Donald Trump a annoncé, jeudi 25 décembre, le bombardement de membres de l’État islamique, stationnés dans le nord-ouest du Nigeria. Après avoir d’abord menacé le gouvernement nigérian, le président des États-Unis s’est vanté des « nombreuses frappes parfaites » permettant, selon lui, de protéger la communauté chrétienne, occultant le reste de la population et son appétit pour les stocks d’énergies fossiles locaux. D’autres bombardements sont à l’étude, a prévenu le ministère des Affaires étrangères nigérian.
Par Tom DEMARS GRANJA
Celui qui s’est lui-même érigé en « président de la paix » a encore frappé. Donald Trump a annoncé, jeudi 25 décembre, que les États-Unis ont mené de « nombreuses » frappes meurtrières contre l’État islamique dans le nord-ouest du Nigeria. « JOYEUX NOËL à tous, y compris aux terroristes morts, qui seront encore plus nombreux si leur massacre des chrétiens se poursuit », a-t-il publié, en guise d’annonce, sur son réseau Truth Social.
Une vidéo d’une dizaine de secondes ensuite postée par le département états-unien de la Guerre semble montrer le lancement, de nuit, d’un missile depuis le pont d’un navire de guerre. « J’avais précédemment prévenu ces terroristes que s’ils n’arrêtaient pas le massacre de chrétiens, ils allaient le payer cher, et ce soir, ils ont payé, a poursuivi Donald Trump. Le ministère de la Guerre a réalisé de nombreuses frappes parfaites. »
« Nous avons discuté pendant dix-neuf minutes avant l’attaque »
Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) a de son côté annoncé que plusieurs personnes – présentées comme des terroristes de l’État islamique – avaient été tuées lors de bombardements dans l’État de Sokoto, situé au nord-ouest du pays, à la frontière du Niger. Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, s’est enfin dit « reconnaissant pour le soutien et la coopération du gouvernement nigérian », sur X. Le gouvernement dirigé par Bola Ahmed Tinubu a fourni aux États-Unis des renseignements en amont de ces bombardements.
« C’est le Nigeria qui a fourni les renseignements » à Washington, a confirmé le ministre des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, sur ChannelsTV. Ce dernier en a profité pour expliquer avoir « parlé deux fois » avec le secrétaire d’État proche de Trump, Marco Rubio.
« Nous avons discuté pendant dix-neuf minutes avant l’attaque, puis nous avons parlé à nouveau pendant cinq minutes avant qu’elle ne commence », a-t-il annoncé. Yusuf Tuggar a enfin laissé entendre que de nouveaux bombardements pourraient avoir lieu : « C’est un processus en cours, et nous travaillons avec les États-Unis. Nous collaborons également avec d’autres pays. » Selon le journal nigérian Vanguard News, ces premiers bombardements ont visé une « « convergence massive » de terroristes armés et de bandits se déplaçant depuis les corridors sahéliens du Mali et du Burkina Faso, dans l’intention de lancer des attaques coordonnées contre des communautés des États de Sokoto, Zamfara, Niger et Katsina ».
« Les autorités nigérianes restent engagées dans une coopération de sécurité structurée avec des partenaires internationaux, dont les États-Unis d’Amérique, afin de lutter contre la menace persistante du terrorisme et de l’extrémisme violent », déclarait au même moment le gouvernement Tinubu, dans un communiqué.
« Les États-Unis cesseront immédiatement toute aide au Nigeria »
Le pouvoir nigérian et des analystes indépendants refusent de parler de persécution religieuse ; un argument pourtant rabâché par l’extrême droite chrétienne aux États-Unis, en Europe et par des séparatistes nigérians à l’influence non-négligeable à Washington.
Ces assauts marquent ainsi la première intervention militaire dans le pays le plus peuplé d’Afrique de l’administration Trump – qui affirme, sans preuves, que les chrétiens y vivent sous une « menace existentielle » de l’ordre d’un « génocide ».
Donald Trump menaçait d’attaquer le Nigeria depuis plusieurs semaines. Le locataire de la Maison Blanche écrivait notamment, en novembre, sur Truth Social : « Si le gouvernement nigérian continue de permettre le meurtre de chrétiens, les États-Unis cesseront immédiatement toute aide au Nigeria et pourraient très bien intervenir dans ce pays désormais déshonoré, armes au poing, pour anéantir complètement les terroristes islamistes qui commettent ces horribles atrocités. »
Le gouvernement Tinubu avait alors contesté ces accusations. Alors que le Nigeria est confronté à plusieurs crises, des attaques de Boko Haram et de l’État islamique, en passant par les raids de gangs criminels ou les conflits entre agriculteurs peuls et chrétiens, l’ensemble de la population – musulmans comme chrétiens – est concerné. L’obsession de l’administration Trump à désigner la communauté chrétienne comme seule victime s’inscrit ainsi dans leur projet impérialiste, à la manière des mêmes accusations proférées à l’encontre du gouvernement sud-africain.
Le même président états-unien avait, lors de son premier mandat, en 2018, qualifié de « pays de merde » le Nigeria. Loin de se préoccuper de la situation politique sur place, l’ex-magnat de l’immobilier convoite surtout les réserves de pétrole et de minéraux nigérianes.
Les États-Unis ont ainsi réinscrit, sous l’impulsion de l’administration Trump, le Nigeria sur la liste des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté de culte et ont diminué l’octroi de visas à ses citoyens. Drôle de manière d’aider le peuple nigérian.
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