ENTRETIEN. Microplastiques dans les océans: « la contamination est totale », alerte cette chercheuse. ( OF.fr – 01/02/23 )

Ika Paul-Pont sera à l’Espace des sciences de Morlaix (Finistère) pour animer une conférence intitulée « Un océan de plastiques, quels impacts pour le vivant ? »
Ika Paul-Pont sera à l’Espace des sciences de Morlaix (Finistère) pour animer une conférence intitulée « Un océan de plastiques, quels impacts pour le vivant ? » 

​Ika Paul-Pont est chercheuse en écotoxicologie marine au laboratoire des sciences de l’environnement marin du CNRS. Elle est basée à Plouzané, près de Brest (Finistère). Le 8 février 2023, elle animera à Morlaix une conférence intitulée « Un océan de plastiques, quels impacts pour le vivant ? ». Entretien.


Dans les maisons, les supermarchés, les jouets des enfants, les vêtements et même… l’océan. Désormais, le plastique est partout, et cela impact notre environnement.

Ika Paul-Pont est chercheuse en écotoxicologie marine au laboratoire des sciences de l’environnement marin du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et basée à Plouzané (Finistère). Elle animera le 8 février 2023 une conférence, à l’Espace des sciences de Morlaix, intitulée Un océan de plastiques, quels impacts pour le vivant ? (1) . On fait le point sur la situation avec elle.

Que peut-on dire de la présence du plastique dans les océans ?

On considère qu’il y a entre quatre millions et douze millions de tonnes de plastique qui sont déversés dans l’océan par an. Ce sont des chiffres qui sont débattus par la communauté scientifique. À l’échelle globale des océans, on compte 24 000 millions de débris flottants, sachant qu’il y en a aussi au fond des océans et au milieu, mais pour lesquels, on a moins de données. Parmi les débris plastiques en mer, on estime que plus de 90 % d’entre eux font moins de 5 mm. On parle alors de microplastiques.

Justement, quel est l’impact des microplastiques dans la mer ?

En mer, la contamination des écosystèmes marins par les microplastiques est totale. Le problème, c’est que comme les microplastiques sont petits et partout, ça touche toute la chaîne alimentaire dans l’eau, du plancton à la baleine. Cette présence peut par exemple perturber la prise alimentaire des animaux, ce qui fait que la nourriture n’est pas bien assimilée. Il y a aussi une toxicité chimique, liée à la formulation chimique du plastique. Les additifs toxiques, même faibles, peuvent avoir des effets.

Enfin, il y a un troisième volet, c’est le transport d’espèces par les débris de plastiques, qui sont très vite colonisés, et qui ont une durée de vie de plusieurs dizaines d’années. Mais ces espèces pourraient transporter des maladies. Un exemple : en 2016, des scientifiques américains ont vu arriver, sur la côte ouest, environ 300 espèces d’invertébrés. Elles ont été transportées par les débris du tsunami de 2011, au Japon.

Que peut-on faire, pour limiter cette pollution ?

On peut faire quelque chose à tous les niveaux. Le problème ce n’est pas tant le plastique, mais plutôt l’usage qu’on en fait : les suremballages, l’usage unique. L’idée serait de refuser l’utilisation du plastique lorsqu’il n’est pas nécessaire, réduire, lorsqu’on peut, et réutiliser. C’est important d’améliorer la recyclabilité du plastique. Les industriels ont une grande part à jouer dans la composition des matériaux.

Que peut-on dire des microbilles plastiques qui ont été retrouvées sur les plages du Finistère ces dernières semaines ?

Ce sont de gros microplastiques. Comme dit avant, ils ont pu être colonisés par des espèces. Cependant, comme il s’agit de la matière brute pour faire des objets en plastique, ils contiennent des additifs, mais moins que des produits déjà transformés. Le risque est tout de même évident.

(1) Rendez-vous à 20 h 30, à la chambre de commerce et d’industrie de Morlaix. L’entrée est libre, dans la limite des places disponibles.

Auteur : Sarah HUMBERT.

Source : ENTRETIEN. Microplastiques dans les océans: « la contamination est totale », alerte cette chercheuse (ouest-france.fr)

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