12 000 personnes selon la police, 15 000 selon certains syndicats. La première manifestation contre la réforme des retraites a installé le rapport de force à Saint-Nazaire ce jeudi 19 janvier 2023.
Mobilisation exceptionnelle contre la réforme des retraites ce jeudi 19 janvier 2023 à Saint-Nazaire. Selon les syndicats, entre 13 0000 et 15 000 manifestants (12 000 selon la police) se sont retrouvés à 10 h sur une place de l’Amérique-Latine avant un défilé que n’avait pas connu la ville depuis longtemps. « C’est du jamais vu depuis les grandes grèves de 2009 contre Sarkozy », se réjouit Dominique, tuyauteur chez un sous-traitant de la navale.
Tous les métiers sont représentés dans cette immense foule colorée. Stéphanie, 40 ans en recherche d’emploi dans le tertiaire « ne veut pas de ce recul social » . David non plus. À 59 ans, cet opérateur dans l’agroalimentaire a connu de nombreux « arrêts de travail pour maladie professionnelle. » Il veut avoir le temps de « profiter de ma retraite. » Il y a aussi Elena, Christian, Yannick…
Au micro, face à une foule immense Damien Girard (CGT) dénonce cette « réforme Borne-Macron qui va sacrifier la santé mentale et physique des travailleuses et des travailleurs alors que le financement du système de retraite n’est pas menacé. » Pour Francis Depresles (CFDT), « Reculer l’âge légal, c’est non ! » et il déroule le nom de salariés impactés par une « réforme injuste : Djamila, François, Jocelyne… »
« Un cortège de 3 km »
Force ouvrière enfonce le clou et salue « la puissance » de cette première grève : « C’est maintenant qu’il faut créer le rapport de force et gagner. » Marianne Debest (Solidaire) estime que « cette lutte se gagnera comme en 2019 » et compte sur « la grève reconductible et les manifestations » pour « bloquer la loi ».
S’ajoutent la longue liste des autres syndicats mobilisés, comme la CFE-CGC « totalement opposée au décalage de l’âge de départ de la retraite. On nous dit que l’espérance de vie augmente : c’est faux. » Ou la CFTC qui compte sur cette journée pour créer « un nouveau point de départ pour le traitement fondé et éclairé d’une réforme juste et adaptée. »
Ces prises de paroles rapides, dont l’ordre a été tiré au sort, permettent au défilé de se lancer moins de trente minutes plus tard vers 10 h 45. Un cortège exceptionnel qui s’élance rue Henri-Gautier sous une pluie naissante.
Sur le boulevard de la Libération puis l’avenue de la République et l’avenue De-Gaulle, le long chapelet sonore et multicolore s’étend sur près de 3 km. Quand les derniers manifestants quittent la place de l’Amérique-Latine, vers 11 h 45, les premiers sont déjà arrivés devant la mairie.
Trempés et frigorifiés, les derniers manifestants reviennent au point de départ une heure plus tard. Les buvettes sont toujours là, et font recette.
Côté syndicats, il est temps de préparer la suite : réunion des confédérations nationales le soir même à Paris. À Saint-Nazaire, l’intersyndicale se retrouvera lundi 23 janvier à 16 h 30 à la Maison des syndicats.
Thierry HAMEAU