
À la cité scolaire de Kerichen de Brest, un appel à la grève a été lancé par des syndicats d’enseignants le jour des épreuves de spécialité du bac, les 20 et 21 mars. Objectif : mettre la pression dans la lutte contre le projet de réforme des retraites.
Les épreuves écrites de spécialités du bac sont-elles menacées à la cité scolaire de Kerichen, à Brest ? Réunis en assemblée générale, ce lundi 13 mars 2023, les syndicats de personnels et d’enseignants ont lancé un appel à la grève pour les journées des lundi 20 et mardi 21 mars, comme c’est le cas dans plusieurs établissements en France. Objectif : faire pression sur le gouvernement, à l’heure de la mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Pendant deux jours, lundi et mardi prochains, les élèves de terminale des trois lycées que compose la cité scolaire (Vauban, Lesven et La Pérouse-Kerichen) sont appelés à composer sur leurs deux épreuves de spécialités (mathématiques, physique-chimie, SVT, etc.).
L’examen du bac, « un moyen de pression »
Depuis la réforme du bac, c’est la première fois que les épreuves anticipées du bac doivent se dérouler, comme le calendrier le prévoyait à l’origine, au mois de mars. L’an dernier, elles avaient été décalées à mai, en raison de la pandémie.
Ce mardi, à une semaine de l’échéance, l’intersyndicale (CGT Éduc’action 29, Snep-FSU et Sud Éducation) laisse planer le doute sur la tenue de l’examen. « On voit que les mobilisations dans la rue ne font pas bouger les lignes. Dans l’éducation, nous avons un moyen de pression qui est l’examen du bac. On veut appuyer dessus », prévient Sébastien Guivarc’h, représentant CGT Éduc’action dans le Finistère. « Chaque corps de métier fait pression comme il peut. Le nôtre, c’est ce mode d’action, cet outil et on va s’en saisir », ajoute Lenaïk Michel, enseignante d’EPS et encartée au Snep-FSU.
« L’épreuve arrive trop tôt »
« Cet appel à la grève est d’autant plus légitime que toutes les organisations syndicales s’étaient opposées à la réforme du bac », estime Damien Davy, représentant Sud Éducation. « La maintenir coûte que coûte est incompréhensible, malgré l’opposition massive des professeurs qui constatent les difficultés à tenir le programme ». Un appel à la grève qui provoque irrémédiablement un stress chez les élèves et leurs parents. « Le stress est déjà présent à cause de l’organisation des épreuves écrites de spécialité à cette période de l’année », estime Erwann Le Roux, enseignant de philosophie à la cité de Kerichen. « L’évaluation des spécialités arrive beaucoup trop tôt dans le calendrier. Une fois que cette épreuve est passée, le troisième trimestre de terminale perd tout son sens », complète Sébastien Guivarc’h.
Les épreuves seront maintenues dans tous les cas. Il y a un plan B et même un plan C.
« On nous laisse dans le flou »
Devant le lycée de Kerichen, Louis, âgé de 17 ans, confie son incompréhension : « On a été informés hier (lundi, NDLR) qu’il y avait une possibilité de grève le jour des épreuves. Depuis le début de l’année, on sait ça doit avoir lieu les 20-21 mars. Et là, à une semaine de l’examen, on vient nous dire que ça pourrait être reporté… Il n’y a rien de sûr, on nous laisse vraiment dans le flou. Personnellement, je préférerais passer l’examen maintenant, comme ça, c’est fait ».
À ses côtés, Galaad, également élève de terminale, verrait un report en mai d’un bon œil. « Les profs auraient le temps de finir le programme. Avec toutes les grèves qu’il y a eues depuis le début de l’année, on a pris du retard. Je suis déçu que ça se passe comme ça, à quelques jours de l’examen, mais ça donnerait le temps de finir le programme et de passer l’examen dans de meilleures conditions ».
Au sein des équipes de direction d’un lycée de la cité scolaire de Kerichen, on assure que les épreuves « seront maintenues dans tous les cas. Il y a un plan B et même un plan C. Cela fait quinze jours que l’on sait qu’il peut y avoir ce type d’action, on a pris nos dispositions pour parer à toute éventualité ». Ce mercredi 15 mars, à l’issue de la manifestation interprofessionnelle, une réunion des syndicats de l’éducation est prévue à Brest. Objectif : définir les prochaines actions propres au corps enseignant pour les jours à venir.
Auteur : Rémy Quéméner