
Chauffeur-ripeur, boucher, chauffeur de bus, peintre en ravalement… Ces Vannetais exercent des métiers difficiles, souvent physiques, et restent sceptiques sur la réforme des retraites, quand ils ne sont pas carrément dégoûtés.
Daniel Burguin, chauffeur-ripeur : « On est grillé à 55 ans »
« On a les épaules, les poignets et les chevilles en vrac à cause des vibrations mais on nous a enlevé la pénibilité ! Je vais deux fois par an chez l’ostéopathe ». « Je suis très déçu. Je devais partir à 62 ans et demi et ce sera 64 ans. Un an et demi de plus, c’est beaucoup ».
« La retraite à 67 ans comme au Danemark, on y viendra. Je suis dégoûté »…
Daniel Burguin, né en 1967, est salarié de l’agglo au service collecte des déchets. Il embauche à 5 h du matin et termine à 14 h sur quatre jours. « La charge de travail est importante. On est fatigué. Je ne sais pas si on ira manifester. On va en discuter en fin de semaine ».
Frédéric, boucher : « Je ne me vois pas travailler à l’abattoir jusqu’à 64 ans »
Frédéric, né en 1977, travaille comme boucher à l’abattoir de Vannes. Un poste physique : « Il faut porter et pousser les carcasses. Le dos, les bras et les poignets en prennent un coup. On attrape des tendinites. Je ne me vois pas travailler jusqu’à 64 ans. Pourquoi aurais-je ma retraite plus tard que les autres alors que j’aurai travaillé autant ? Le départ à la retraite, c’est toujours reporté. D’ici là, ça aura encore changé. La retraite à 67 ans comme au Danemark, on y viendra. Je suis dégoûté ».
Richard Praud, artisan : « Cela va changer tous mes plans »
Né en 1964, Richard Praud, patron d’une entreprise de ravalement, devait partir à la retraite à 62 ans et demi avec 169 trimestres. Avec la réforme, il devra travailler six mois de plus pour partir à 63 ans et totaliser 171 trimestres. Ce sera pour 2027. « Je devais mettre l’entreprise en vente dans deux ans à 61 ans et finir comme salarié pendant un an pour opérer la transition. La réforme va changer mes plans ».
Richard Praud voit donc s’éloigner un peu plus la perspective de la retraite, sachant qu’il exerce un métier plutôt physique : « Quand je fais une journée d’échafaudage, il me faut une journée pour récupérer ». L’artisan vannetais se dit contrarié : « Il n’y avait pas d’urgence à faire cette réforme. Mais nous avons un président relativement autoritaire. Mais je ne descendrai pas dans la rue. Je ne m’identifie ni aux Insoumis, ni aux syndicats ».
Xavier, chauffeur de bus : « Beaucoup de collègues partent à la retraite malades »
Après 25 ans dans l’industrie, Xavier conduit un bus Kiceo depuis 2015. « Physiquement, ce n’est pas très compliqué mais il faut beaucoup d’attention. Beaucoup de collègues partent à la retraite malades. Je ne suis pas encore usé comparé à certains, mais si je peux partir avant 64 ans, c’est mieux. Je me suis mis 65 ans en tête pour ne pas être déçu », dit le chauffeur né en 1963. Xavier a des trous dans sa carrière et ne sait pas trop s’il est gagnant ou pas.
Franck Surzur, marin-pêcheur : « J’arrêterai à 56 ou 57 ans »
Les, marins-pêcheurs ne sont pas concernés par la réforme. Nous avons un régime spécial. J’ai commencé à embarquer à 14 ans avec mon père pendant les vacances comme moussé et j’ai vraiment commencé à travailler à 16 ans. J’aurai mon taux plein en septembre 2023. Mais je pense prendre ma retraite à 56 ou 57 ans ».