
Vannes, dans le Morbihan, a été le théâtre d’affrontements entre policiers et manifestants contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril 2023. Les policiers vannetais ont dû appeler des renforts venus de Lorient pour dégager la voie express.
Il est très rare que les manifestations dégénèrent à Vannes (Morbihan). Ce jeudi 6 avril 2023 pourtant, tout a basculé lorsque les manifestants ont envahi la voie express vers 13 h 30.
« À 3 minutes près »
Tout avait commencé, placidement, par le rassemblement de près de 5 000 manifestants, esplanade Simone-Veil, dès 10 h. Pendant près de deux heures, le cortège a parcouru les rues de la ville avant de converger vers la gare.
À 11 h 59 exactement, les manifestants débarquaient sur les voies SNCF. En un rien de temps, la gare est bloquée et les commerces à l’intérieur baissent le rideau. Philippe attendait patiemment un train pour Angers, passant par Nantes. « À 3 minutes près, c’était bon ! Mais je suis solidaire avec eux. Je devais manifester à Nantes cette après-midi. J’aurai participé au moins à une manif’dans la journée ! »
Les rails fortement abîmés
Deux cortèges se séparent. L’un continue dans Vannes, tandis qu’environ 500 manifestants chantent, jouent de la musique et s’installent sur les voies ferrées.
Un premier groupe choisit d’allumer un petit feu via un pantin, sur les rails. Un second groupe de jeunes commence alors à ajouter des palettes en bois, des anciens madriers qu’ils récupèrent à Gare-nord, une grosse poubelle…
Patrick Gauthier chef d’incident local à la SNCF, tente d’éteindre les braises, mais c’est peine perdue. « Qu’ils manifestent, qu’ils envahissent les voies, c’est normal ça fait partie du jeu. Mais là, ils endommagent les rails et ça va franchement perturber la circulation des trains pendant un moment… »
L’ambiance est tendue, électrique. Une menace d’interventions de la police incite les manifestants à lever le camp.
« Balancez, c’est open bar »
Le cortège part vers Pompidou. Les motards tentent de bloquer son arrivée sur la voie express mais c’est trop tard. 200 personnes sont parvenues à envahir la deux fois deux voies à hauteur de la caserne des pompiers.
Des policiers arrivent très vite de Luscanen et somment immédiatement les manifestants de quitter les lieux. Trois sommations et 5 minutes plus tard, les tirs de bombes lacrymogènes pleuvent sur tout le secteur. Y compris sur des automobilistes pris dans les affrontements, contre leur gré. « On n’a rien fait nous !!! Pourquoi vous nous balancez des lacrymos ? » hurlent des conducteurs furieux.
Les policiers chargent et font reculer de 300 m les manifestants. Chacun campe sur ses positions plus d’une heure. Des mots s’échangent entre les deux camps. Quelques manifestants se rapprochent et insultent les forces de l’ordre, cherchant à les déstabiliser.
Les policiers vannetais attendent leurs collègues lorientais et le renfort de la gendarmerie pour faire évacuer les lieux. Vers 15 h, la charge est lancée : « On y va les gars, balancez, c’est open bar ! » hurle un policier. Les manifestants sont pris en tenaille sur la voie express. Les policiers chargent une deuxième fois et poursuivent les manifestants jusque dans la rue de Metz.
Une interpellation rue de Metz
La voie est étroite. La confrontation serrée. Les manifestants s’arrêtent à l’entrée du collège Notre-Dame-Le-Ménimur. De nouvelles sommations sont criées. Les forces de l’ordre finissent par lancer des gaz lacrymogènes. Quelques projectiles sont également envoyés. Un manifestant est interpellé.
Le face-à-face dure de longues minutes. Les manifestants finissent par descendre la rue de Metz tandis que les policiers reculent vers la voie express.
Les collégiens, eux, sont restés confinés le temps de la confrontation. L’établissement avait au préalable fermé ses portes pour empêcher les manifestants d’y pénétrer.
Arrivés sur le giratoire de la gare, les manifestants ne sont plus qu’une cinquantaine pour bloquer l’axe. Les syndicats encore présents finissent par les emmener vers le port pour clore cette journée mouvementée.
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