La députée allemande Sevim Dagdelen prend la parole contre les livraisons d’armes (IO.fr-16/03/23)

Sevim Dagdelen, lors de la conférence contre la guerre, le 4 mars à Berlin

« Le rassemblement pour la paix, samedi dernier (le 25 février, Ndt) à la Porte de Brandebourg, a été un grand succès et il a eu un énorme écho. Avec le Manifeste pour la paix lancé par Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht, qui, depuis, a récolté plus de sept cent mille signatures, et avec le Soulèvement pour la paix, nous avons réussi à donner une voix et une présence médiatique à cette majorité silencieuse dans la population qui est contre la livraison de nouvelles armes toujours plus lourdes, qui est pour davantage de diplomatie, pour un cessez-le-feu et pour une paix négociée.

Je ne peux que remercier ici du fond du cœur, au nom de Sahra également, tous ceux qui ont participé à la préparation et la mise en œuvre de cette initiative et qui l’ont soutenue.

Le gouvernement fédéral est de plus en plus critiqué ouvertement

A l’évidence, il y a de l’inquiétude : le gouvernement fédéral est de plus en plus critiqué et cette critique se fait mieux entendre.

Malheureusement, il y a en même temps un grand vide dans le paysage politique des partis. Die Linke en tant que parti crédible pour la paix manque à l’appel, quand sa direction n’est pas claire sur la question des livraisons d’armes et de la guerre économique ; et quand elle offense des centaines de milliers de personnes, dont une bonne partie de sa propre base, en les étiquetant à droite.

La défection de Die Linke est inexcusable et carrément autodestructrice. C’est ainsi qu’agit la direction d’une secte, non celle d’un parti de gauche responsable.

Ceux qui étaient à la porte de Brandebourg l’ont vu de leurs propres yeux : les adhérents de Die Linke n’ont pas tenu compte des appels démobilisateurs de la direction du parti, ils ont voté avec leurs pieds et ils sont venus en masse.

Mais nous devons être encore plus nombreux et crier encore plus fort, la semaine que nous venons de vivre l’a montré à nouveau avec force.

campagne de haine contre ceux qui se battent contre la guerre

Au Bundestag, on a pu entendre de véritables discours de haine contre le mouvement pour la paix. Des députés du SPD, des Verts, du FDP et de la CDU/CSU, c’est-à-dire de la très grande coalition pour la guerre, ont continué à empoisonner le débat sur la guerre en Ukraine en lançant des invectives et des injures. Le chancelier Scholz, dans son discours de politique générale, a maintenu le cap sur le réarmement massif et la poursuite des livraisons d’armes, donc sur le prolongement de la guerre en Ukraine, et il a affirmé : « On n’instaure pas non plus la paix en criant ici à Berlin “Plus jamais la guerre” et en exigeant en même temps d’arrêter toutes les livraisons d’armes à l’Ukraine. »

La guerre extérieure va de pair avec la guerre sociale intérieure. Nous sommes justement en train d’en faire l’expérience avec les réactions aux revendications salariales des travailleurs, qui, au prétexte des coûts de la guerre et de l’armement, sont rejetées comme étant démesurées et non applicables, alors que justement elles ne représentent qu’une compensation à l’inflation.

Au Danemark, malgré l’opposition massive des syndicats et des Eglises, le gouvernement social-démocrate supprime un jour férié pour augmenter le budget de la défense. La Semaine de l’économie se réjouit du fait que, d’après son sondage, 26% des gens interrogés en Allemagne seraient prêts à sacrifier un jour férié. Mais surtout, ce sont 66% qui ne sont pas prêts à travailler plus et gratuitement pour augmenter le budget de la défense.

Le chancelier Scholz au service de la guerre et des Etats-Unis

Dans sa déclaration de politique générale jeudi, le chancelier Scholz a expliqué : « Nous avons bien surmonté l’hiver, même sans le gaz russe. Et nous investissons dans la sécurité de notre pays – dans notre armée, dans notre infrastructure énergétique, dans l’avenir de notre économie et de notre approvisionnement énergétique. »

Il n’y aurait pas de désindustrialisation en Allemagne et pas non plus d’exode des technologies d’avenir à l’étranger, voilà ce que Scholz avait déjà affirmé, peu avant. La coalition gouvernementale travaille ici sur des (librement cité d’après Donald Trump) « faits alternatifs ». Mais voilà à quoi ressemble la réalité en Allemagne :

  • Audi informe qu’à l’avenir il fera fabriquer ses voitures électriques aux USA.
  • L’entreprise pharmaceutique BionTech, qui réalise des milliards de profits grâce aux prix exorbitants de ses vaccins, annonce la délocalisation de sa recherche en Grande-Bretagne.
  • Le géant de la chimie BASF supprime 2 600 emplois pour réduire ses coûts, dont deux tiers en Allemagne.
  • Linde est sorti du Dax et part aux Etats-Unis.
  • Le journal Merkur  prévient : « L’exode des icônes de l’industrie allemande n’est que la partie émergée de l’iceberg. Des entreprises plus petites et moins connues s’en vont sur la pointe des pieds, quand elles ne ferment pas tout de suite. »
  • Et dans La Semaine de l’économie, le président de l’Union de la chimie, Markus Steilemann, constate : « La désindustrialisation n’est plus un spectre, elle a lieu. »

Voilà l’amère réalité, un an après la guerre économique contre la Russie déclenchée sur l’insistance des Etats-Unis.

Les sanctions touchent notre propre économie ; et, bien sûr, la population, qui a dû subir l’an dernier une perte du salaire réel de 5%. L’Allemagne est menacée d’un naufrage économique inédit.

La guerre comme moyen politique, avec des moyens militaires ou des moyens économiques, est dévastatrice. La guerre économique doit s’arrêter, d’autant qu’au bout du compte, elle prend la forme d’une guerre sociale dans notre pays contre la population, qui ne sait plus comment faire face à la hausse des prix de l’alimentaire et de l’énergie.

En effet, contrairement aux « faits alternatifs » de la coalition gouvernementale, l’inflation continue à rester élevée, de même que les dépenses de gaz et d’électricité malgré le ralentissement légal des prix.

« Ayez confiance en vous et soyez sans peur face aux défis qui nous attendent ! »

Le nombre des partisans de la droite présents (à la manifestation du 25 févier à Berlin, Ndlr) était inversement proportionnel à l’attention que les médias leur ont accordée pour discréditer le rassemblement et Sahra en particulier. Les provocateurs d’extrême droite n’étaient pas les bienvenus et c’est ce que les membres de notre service d’ordre ont mis en œuvre dès le début de manière claire et nette. (…) Alors que la police berlinoise du Sénat « rouge-vert-rouge » (le Land de Berlin est dirigé par une coalition SPD, Verts et Linke, Ndt)  voulait les laisser faire. Tout le reste, ce sont des calomnies démenties par les faits. Ayez confiance en vous et soyez sans peur face aux défis qui nous attendent ! »

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/03/16/la-deputee-allemande-sevim-dagdelen-prend-la-parole-contre-les-livraisons-darmes/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-deputee-allemande-sevim-dagdelen-prend-la-parole-contre-les-livraisons-darmes-io-fr-16-03-23/

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