Les ripeurs de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ont entamé la grève reconductible contre la réforme des retraites dès le mardi 7 mars. Une semaine après, les poubelles commencent à déborder dans l’agglomération. Ce service d’une centaine d’agents, qui collecte les ordures de 150 000 habitants, se mobilise à chaque réforme pour défendre la pénibilité de ce métier qui n’est pas reconnue.
À Saint-Brieuc, comme à Nantes, Le Havre, Paris, ou Antibes, la grève des éboueurs commence à se faire sentir dans les rues. À chaque coin de rue du centre-ville, les sacs-poubelles débordent des bacs. Les agents de Saint-Brieuc Armor Agglomération, en charge de la collecte, ont déclenché une grève reconductible le mardi 7 mars à 5 h.
Près de 500 tonnes non collectées
La semaine dernière, les 13 camions-benne n’ont pu quitter le centre technique situé dans la zone des Châtelets à Ploufragan à cause du piquet de grève qui bloque l’accès. Un accord a été trouvé vendredi pour la sortie de 4 camions, afin que les non-grévistes assurent un service minimum, chez les gros producteurs de déchets et dans les points d’apport volontaire. Mais aucune tournée en porte à porte n’est réalisée depuis une semaine. La collectivité appelle d’ailleurs à ne plus sortir les bacs dans les rues. Cela représente près de 500 tonnes d’ordures ménagères non ramassées en une semaine.
La pénibilité du travail non reconnue
« En 2010, lors de la réforme des retraites de Sarkozy, on a tenu trois semaines, explique un gréviste. On est prêts à faire pareil ! » Très implantée dans ce service d’une centaine d’agents depuis de nombreuses années, la CGT mène la fronde. Elle dénombrait 50 grévistes sur 79 agents au planning en début de semaine. « Tant qu’on est à ce taux-là, c’est qu’on est légitime dans notre action », estime le délégué syndical Jean-Stéphane Le Fèvre.
Sur le piquet de grève, l’idée de partir à la retraite à 64 ans fait bondir ces fonctionnaires territoriaux. La pénibilité de leur travail n’est pas reconnue. « A 55 ans, on est déjà usés. J’en sais quelque chose », dit ce quinquagénaire qui souffre du genou. « Un ripeur pur, qui ne conduit pas les camions, passe son temps à descendre et monter à l’arrière. Parfois, certains tombent ou se prennent un panneau de signalisation en pleine face. »
« Beaucoup de primes ne comptent pas pour la retraite »
Les bacs à faire rouler sont aussi plus lourds. L’an dernier, la collectivité a divisé par deux le nombre de tournées pour inciter les habitants à moins jeter. Mais tout le monde n’a pas pris les bonnes habitudes. « Les bacs sont deux fois plus lourds », constate Yann, un chauffeur-ripeur. Malgré la baisse du nombre de tournées, il reste les poubelles jaunes et les verres en porte à porte. Il y a donc toujours six jours de collecte par semaine dans les 32 communes de l’agglomération.
Odeurs, charges, souffrances physiques, horaires décalés (embauche à 4 h 54)… La pénibilité de leur travail n’est plus à démontrer, estiment ces agents. Et pourtant, « on veut nous faire travailler jusqu’à 64 ans ». « Dans le meilleur cas, la pension de retraite est de 1 200 € pour ces agents de catégorie C, déplore Jean-Stéphane Le Fèvre. Dans le régime indemnitaire, beaucoup de primes ne comptent pas pour le calcul. »
Les ripeurs de Saint-Brieuc sont déterminés à maintenir la grève jusqu’à la fin de la semaine. Pour la suite : « La balle est dans le camp du gouvernement et du Président de la République. »
Auteur : Thibaud GRASLAND.