quantité, transportant notamment des denrées alimentaires, du carburant, du gaz de cuisine, des fournitures de secours et des fournitures médicales, de manière urgente, régulière et sans interruption.” Sur cette partie de l’accord aussi, Israël ne respecte pas ses engagements. 

A titre d’exemple, alors que les points de passage devaient être ouverts à l’aide humanitaire dès la remise des otages lundi dernier, le point stratégique de Rafah est toujours fermé pour une durée indéterminée. La communication officielle du régime génocidaire israélien avait pourtant annoncé un premier report d’ouverture à mercredi dernier, une date finalement décalée de nouveau. 

Pour les organisations internationales aussi, la quantité d’aide humanitaire acheminée est trop faible. D’après le programme alimentaire mondial, qui dépend des Nations Unies, environ 560 tonnes de nourriture ont été apportées à Gaza depuis le début du cessez-le-feu, mais cela reste largement insuffisant pour nourrir la population palestinienne.

A cela s’ajoutent les mouvements de population avec le retour de nombreux Gazaouis exilés qui rentrent dans le centre et le nord de l’enclave. D’après le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 17600 déplacements de personnes ont été recensés du sud vers le nord, et 12900 de l’ouest à l’est de Khan Younès. Des dizaines de milliers de personnes retournent dans des zones où la plupart des habitations sont détruites, et où les conditions d’hygiène sont absolument déplorables en raison du manque de produits essentiels. 

Dans la même logique, des piles de déchets toxiques gigantesques se sont constituées au fur et à mesure de l’avancée du génocide et des bombardements israéliens. Elles sont devenues tellement impressionnantes qu’elles constituent désormais un réel problème de santé publique à cause de leur toxicité. Des officiels de l’enclave affirment qu’il faut traiter ce problème de toute urgence. 

Derniers développements ce matin concernant l’entrée de l’aide humanitaire : des dizaines de camions d’aide ont été aperçus franchissant les points de passage de Karem Abu Salem et Al-Karara, qui avaient été fermés hier pendant la journée de bombardements. Le point de passage de Rafah est toujours fermé pour le moment, ce qui empêche l’évacuation des civils palestiniens malades et blessés. D’après le dernier bilan du ministère de la Santé de l’enclave palestinienne, 68.216 Palestiniens ont été assassinés depuis le 7 octobre 2023. 

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Source: https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/20/gaza-jour-744-israel-a-viole-80-fois-laccord-de-cessez-le-feu/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=gaza_jour_744_israel_a_viole_80_fois_l_accord_de_cessez_le_feu&utm_term=2025-10-21

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