Loire-Atlantique-Filière bio en difficulté : « On savait bien que ça ne pouvait pas durer… » (OF.fr- 9/02/23)

Éleveur et producteur à Carquefou, Josselin Guédas « croit » et « croira toujours » dans les produits bio.

Témoignages. La filière connaissait une progression à deux chiffres depuis des années. Le coup d’arrêt est rude, sauf pour les producteurs qui ont fait le choix des circuits courts.

Il en faudrait plus pour casser le moral du Groupement des agriculteurs bio (Gab 44). La Loire-Atlantique est l’un des premiers départements français en surfaces bio et conversion, avec plus de 1 200 fermes engagées (quart des exploitations) et près de 90 000 hectares cultivés.

« C’est un moment difficile à passer»

Céline Girault, directrice du Gab 44, n’en nie pas pour autant les difficultés actuelles :C’est un moment difficile à passer. On était depuis plusieurs années sur une croissance à deux chiffres et on savait bien que cela ne pourrait pas continuer ainsi. C’est une crise de croissance doublée d’une crise conjoncturelle, avec l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat. Mais le bio s’inscrit dans l’évolution de l’agriculture : on ne reviendra pas en arrière​, assure la jeune femme.

En revanche,des filières sont plus touchées que d’autres, la porcine par exemple. Il y avait sans doute trop de magasins aussi. Il y a de la casse. Cela va réguler le marché, mais pour ceux qui déposent le bilan, ce n’est pas drôle… ».

Il en est pourtant qui font mieux que résister : les producteurs qui travaillent en circuit court.Ils sont souvent en bio et maintiennent leurs ventes et leurs chiffres. En fait, nous sommes sur des pratiques de plus en plus vertueuses. Mais passer en circuit court ne se fait pas d’un claquement de doigts.

«L’inflation a bon dos»

Josselin Guédas, qui produit œufs, viande bovine et céréales à Carquefou, regrette que dans l’esprit de beaucoup, bio et local s’opposent alors qu’on est souvent bio et local​. Lui travaille en direct pour une petite trentaine de magasins, des épiceries bio et du vrac​, qu’il livre chaque semaine.Un tiers a fermé depuis quatre ans​, soupire l’éleveur pour qui l’inflation a bon dos. Sur les œufs par exemple, j’ai juste répercuté l’inflation mais je reste bien en dessous des prix des supermarchés ». Le bio et les circuits courts, ce jeune producteur y croit​et y croira, quand bien même tout s’effondrerait ».

« Les prix en grandes surfaces, ça m’affole »

Jacques Chauviré, lui, est tombé dans la marmite bio à 58 ans. L’ex-cadre a repris une exploitation en pleine conversion, à Vallet. Sur un hectare de belle terre limono-sablonneuse sont cultivés trente-cinq légumes, dans des productions étalées selon les saisons. Des légumes distribués en vente directe à l’exploitation, auprès de restaurateurs à Vallet et Clisson et dans des boutiques de proximité. Même si ses prix ont augmenté de 3 % ces derniers mois, pour compenser la hausse des semences,il n’y a pas de baisse sur les volumes​, confirme Jacques Chauviré, qui transmet actuellement son Grand jardin bio. Lui aussi défend le bio et, surtout, les circuits courts.Quand je vois les prix des fruits et légumes bio dans les grandes surfaces, ça m’affole. Je comprends que les gens s’en détournent…

Pierre-Marie HERIAUD (Presse Océan)

source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/temoignage-filiere-bio-en-difficulte-on-savait-bien-que-ca-ne-pouvait-pas-durer-53765cf2-a3a4-11ed-a69f-2485525f016c

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