Le Centre hospitalier privé de Saint-Grégoire, au nord de Rennes, a réorganisé différents services dans ses étages, début 2023. Des changements qui poussent à bout les soignants, toujours en sous-effectifs. En grève cette semaine juste quelques heures, beaucoup sont prêts à recommencer pour infléchir la direction.
Les soignants qui manifestent, ce n’est pas la première fois. Et la grève est un mot dans toutes les bouches en ce moment, alors l’action qui s’est déroulée lundi 6 mars au Centre hospitalier privé de Saint-Grégoire (CHP) près de Rennes a pu paraître comme tristement banal pour celles et ceux qui sont venus à la clinique ce jour-là.
« Sauf qu’on est à bout et qu’on va devoir refaire la grève pour montrer qu’on ne peut pas continuer comme ça », déplorent les syndicats du CHP. Lundi 6 mars 2023, c’était la première fois que les 52 établissements du groupe Vivalto santé en France étaient appelés à manifester.
Un déménagement craint
Ces soignants alertent leur direction locale depuis des mois sur leur sous-effectif. Une situation, récurrente dans le monde de la santé, mais auxquels s’ajoutent d’autres problèmes à Saint-Grégoire. La clinique a souhaité réorganiser ses services en les déployant différemment dans les étages.
En novembre 2022, environ 400 soignants ont arrêté de travailler pour descendre dans le hall manifester leur colère. Cela représentait 40 % des effectifs en grève, tous métiers confondus. Ils appréhendaient ces déménagements. Pour eux, cela allait déboucher sur une moins bonne prise en charge des patients. La direction avait promis quelques semaines de plus avant de tout bouger.
« Mais ce qu’on craignait est arrivé, souffle Fabienne Le Buhan, déléguée CGT. Des aménagements de dernière minute, le matériel qui manque alors que les personnes descendent du bloc, des collègues en pleurs tous les jours, des intérimaires qui ne reviennent pas, des arrêts de travail et 28 démissions », liste l’élue.
Activité en hausse
Avec, en plus, un gros pic de travail en janvier. Dans les blocs opératoires, le CHP a pu recruter. Une bonne nouvelle pour les malades mais un effet boomerang dans les étages. Côté soin comme côté administratif, c’est la brasse coulée. Ils estiment une hausse de 23 % de leur activité par rapport à janvier 2022.
Les soignants ont donc ressorti leurs banderoles ce lundi 7 mars. « L’activité a été bridée de 5 % afin de répondre à cette sollicitation et améliorer nos organisations », déclare la direction qui les a reçus dans l’après-midi. Ce coup de frein a été donné fin février et doit se maintenir jusqu’à mi-avril.
Une solution qui soulage un peu mais reste provisoire. Si Vivalto Santé pointe les recrutements effectués après les mouvements sociaux, le groupe déplore le manque de candidats. « Les augmentations de salaires sont toujours refusées, les conditions de travail épuisantes, les annonces ne sont même pas mises en avant, comment voulez-vous trouver ? », s’indignent les syndicats.
Pas d’augmentation
« Le CHP est un super outil, avec des blocs dernier cri, des équipes compétentes partout. On devrait crouler sous les demandes ! » Pour les salaires, la direction botte en touche et pointe l’État. « La revendication est compréhensible néanmoins elle ne peut pas être traitée à l’échelle de l’établissement. »
Une réponse pas facile à entendre pour les grévistes. « Une clinique privée n’a pas à vivre sous perfusion d’aides publiques », considèrent les délégués du personnel. L’idée d’associer les équipes à des groupes de travail ne devrait non plus pas enchanter les troupes. « Là on est dans l’urgence, les collègues en ont marre de participer à des réunions ou rien ne se construit ensemble. »
Lundi, ils étaient une centaine à manifester, soit environ 12 % des salariés. Ce n’était pas une action surprise à la différence de la précédente. « La direction a fait réquisitionner 121 personnes », précisent les syndicats. Un autre mouvement de grève est à prévoir d’ici la fin mars.
Auteur : Karin CHERLONEIX.