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Le vice-président J. D. Vance est arrivé en Israël, mardi 21 octobre. Selon le New York Times, il craint que Benyamin Netanyahou ne mette fin à la trêve. Tel-Aviv et Washington pourraient avoir une première dissension. Une fois n’est pas coutume.
Par Pierre Barbancey
Après le président, le vice-président. Donald Trump à peine parti, voilà J. D. Vance qui arrive avec une mission sans doute plus difficile. Si le premier était venu recueillir les lauriers de son intervention pour un arrêt des combats à Gaza, le second doit empêcher l’allié indéfectible Benyamin Netanyahou de faire voler en éclats ce cessez-le-feu.
Plusieurs responsables de l’administration états-unienne ont avoué, lundi, au quotidien The New York Times, être « de plus en plus inquiets » que le premier ministre israélien ne mette fin à la trêve. Chacun, cependant, joue sa partition. Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre et a été mis à rude épreuve par les affrontements de dimanche et les accusations mutuelles de violation. Ce qui n’a pas empêché Israël et le Hamas d’affirmer leur engagement envers l’accord.
Washington se prépare à toute éventualité
Alors que Vance était en chemin, Trump a publié une mise en garde sur Truth Social : si le Hamas viole l’accord de cessez-le-feu à Gaza, plusieurs alliés anonymes des États-Unis au Moyen-Orient « se réjouiraient de l’occasion » de riposter au groupe militant par la force. En langage trumpien, cela donne : « Il y a encore de l’espoir que le Hamas fasse ce qui est juste. S’il ne le fait pas, sa fin sera RAPIDE, FURIEUSE ET BRUTALE. »
Mais il faut croire que Washington s’attend à toutes les éventualités. Les États-Unis sont d’autant plus sur le qui-vive que la réussite de ce dossier dépend essentiellement d’eux. Tout est organisé pour remplir leurs ambitions et servir leurs intérêts, à savoir une stabilisation régionale et la mise en place de nouvelles voies d’approvisionnement énergétiques afin que l’Europe ne se tourne plus vers la Russie.
La force d’interposition composée de troupes venues d’Égypte, du Qatar et de Turquie qui doit être missionnée relève de la même préoccupation. Le Qatar est un gros producteur de gaz naturel et accueille la plus importante base militaire états-unienne au Moyen-Orient. Le Caire entretient des relations commerciales liées à la liquéfaction du gaz. Quant à la Turquie, membre privilégiée de l’Otan, elle est le maillon essentiel du dispositif puisque les pipelines et les gazoducs devraient passer par là avant de filer vers l’Europe.
Une telle éventualité ne plaît qu’à moitié à Tel-Aviv. Si les autorités israéliennes sont favorables au passage énergétique, l’opposition à la présence d’autres troupes dans la bande de Gaza est claire. D’où ce petit regain de tensions pas encore totalement perceptible, mais que Vance est venu éteindre. À peine arrivé, il a rencontré Steve Witkoff, l’envoyé spécial dans la région (constamment présent en Israël), et Jared Kushner, le gendre du président. Un véritable nid d’espions. Le chef des services de renseignement égyptiens, le général de division Hassan Rashad, s’est rendu en Israël, mardi, pour rencontrer Netanyahou, Witkoff et d’autres responsables au sujet de la mise en œuvre du cessez-le-feu.
Lors du précédent cessez-le-feu, en janvier, un accord censé établir une paix durable dans la région prévoyait déjà trois étapes, mais Israël avait violé la trêve. À l’époque, la première étape s’était achevée dans la nuit du 26 au 27 février. Les combats avaient repris le 18 mars 2025, avec des bombardements de l’armée Israélienne qui avaient fait au moins 413 morts en quelques heures et empêché la mise en place de la deuxième phase.
Le désarmement du Hamas
Ces réunions de haut niveau soulignent l’urgence pour Donald Trump d’entamer des négociations en vue de la deuxième phase du plan états-unien. Il sait que, sur ce point, ses attentes et celles de Netanyahou ne sont pas identiques, alors que les négociateurs du Hamas ont réaffirmé l’engagement du groupe à garantir que la guerre « prenne fin une fois pour toutes ».
La pierre d’achoppement réside dans le point du plan présenté le 29 septembre à la Maison-Blanche, qui établit le désarmement du groupe islamique palestinien comme une condition essentielle. Le Hamas manœuvre à reculons. Après s’y être opposé, il pose maintenant la question du type d’armes et de qui les réceptionnerait. Mais si l’armée israélienne procède à un massacre, comme elle l’a si souvent fait, ce qui sonnerait comme une provocation, il paraît évident que le processus serait totalement interrompu.
Pendant ce temps, le point de passage de Rafah est toujours tenu fermé par Israël. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué avoir envoyé plus de 530 camions à Gaza au cours des dix derniers jours par deux autres entrées côté israélien. Mais ce chiffre est encore bien inférieur aux 500 à 600 camions entrant quotidiennement avant la guerre.
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