600 marins pêcheurs en colère manifestent leur « ras-le-bol » à Rennes, des affrontements en ville. ( OF.fr – 22/03/23 )

Les marins pêcheurs ont allumé des feux de détresse sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, à Rennes.
Les marins pêcheurs ont allumé des feux de détresse sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, à Rennes. | MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE

Venus des ports de toute la façade maritime Manche-Atlantique, 600 pêcheurs ont manifesté, mercredi 22 mars 2023, dans le centre-ville de Rennes. Ils ont exprimé leur « ras-le-bol » en raison d’une situation économique qui se dégrade et des multiples réglementations environnementales qu’ils doivent aujourd’hui appliquer. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont fait trois blessés.

Ils ne sont pas 2 000, comme annoncé par les organisateurs, mais tout de même près de 600 sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, à Rennes. Ils sont venus du Guilvinec, d’Erquy, de Dieppe, du Tréport, de Royan ou encore de La Rochelle. Ce matin, les marins pêcheurs de la façade Manche-Atlantique sont rassemblés à Rennes pour exprimer leur colère.

Les caméras de télévision se pressent autour de David Le Quintrec. Ce patron pêcheur de Lorient est à l’origine de cette mobilisation via une boucle Whatsapp. Prix du gazole, quotas de pêche, plan de sortie de flotte, aires marines protégées, parcs éoliens, caméras de surveillance embarquées, zones de pêche fermées au nom de la préservation des cétacés… La liste des doléances est très longue. « On est des parias », estime David Le Quintrec, qui dénonce une Commission européenne « à la remorque des ONG intégristes ».

Tous les ports souffrent

Les aides au gazole prolongées par Emmanuel Macron jusqu’à fin octobre ? « Ce n’est qu’un pansement. Cela nous a permis de tenir la tête en dehors de l’eau. Mais pour combien de temps ? »

Quant aux organisations professionnelles censées défendre les intérêts des marins pêcheurs, comme le comité national des pêches, présidé par le lorientais Olivier Le Nézet, David Le Quintrec n’a pas de mots assez durs pour elles. « Que font-elles à part se pavaner à Paris et dépenser l’argent de nos cotisations professionnelles ? »

À deux pas, on aperçoit Florent de Kersauson et Patrick Le Fur, élus du Rassemblement national au conseil régional de Bretagne. « On n’est pas là pour faire de la récupération, mais pour écouter », assure Florent de Kersauson.

600 marins pêcheurs venus des ports de la façade Manche-Atlantique se sont retrouvés à Rennes pour exprimer leur « ras-le-bol ». | MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE

Les manifestants discutent en petits groupes. Toute la filière de la pêche est représentée. Julien Simon travaille dans le mareyage. Il vient du Guilvinec (Finistère), port durement touché par le récent plan de sortie de flotte dû au Brexit. Une vingtaine de chalutiers sont promis à la casse. Il a fait ses comptes. « Nous travaillons à 80 % avec la criée du Guilvinec. Si 25 % des bateaux partent à la casse, c’est 25 % d’apports en moins et donc 25 % d’effectifs en moins chez nous. »

Tous les ports souffrent. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. « Il y a trente ans, on comptait 25 bateaux hauturiers et 30 côtiers à l’île d’Yeu, se souvient « Gibus », 60 ans, longtemps patron d’un fileyeur basé à Port-Joinville. A ujourd’hui, il n’y a plus que cinq hauturiers et huit côtiers. »

Affrontements aux abords du parlement

10 h 30. Des feux de détresse sont allumés sur l’esplanade Charles-de-Gaulle. Bientôt, les pêcheurs se dirigent en cortège vers la place du Parlement. Un lieu très symbolique pour la profession. C’est là, le 4 février 1994, qu’une manifestation rassemblant 2 000 marins pêcheurs avait viré à l’émeute. Un manifestant avait eu la main arrachée. Et, dans la nuit, une fusée de détresse mal éteinte avait mis le feu au Parlement de Bretagne.

Vers 11 h, de premiers heurts ont lieu sur les quais de la Vilaine. Des activistes radicaux d’ultra-gauche ont rejoint les pêcheurs. Ils sont décidés à en découdre avec les forces de l’ordre.

Les affrontements avec les forces de l’ordre dans le centre-ville de Rennes ont duré deux heures. | MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE

Place de la République, Julien et Quentin observent les affrontements. Ces deux jeunes patrons pêcheurs d’Erquy (Côtes-d’Armor) pêchent la coquille. Entre le prix du gazole, l’installation d’un parc éolien en baie de Saint-Brieuc et la mise en place d’une zone protégée Natura 2000, annoncée pour 2030, ils sont inquiets. « On vient de se lancer à notre compte, il n’y a pas si longtemps de ça. Et on se demande si on ne va pas devoir déjà vendre nos bateaux », explique Julien.

Des militants radicaux d’ultra-gauche ont rejoint le cortège des marins pêcheurs dans le centre-ville. Ils ont tenté d’ériger des barricades. | MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE

De nombreuses fusées de détresse sont tirées en l’air en direction du Parlement. L’une d’entre elles touche un manifestant au mollet. Pris en charge par les pompiers, le blessé, marin pêcheur du Guilvine, est transporté au CHU. D’autres fusées atterrissent sur des balcons d’immeuble. Pendant deux heures, les charges de CRS se succèdent pour refouler les manifestants.

Des marins pêcheurs observent les affrontements avec les forces de l’ordre. | MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE

Vers 13 h, les manifestants se retirent. Les rues du centre-ville de Rennes sont jonchées de poubelles incendiées. On compte trois blessés et neuf interpellations. Mais, à part quelques arrêts de bus dégradés, les dégâts restent limités. Les marins pêcheurs ont tiré un coup de semonce. Ils espèrent bien avoir été entendus.

Auteur : Olivier MÉLENNEC et Samuel NOHRA.

Source : 600 marins pêcheurs en colère manifestent leur « ras-le-bol » à Rennes, des affrontements en ville (ouest-france.fr)

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