La Rouxière (44).Hausse des factures, passoire thermique… «On va devoir choisir entre se chauffer ou garder un toit» (OF.fr-1/03/23)

Marie-Christine Sureau ne parvient plus à payer ses factures d’électricité : « J’ai appelé EDF et ils m’ont dit que la maison était mal isolée. »

Flambée des prix de l’électricité ou problèmes d’isolation des logements participent de la précarité énergétique. Chaque facture plombe un peu plus les budgets déjà contraints de ces locataires de La Rouxière (Loire-Atlantique). Voici leurs témoignages.

« On paye l’électricité à un prix exorbitant. » Comme beaucoup de Français cet hiver, pour ne pas grever leurs budgets déjà contraints, des locataires de la rue des Fresnes, à La Rouxière (Loire-Atlantique), ont allumé leur chauffage « plus tard ». Depuis six ans, Marie-Christine Sureau, 64 ans, loue un pavillon dans cette commune déléguée de Loireauxence de 1 200 habitants.

Cet hiver, à la place du 19 °C gouvernemental recommandé, 17°C dans sa chambre et sa salle de bain, et 18,5° dans son séjour et sa cuisine. Et ça ne date pas d’hier. En 2016, elle a emménagé dans un pavillon inoccupé depuis un an. « Le logement était froid et humide. En recevant ma première facture d’électricité de 1 500 €, j’ai pleuré. Ensuite, j’ai chauffé au poêle à pétrole, mais ça a aggravé ma pneumonie. »

« La viande, ce n’est plus pour moi »

Avec un dernier relevé à 224 €, la locataire précise : « Auparavant, j’avais été remboursée de la même somme. Je n’avais que 30 € de consommation. Ils ont dû se baser sur la facture de l’an dernier. J’ai appelé EDF et ils m’ont dit que la maison était mal isolée. » Or, en 2022, le bailleur social, LogiOuest, a procédé au remplacement des convecteurs datant de la construction du lotissement en 1999. « On ne pouvait pas régler les anciens, des grille-pains. »

La somme versée tous les mois et demi creuse un peu plus ladite précarité énergétique. « Il n’y a jamais eu vraiment de travaux d’isolation. Lorsque le bailleur a changé la porte d’entrée, on ne voyait même plus de laine de roche entre le parpaing et les plaques de plâtre. C e n’est pas suffisant, se désole-t-elle. Sur la prochaine facture, je vais être sur une estimation de 450 €. »

Un coup de massue pour ses maigres 900 € de revenus. « La viande, ce n’est plus pour moi. Je me suis inscrite au Secours populaire ! On va devoir choisir entre se chauffer ou garder un toit ! »

Un problème d’isolation ?

Dans un pavillon voisin, Steven, 30 ans, calculette en main, a vu une régulation grimper à 580 €. « Au début, j’étais à 192 € par mois avec le fournisseur Engie. Là, avec EDF, on est passé à 174 €. 2 500 € à l’année, ce n’était plus possible. »

Avec ses trois enfants, il s’en tient aux 19 °C dans son logement de 80 m², pour une facture mensuelle de 192 €. À titre de comparaison, dans sa location précédente d’Oudon, elle s’élevait à 86 € pour 71 m² de surface en chauffant à 20°. « Ça fait cher le m² supplémentaire, ironise-t-il. Au moins 1 000 € de plus à l’année. »

Un technicien d’Engie a confirmé ses doutes en avançant un problème d’isolation qu’il a aussitôt relayé à son bailleur.Rien d’anormal selon la société LogiOuest, qui estime à 351,60 € la consommation mensuelle pour un logement de cette taille aux tarifs actuels de l’électricité.

« On n’arrive plus à payer notre loyer »

Une facture annuelle qui pèse sur le budget du couple, qui gagne l’équivalent de deux Smic : « Le chauffage représente plus de 60 % de notre facture électrique ! Ce mois-ci, j’en suis à 253 € TTC en réel à vingt-quatre jours. À la fin du mois, elle est estimée à 328 €. »

L’autoentrepreneur électricien, qui arrondit les fins de mois avec les 600 € que lui rapportent ses vingt heures de conducteur de car scolaire, explique : « Le changement de radiateurs, c’est une chose, mais, si l’isolation n’est pas faîte, ça ne sert à rien. On n’arrive plus à payer notre loyer. J’ai toujours été à jour dans mon ancien logement. Là, on est à 593 € net sans l’eau et l’électricité. »

Le 1er décembre, au tribunal judiciaire de Nantes, son bailleur social a demandé l’expulsion de la famille pour non-paiement des loyers depuis un an. « Pourtant, on était prêt à un règlement à l’amiable ou à déménager dans un autre logement en attendant les travaux. On attend la réponse. Honnêtement, on a la boule au ventre. On risque de se retrouver à la rue avec nos trois enfants ! »

La réaction de LogiOuest : « Le bâti correspond aux normes de construction de l’époque »

Le bailleur social LogiOuest, propriétaire des huit logements de La Rouxière, rue des Fresnes, indique qu’il a procédé à plusieurs campagnes de travaux avec, notamment, l’isolation des combles en 2018, ainsi qu’en 2022, au remplacement des convecteurs et des portes palières datant de la construction du lotissement (1999).

Guillaume Corfdir, directeur général de LogiOuest.

« La maîtrise de l’énergie est une préoccupation principale. On essaie d’augmenter le niveau d’isolation. Le bâti de La Rouxière correspond aux normes de construction de l’époque, avec des réglementations thermiques où l’on était à mi-chemin entre les logements peu performants, livrés jusqu’au milieu des années 1970, et les logements très performants, livrés depuis une dizaine d’années.

S’agissant des factures d’électricité des locataires des logements de La Rouxière, le mode de chauffage électrique induit bien évidemment une consommation électrique plus importante que dans un logement chauffé au gaz ou raccordé à un réseau de chaleur, puisqu’il y a à la fois l’électricité utilisée pour le chauffage et celle utilisée pour tous les autres usages domestiques.

Nous regrettons bien évidemment le contexte d’augmentation générale et brutale des prix des énergies, qui pénalise ses clients comme ses collaborateurs, mais ne pouvons en être tenu pour responsable. »

Bertrand THOUAULT

source: https://www.ouest-france.fr/economie/energie/electricite/la-rouxiere-on-va-devoir-choisir-entre-se-chauffer-ou-garder-un-toit-2cd26038-b51e-11ed-8446-f668cd6fd4dc

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