Grève des médecins. « Plus de la moitié présentent des symptômes d’épuisement » ( OF.fr – 14/02/23 )

Après le 5 janvier, les médecins généralistes manifestent à nouveau ce mardi 14 février 2023.
Après le 5 janvier, les médecins généralistes manifestent à nouveau ce mardi 14 février 2023.

​Ce mardi 14 février 2023, les médecins généralistes sont en grève. Quelle est la raison de leur colère ? Interview avec deux d’entre eux dans le pays de Saint-Malo, où presque 90 % des généralistes sont en grève et 67 ont fermé leur cabinet.

Au bord de la rupture avec l’Assurance maladie et le gouvernement, les médecins libéraux étaient appelés à cesser le travail ce mardi 14 février 2023, pour réclamer des hausses de tarifs et s’opposer à une proposition de loi examinée au Sénat. Entretien avec Alice Ado Chatal, médecin généraliste à Saint-Malo et Yann Collet, installé à Saint-Méloir.


Ce mouvement d’ampleur est-il inédit dans le pays de Saint-Malo ?

C’est le troisième mouvement de grève en trois mois. Mais, pour la première fois, le Conseil national de l’ordre national donne son avis et nous apporte son soutien.

Pourquoi une grève aujourd’hui ?

Certains collègues sont partis manifester à Paris. La proposition de loi pour une « amélioration de l’accès aux soins » (dite loi Rist) passe devant le Sénat ce mardi.


Pourquoi une telle levée de boucliers ?

Nous nous inquiétons pour l’avenir de la santé de nos patients. La loi Rist va dégrader l’égalité d’accès et la qualité des soins. Les patients pourraient s’adresser directement à un kinésithérapeute, à une sage-femme ou à un infirmier en pratique avancée (1). Il faut savoir que nous déléguons déjà une partie de nos tâches mais nous ne voulons pas transférer le diagnostic. Ce dernier point représente la principale difficulté de notre métier. Il est dangereux de le transférer à quelqu’un qui serait insuffisamment formé pour le faire.

La quasi-totalité des généralistes du pays de Saint-Malo sont en grève aujourd’hui. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Il est également question de rallonger le cursus des internes en médecine…

L’ajout d’une année de stage pour les internes est très perturbant. Car nous manquons de généralistes.


Quelles sont les répercussions de la difficulté d’accès aux spécialistes ?

Dans le pays de Saint-Malo, il faut environ neuf mois pour espérer décrocher un rendez-vous avec un gynécologue ou un cardiologue. Actuellement, les problématiques d’urgence sont traitées par les généralistes. Nous pouvons être amenés à annoncer un cancer à un patient ou à voir un enfant de 12 jours qui sort de la maternité. Les tâches sont diverses et difficiles à transférer.


Quels sont les autres points de crispation ?

Certains objectifs ne nous paraissent pas atteignables. Comme le temps de consultation limité à dix minutes et l’augmentation des tâches administratives. Par ailleurs, la prise en charge des patients chroniques pourrait passer de 800 à 1 200. C’est au-delà de ce que nous pouvons faire. Nous travaillons, en moyenne, 55 heures par semaine. Plus de la moitié des médecins présentent des symptômes d’épuisement.


Quels messages voulez-vous faire passer ?

Nous sommes inquiets d’une future privatisation de la médecine. Nous nous battons pour l’égalité des soins et le maintien de leur qualité. Or, les transformations qui s’annoncent avec la loi Rist et la nouvelle convention qui en découlera sont, hélas, méconnues du grand public.

(1) Le grade d’infirmier en pratique avancée (IPA) est décerné à l’issue d’une formation universitaire de deux ans.

Auteur : Isabelle LÊ.

Source : Grève des médecins. « Plus de la moitié présentent des symptômes d’épuisement » (ouest-france.fr)

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