
Sur les « Abeilles », ces remorqueurs de haute mer, les équipages passeraient de douze à dix marins, « une situation intolérable et dangereuse » dénoncée par le syndicat CGT des marins du grand ouest. Mais la direction des Abeilles International reste formelle : « Quand le navire n’est pas en exploitation commerciale, dix personnes suffisent. »
Les Abeilles, qui assurent la protection du littoral en France, passeraient « en réduction d’effectifs ». C’est ce que vient d’apprendre, « scandalisée », la CGT des Marins du Grand Ouest qui s’insurge contre « ce cap social » pris par la direction de la société Abeilles International.
« Homogénéiser les effectifs »
En contrat avec la Marine nationale, la société les Abeilles, cet armateur français spécialisé dans le remorquage, veut en effet « homogénéiser les effectifs et remanier les qualifications du personnel ».
Quatre remorqueurs Abeille assurent en France les missions de remorquage en haute mer, d’assistance et de sauvetage des navires en détresse et de lutte contre la pollution par hydrocarbures : l’Abeille Normandie, basée à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), qui peut recueillir jusqu’à 700 naufragés, l’Abeille Méditerranée basée à Toulon, l ’Abeille Bourbon à Brest et l’Abeille Liberté à Cherbourg.
« seulement en armement minimal »
En 2021, les effectifs des Abeille Normandie et Abeille Méditerranée étaient déjà passés à dix au lieu de douze : « Mais exclusivement pour l’armement minimum du bateau, cet équipage minimum de dix personnes avec lequel le remorqueur peut naviguer en toute sécurité, pour, par exemple, rejoindre un chantier naval en cas d’arrêt technique », tempère Pascal Perrot, responsable des projets pour Abeilles International : « Cette disposition n’a rien à voir avec l’équipement standard et normal qui comme l’exige notre contrat avec la Marine nationale, reste et restera à douze personnes. »
La société Abeilles explique s’être « simplement mise en accord » avec la réglementation : « On nous demande, d’un côté, de définir l’armement minimum pour que le navire puisse naviguer en toute sécurité, et de l’autre côté, de définir l’équipage nécessaire à l’exploitation commerciale, précise Pascal Perrot. Des matelots au bosco, c’est une mise en conformité des différents rôles de l’équipage, selon les missions du remorqueur. »
Vingt-et-une marées noires évitées
Le syndicat rappelle, lui, que les Abeilles ont permis « d’éviter 21 marées noires équivalentes à celle de l’Amoco Cadiz, une prouesse qui ne doit rien au hasard ». Sans oublier les centaines d’équipages ramenés à bon port.
« Réduire les effectifs sur ces remorqueurs serait mettre en danger les sauveteurs et les marins, mais aussi mettre sous pression les préfets maritimes et les autres services de l’action de l’État en mer, les élus du littoral et les citoyens », insiste Jean-Paul Hellequin, secrétaire adjoint et porte-parole de la CGT des Marins du Grand Ouest.
Des inquiétudes « déjà soulevées par les autorités maritimes du Havre et de Toulon mais qui ont été rassurées, garantit Pascal Perrot. E n cas d’arrêt maladie, quand il nous faut 8 h pour trouver un remplaçant, on préfère que le navire reste opérationnel et disponible si besoin d’assistance, au lieu de rester bloqué à quai faute d’un équipage suffisant. »