Budget de la Sécurité sociale 2026 : un vote qui ne passe pas (IO.fr-17/12/25)

Rassemblement à quelques pas de l’Assemblée nationale contre le vote du budget de la Sécurité sociale 2026. (Correspondant)

Mardi 16 décembre, le PLFSS a été adopté en troisième lecture à l’Assemblée. À proximité, des délégations CGT et FO se sont rassemblées pour demander aux députés de rejeter ce budget. Nous publions des extraits des prises de parole.

Par la redaction d’IO

Mardi 16 décembre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a définitivement été adopté en troisième lecture à l’Assemblée nationale. Avec, une nouvelle fois, le vote pour du PS, et l’abstention complaisante du groupe écologiste, permettant chacun à sa manière de sauver le gouvernement Lecornu, et de faire adopter une saignée brutale de la Sécurité sociale, du budget des hôpitaux.

C’est la première fois de ce quinquennat de Macron que le budget est adopté autrement que par 49.3. Au prix de la trahison du mandat confié par les électeurs qui avaient placé en tête le NFP aux dernières élections. De ce côté, seul le groupe LFI a voté contre, en bloc.

Mais à quelques pas de l’Assemblée nationale, des dizaines de délégations syndicales, CGT et FO, se sont rassemblées en quelques jours, pour demander aux députés de voter contre ce budget. En premier lieu les syndicats de la santé et de la Sécurité sociale, les plus à même de juger de la nocivité du projet du gouvernement : la fédération CGT de la santé et l’union CGT des hôpitaux de Paris, ainsi que des délégations FO et CGT venues des hôpitaux de Dieppe, de Gironde, de Brest, de l’Institut Pasteur, de la santé privée. Pour les organismes sociaux, étaient présentes, la fédération CGT et la chambre syndicale FO d’Île-de-France, qui ont aussi pris la parole. On lira ci-contre quelques-unes de leurs interventions.

D’autres syndicats FO et CGT, petite enfance, Mobilier national, des finances publiques et de l’Éducation nationale… étaient aussi présents. Une délégation de députés LFI s’est jointe à leur rassemble ment. Et y a pris la parole.

Diamétralement opposée à la collaboration au Parlement pour sauver Macron, la colère sourde des militants réunis à l’Assemblée nationale, est à l’image de ce qui couve dans le pays : l’aspiration à en finir avec cette politique. Gageons qu’elle ne s’arrêtera pas là.

Intervention lors du rassemblement de syndicalistes devant l’Assemblée nationale, mardi 16 décembre, le jour du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026.

Barbara Filhol, secrétaire de la Fédération de la santé et de l’action sociale CGT

On a appelé à un rassemblement aujourd’hui, un peu de manière inopinée, parce que le vote du budget à l’Assemblée nationale, la semaine dernière, nous a mis très fortement en colère. Parce qu’on se rend compte que quand la gauche est désunie, cela ne sert pas les travailleurs et travailleuses de notre pays.
Donc l’abstention, on l’a un petit peu mal vécue, d’autant plus que le PLFSS n’est pas à la hauteur de nos besoins.Aujourd’hui on a un minimum d’augmentation qui est proposé à 3,3 %, mais on a un budget militaire qui augmente de 110 % donc c’est très compliqué.
« Les ARS aujourd’hui elles demandent aux hospitaliers de faire des stocks stratégiques pour partir en guerre à partir de mars 2026 donc ce qui n’est pas audible pour la CGT ! »
On donne 3,3 % d’augmentation, alors que même la Fédération hospitalière, le syndicat des employeurs, demande 4,5 % ! C’est dire à quel point y compris le syndicat des employeurs a très bien conscience qu’on ne pourra pas maintenir le financement de nos hôpitaux tout au long de l’année !
(…) Vous connaissez tous ce budget ! Donc aujourd’hui, on en appelle bien évidemment aux députés à l’Assemblée nationale pour qu’ils ne votent pas ce budget, pour qu’ils ne votent pas non plus le budget de la loi de finances dans son ensemble ! Parce que la loi de finances finance toute l’activité médico-sociale. Quand on enlève 5 milliards à une collectivité locale, on ne finance pas les services publics, mais on ne finance pas non plus la protection de l’enfance, on ne finance pas les Ehpad… On est dans une situation où ils font des économies partout sur notre dos, et cela, on n’en veut pas ! Donc c’est pour cela qu’on est là aujourd’hui !
Nora Nidam, au nom de la chambre syndicale FO des organismes sociaux d’Île-de-France

Unité, unité, santé, Sécurité sociale parce que nos destins sont intimement liés. Unité, Force ouvrière et CGT, nous sommes dans l’unité pour combattre ce PLFSS et pour que les députés votent contre, parce qu’on augmente les budgets de guerre, comme notre camarade de la Santé l’a dit avant nous. Mais contre la Sécurité sociale, là ils y vont !
Comment accepter aujourd’hui qu’on exclut des bénéficiaires de l’ALD (affection longue durée) ? Comment vont-ils se soigner alors qu’on sait toutes et tous ici que ce sont les plus précaires qui bénéficient du 100 % ? Comment accepter qu’on exclue des étudiants, au seul motif qu’ils sont nés à l’étranger, du bénéfice des APL (allocation logement) ? Ce n’est pas la Sécurité sociale de 45 et ce n’est pas ce qu’on souhaite aujourd’hui !
« Et c’est pour cela que les abstentionnistes et ceux qui ont voté pour, doivent changer leur vote ! Ce vote est contre la classe ouvrière et contre les assurés, les allocataires et les pensionnés que nous représentons. »
Certains essaient de nous vendre ce budget de malheur au motif qu’il y aurait une « suspension » de la réforme des retraites. Laissez-moi rire, c’est une escroquerie absolue ! Donc nous n’acceptons pas, nous avons invité les députés, les indécis à venir voir celles et ceux qui sont sur le terrain, les assurés, les patients, les allocataires, les bénéficiaires des pensions de retraite pour qu’ils comprennent un peu ce qu’est la réalité de la vie !
Avant 1995, à la Sécu, on n’avait pas de problème parce qu’il n’y avait pas de PLFSS et la Sécu vivait bien. Donc aujourd’hui, mesdames et messieurs les députés, sans PLFSS, on peut continuer à fonctionner, mais avec ce PLFSS de malheur, croyez bien que l’avenir sera sombre pour les travailleurs et travailleuses, nous le refusons et c’est pour cela que nous, chambre syndicale Force ouvrière des organismes de Sécurité sociale d’Île-de-France, dans l’unité avec nos camarades de la CGT, nous disons : votez contre le PLFSS de malheur !
Hadrien Clouet, député LFI, chef de file pour son groupe de la question de la protection sociale, accompagné d’une dizaine d’élus LFI et de la présidente du groupe

Je suis l’un des députés de la France insoumise, un groupe de 71 députés. Les 71 voteront évidemment contre la loi de financement de la Sécurité Sociale, tout à l’heure. Je peux vous dire que chez nous, il ne manquera pas une voix pour s’opposer à un projet de financement de la santé publique, des retraites des hôpitaux, qui est un projet de mort.
« Couper 4 milliards d’euros à la santé publique, aux Ehpad, aux hôpitaux, cela signifie des personnes qui vont en mourir. Et ce, des deux côtés des couloirs des urgences ». »
à Tulle, Nîmes, Montpellier, Rennes, partout, les hôpitaux rentrent en lutte, même pas pour obtenir des moyens, mais pour défendre des lits, voire défendre, je pense au cas de l’hôpital de Tulle, défendre la possibilité d’avoir une poubelle pour les aiguilles. Voilà le niveau de lutte ! On en est réduit à cette situation, à cause de la macronie, qui a décidé de faire la peau aux services publics et de faire la peau à toute la santé publique, de bout en bout. Le texte, depuis le début, vous l’avez vu, consiste à faire payer les malades, les soignantes, les soignants, les personnes en situation de handicap. Et puis, au fur et à mesure, sont arrivées d’autres horreurs.
Vous avez vu la dernière ? Ils vont même baisser les allocations familiales. Ils vont les baisser. Pourquoi ils les baissent ? Pour financer le congé de naissance. Le congé de naissance qu’ils ont refusé de créer en 2026. Donc vous allez payer en 2026 un truc qui n’arrive pas en 2026. Tout le texte est à l’avenant. Ces gens cherchent des prétextes pour plumer tout le monde. Un point, c’est tout. Et plus vous êtes pauvres, plus vous payerez.
« Et nous trouvons inacceptable que des députés, élus sur un programme de gauche du Nouveau Front populaire, puissent hésiter sur leur vote ».
Ceux d’entre eux qui, ce week-end, ont été sur les marchés, ont parlé avec leur famille, peuvent-ils prétendre qu’ils ont rencontré quelqu’un qui leur a dit : « Tu as raison, je suis diabétique, j’ai envie de payer 300 balles ». Je crois que cela n’existe pas. Pas un centime ne sera lâché à la bourgeoisie et aux macronistes. Bravo ! Bravo la fédération santé ! Tous ensemble, tous ensemble !

Source: https://infos-ouvrieres.fr/

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