Gel des retraites complémentaires décidé pour l’an prochain (IO.fr-25/10/25)

(photo AFP).

Le 17 octobre, le Medef s’est opposé à l’augmentation, modeste, des retraites complémentaires revendiquée par les syndicats. Résultat : leur montant sera gelé l’an prochain !

Par Nicole BERNARD.

À la fin du « conclave » sur les retraites1 en juin dernier, le président du Medef avait lancé l’idée que « les partenaires sociaux pourraient décider chaque année du niveau de revalorisation des pensions » (Libération, 12 juin). Il parlait des retraites versées par la Sécurité sociale selon les dispositions du Code de la Sécurité sociale.

Ainsi, pour Patrick Martin, les « partenaires sociaux » qui gèrent les retraites complémentaires seraient les mieux placés pour gérer les retraites de base des salariés du privé qui font actuellement partie de la Sécurité Sociale (contrairement à l’Arrco-Agirc). On ne sera pas étonné que Sébastien Lecornu reprenne, aujourd’hui, cette idée avec une prochaine conférence sociale annoncée sur « les retraites et le travail ».

Le 17 octobre, justement, les partenaires sociaux se réunissaient pour « négocier » sur les règles 2026 pour les retraites complémentaires des salariés du privé. Et le résultat de cette négociation ?

Le Medef avait décidé que les retraites seraient revalorisées de… 0,2 %.

Espérant une négociation, les organisations syndicales ont proposé une revalorisation du montant de l’inflation, soit 1 % (le chiffre officiel de l’inflation évidemment).

Plus de 100 milliards d’euros de réserves

Le patronat a répondu que ce n’était pas envisageable. C’est 0,2 % Ou rien. Pourquoi ? Parce que la gestion des retraites complémentaires rencontre des difficultés financières ? Évidemment non.

L’exercice 2024 est excédentaire de 4,6 milliards d’euros. En imposant de partir plus tard à la retraite, la réforme Macron, non abrogée, fait faire des économies aux gestionnaires des retraites complémentaires.

Par ailleurs, la gestion paritaire des retraites complémentaires est très particulière ! Pour conserver ses réserves, les gestionnaires de l’Arrco ont, majoritairement, depuis de très nombreuses années, pratiqué des règles draconiennes : augmentation de la valeur d’achat du point retraite aboutissant, à salaire identique, à l’acquisition de moins en moins de points de retraite et, dans le même temps, revalorisation inférieure à l’inflation des pensions versées.

C’est probablement pour cela que, après Bayrou, Lecornu vante les mérites de la « démocratie sociale » !

Non seulement l’exercice 2024 est excédentaire mais les réserves s’élevaient, l’année dernière, à 101,7 milliards d’euros. Il y a, donc, largement, de quoi appliquer une revalorisation de 1 %2.

Alors pourquoi le Medef bloque-t-il ?

Parce que « le contexte de forte dégradation des finances publiques appelle à des mesures de maîtrise de la dépense sociale » (Les Échos, 20 octobre). De quoi s’agit-il ?

On sait que le patronat considère qu’il n’est plus possible de payer les retraites. Il fait sien le passage à la retraite par capitalisation. Mais, tout le monde le sait, ce projet bute sur les moyens à mobiliser pour alimenter les fonds retraite ! Le Medef compte-t-il sur les retraites de l’Arrco ?

Ou espère-t-il mobiliser ces mêmes réserves pour lancer la retraite à points qui a échoué en 2019 mais que la CFDT veut relancer ?

Le blocage des retraites complémentaires n’est pas seulement un coup porté aux retraités. C’est une indication sur la fameuse « conférence sociale » sur les retraites et le travail !

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/

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