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Avec de 50,4 %, Zohran Mamdani atteint la majorité et devance largement Andrew Cuomo. L’ancien gouverneur démocrate de l’État − qui se présentait en indépendant après avoir perdu la primaire de son parti et pour qui Donald Trump avait appelé à voter la veille du scrutin − n’a recueilli que 41,6 % des voix. Quant au républicain Curtis Sliwa, il n’est arrivé que troisième avec 7 %.
Le socialiste démocrate* (DSA) devient donc le maire de New-York. “En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière” a-t-il dit. Espérons-le.
Même le New-York Times (centriste proche de la direction du Parti démocrate) qui n’a jamais montré le moindre enthousiasme pour Mamdani est obligé de reconnaître que ce candidat d’une « gauche improbable, » “s’est transformé en une voix électrisante pour les New-Yorkais désabusés par le coût de la vie exorbitant et une vieille garde entachée de scandales”. Sa victoire, “qui s’étend des quartiers embourgeoisés de Brooklyn aux enclaves ouvrières et immigrées du Queens”, constitue l’un des “bouleversements politiques les plus remarquables de l’histoire de New York”.
Le NYT conclue: “Il peut faire progresser les choses : construire davantage de logements, améliorer l’accès à la garde d’enfants et à des écoles de qualité, accélérer le trafic des bus et du métro. Et s’il réussit il offrira un modèle de gouvernance pour le parti démocrate à un moment où nombre d’Américains s’en méfient.”
En effet le PD après les présidences Obama et Biden a été incapable de montrer ce qui le différencie fondamentalement du Parti républicain. Comme les partis de gauche molle, de gauche bourgeoise, de gauche de droite sa politique favorable au grand capital malgré des petits gestes en direction des classes populaires (on pense au soutien de Biden à l’action des syndicats ou au famélique Obama care) n’apparait pas comme une alternative au rouleau compresseur de MAGA.
Or c’est la gauche de gauche qui vient de marquer un point très important. Outre sa capacité à mobiliser les jeunes et les classes populaires, elle donne une perspective, un espoir au mouvement anti-néofasciste.
Que Mamdani soit membre des Socialistes démocrates, musulman et naturalisé Etasunien en 2018, qu’il écrase Cuomo, symbole des pires compromissions du Parti démocrate, peut être un tournant. La victoire de la gauche de gauche à NY décrédibilise le discours, qui est d’ailleurs celui du PS en France, qui consiste à prétendre, contre toute réalité factuelle, que les victoires se gagnent « au centre » c’est-à-dire quand la gauche met son drapeau dans la poche.
Il ne s’agit pas de maximalisme mais d’affirmation de convictions transformatrices et radicales. Mamdani n’est pas « communiste » comme l’en accuse Trump mais un “fier membre des Socialistes démocrates d’Amérique”.
De plus Mamdani a été un soutien ferme, qui a tenu la ligne dans la solidarité avec la Palestine. Sa victoire est par conséquent extrêmement significative, en ce qu’elle incarne un rejet des attaques islamophobes et de l’instrumentalisation de l’antisémitisme. La majorité des jeunes Juifs new-yorkais ont d’ailleurs soutenu Mamdani malgré les insultes de Trump à leur égard.
C’est la gauche qui mobilise. Cette élection municipale a enregistré une participation record, la plus forte depuis cinquante ans.
Comme d’habitude les groupuscules figés dans leur dogmatisme vont dénoncer l’absence de soviets à Wall street. Mais si Mamdani parvient à réaliser son programme avec des bus gratuits, des loyers gelés et un service de garde universel il aura donné à la gauche outre une victoire historique, une crédibilité comme force de changement radical. Et donc il ferait accomplir un pas vers d’autres pas en avant. Cette fois au niveau national et avec un programme de changement démocratique capable de vaincre le néofascisme MAGA des Trump, JD Vance et autres Rubio.
Ce matin nous aimons New-York.
Antoine Manessis
* Le DSA (Democratic Socialists of America) se défini ainsi :
« Nous sommes socialistes parce que nous partageons la vision d’un ordre social humain fondé sur le contrôle populaire des ressources et de la production, la planification socialiste, la distribution équitable, le féminisme, l’égalité raciale et les relations non oppressives. Nous sommes socialistes parce que nous développons une stratégie concrète pour réaliser cette vision, pour construire un mouvement majoritaire qui fera du socialisme démocratique une réalité en Amérique. Nous croyons qu’une telle stratégie doit reconnaître la structure de classe de la société américaine et que cette structure de classe signifie qu’il y a un conflit fondamental entre les secteurs ayant un pouvoir économique énorme et la grande majorité de la population »[
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