
Le mouvement est parti de l’est de la France, il gagne l’ouest. Épuisé, au bout du rouleau, le personnel de santé alerte sur le manque d’effectifs, de lits, les salaires…
Le mouvement est parti de l’est. Le personnel des urgences de Thionville (Moselle) a déposé des arrêts maladie en masse. Leurs collègues de Sarreguemines, Forbach et Saint-Avold ont suivi. Pointoise, en région parisienne, s’y est mis. Et voilà maintenant que l’hôpital privé (du groupe Vivalto santé), Confluent, à Rezé en Loire-Atlantique, est touché à son tour. L’arrêt maladie deviendrait-il l’ultime moyen, en désespoir de cause pour se faire entendre ? La grève n’ayant guère d’écho puisqu’une grande partie des personnels grévistes sont assignés au travail.
Les personnels du Confluent épuisés, au bout du rouleau, alertent sur le manque d’effectifs et de lits ainsi que la disparité des salaires avec le secteur public, depuis des mois. Et dans plusieurs services. Les épidémies hivernales (bronchiolite, grippe, Covid) ont servi de révélateurs, mais le problème est structurel. À Confluent comme ailleurs.
Effet domino
Pour l’heure, en Loire-Atlantique, les arrêts des uns rejaillissent sur l’activité des autres. Les urgences du Confluent ne recevant plus les patients en brancards, ils sont envoyés aux urgences du CHU, déjà en surchauffe : la nuit de mercredi à jeudi y a été « dantesque, inhumaine » , selon un urgentiste de l’hôpital public. L’effet domino peut être redoutable.
Quelle solution ? « Les urgences sont en tension, engorgées, d’abord par manque de lits d’hospitalisation et en soins de suite » , analyse Éric Batard, chef de service de ce même CHU de Nantes.
Face à cette situation de crise, « pas de demi-mesure. L es pouvoirs publics, via les Agences régionales de santé, doivent imposer un taux de déprogrammation des opérations non urgentes ». Et libérer ainsi des lits. « Dans tous les établissements. Sans exception. Publics et privés. » Il s’agit de donner de l’oxygène au plus vite au système de santé. Comme on le fait pour un malade entre la vie et la mort. Avant même, à moyen et long terme, les indispensables embauches, salaires plus attractifs et lits supplémentaires.
Philippe GAMBERT