
Dominique Raut travaille en boulangerie depuis 41 ans, dans le pays d’Auray (Morbihan). Une profession menacée face à la hausse attendue des factures énergétiques. Ce mercredi 4 janvier 2023, le député Jimmy Pahun est venu à sa rencontre.
Elle ne souhaite pas être prise en photo. Tant son message dépasse sa personne. Avec son époux, Joël, Dominique Raut travaille en boulangerie depuis 41 ans. D’abord dans leur commerce, place aux Roues, à Auray (Morbihan), entre 1982 et 2014. Exclusivement à Crac’h depuis cette date, où le couple emploie quatre personnes. Son expérience du métier lui offre toute légitimité.
« Lundi, c’est notre jour de congé. Je prenais mon café. Et j’ai réalisé que dès le lendemain, je travaillerai pour payer les factures liées à l’énergie. Personne ne se lève pour payer des factures ! » Les mots sont pesés. Implacables. Alors, elle a pris sa plume et a écrit au député de la circonscription, Jimmy Pahun. « La profession est menacée. »
Cliente historique chez EDF, le budget énergétique va exploser. Une augmentation de 400 % des tarifs au kilowattheure ne serait-ce que sur les heures pleines d’hiver. Dans une entreprise qui se lève tôt, à 4 h, grande consommatrice avec les fours et les chambres froides, cela augure des lendemains douloureux : « Les besoins sont les mêmes partout et ne dépendent pas du chiffre d’affaires dégagé. »
« Pas dans une telle démesure ! »
Janvier, avec les galettes des Rois, est énergivore. « Nous savions que cela arrivait, mais pas dans une telle démesure ! » La hausse des matières premières, conséquence de l’inflation et du contexte de guerre ukrainienne, est une chose. « Au long de notre parcours, nous avons déjà connu des flambées. On peut compenser. Cela n’a rien à voir. » Depuis mardi, la maison Raut a dû augmenter ses prix de vente sur les produits. « Les clients ont conscience de la situation, nous avons leur soutien indéfectible. »
Mais ce ne sont pas les clients, eux-mêmes étranglés face aux coûts de la vie, qui paieront le boom de l’électricité. « Tout le monde pensait que les boulangers étaient sous le bouclier tarifaire, comme les particuliers. Ce n’est pas le cas, nos besoins ne sont pas les mêmes. » Elle s’interroge : « Une boulangerie qui ferme, c’est du lien social quotidien apprécié qui disparaît. Partout en France, dans les petits villages, ceux qui restent sont les boulangers qui diversifient les services rendus. Nous sommes souvent les seuls interlocuteurs pour les personnes seules. »
Quel coût pour les finances publiques ?
Devant l’impossibilité de bâtir un prévisionnel, devant l’équation complexe pour obtenir des aides gouvernementales (de l’ordre de 40 % de la facture d’électricité), que reste-t-il ? « Certainement pas un report de charges qui ne changera rien. Nous souhaitons simplement vivre de notre travail. Certains tiendront un mois, deux mois, six mois. Et après ? »
Choses entendues par le député Jimmy Pahun, venu à la boulangerie, ce mercredi après-midi : « À travers les mots de Dominique et Joël Raut, ce sont tous les boulangers du pays d’Auray que j’ai entendus. »
Interloqué par les hausses pratiquées par EDF, le parlementaire se montre perplexe : « Comment est-ce possible ? » Il rejoint la démarche de la députée d’Ille-et-Vilaine, Claudia Rouaux, demandant au gouvernement d’accorder aux artisans le bouclier tarifaire, comme les particuliers. « Je ne sais pas globalement combien cela coûtera pour les finances publiques. Il continue : Dès jeudi, je remonte les inquiétudes exprimées à mon groupe politique du Modem. » Les questions au gouvernement ont lieu le mardi.
Loïc TISSOT