
Social. La mobilisation contre la réforme des retraites a marqué le pas, ce jeudi 06 avril 2023, en Loire-Atlantique. Des incidents ont eu lieu en marge des cortèges à Nantes et Saint-Nazaire.
Mobilisation en baisse mais cortèges toujours fournis, ce jeudi 6 avril 2023 en Loire-Atlantique, pour la 11e journée d’action contre la réforme des retraites. Malgré la fatigue accumulée depuis près de trois mois, et les jours de grève qui commencent à peser sur les fiches de salaire de certains, plusieurs milliers de personnes sont à nouveau descendues dans la rue pour exiger le retrait du texte et dénoncer le passage en force
du gouvernement.
« Tant que la mobilisation reste aussi forte, on a aucune raison d’arrêter »
En s’obstinant, Emmanuel Macron est en train de se couper d’une grande partie de la société au moment où on aurait besoin de se rassembler
, déplore Isabelle Mercier, secrétaire régionale de la CFDT, présente dans le cortège nantais.
Fabrice David, le secrétaire de la CGT 44, fait la même analyse : Le gouvernement est sur une autre planète, il n’écoute rien, droit dans ses bottes. C’est hallucinant
.
Comme les syndicats, beaucoup de manifestants placent désormais leurs derniers espoirs dans la décision du Conseil constitutionnel, attendue le 14 avril. J’espère qu’il va retoquer le texte du gouvernement. C’est le seul moyen d’apaiser les esprits
, lâche Jean, la soixantaine bien tassée, qui a participé à presque toutes les manifs
depuis le 19 janvier.
Certains manifestants, qui ont besoin de leurs salaires, commencent à se démobiliser. On est là pour prendre la relève
, sourient Miriam et Soline, 16 ans, élèves en première au lycée Clémenceau. Je dois en être à ma vingtième manif en comptant celles de Nantes et de Clisson, raconte Yoann Rousseau, 34 ans, professeur des écoles à Château-Thébaud. Je vois des nouveaux visages à chaque fois. Par son entêtement, le gouvernement s’enferre dans une impasse qu’il a lui-même créée. La seule porte de sortie possible, c’est le retrait de la réforme ».
Quelles suites, désormais, pour le mouvement ? Tant que la mobilisation reste aussi forte, on a aucune raison d’arrêter
, estime Bernard Valin, de la FSU 44. Tout va dépendre de la décision du Conseil constitutionnel. S’il valide la réforme, il faudra sans doute qu’on change de stratégie
, explique Pascal Priou, dont c’était hier la dernière manif à la tête de l’Unsa 44, avant de passer le relais à Émilie Cerisier.
Risque d’essoufflement
Hier soir, l’intersyndicale départementale s’attendait à ce que le national
appelle à une nouvelle journée de mobilisation jeudi prochain, 13 avril. Et après ? Il va falloir qu’on se pose et qu’on réfléchisse à la façon de tenir sur la durée, en économisant nos forces
, pense Fabrice David.
D’autant qu’avec les vacances de Pâques, qui commencent le 22 avril, le risque d’essoufflement est bien réel. Le gouvernement mise là-dessus
, enrage Maryse, retraitée et militante CGT.
On a dit ça en février et la mobilisation a tenu
, fait remarquer Pascal Priou. Comme d’autres, Bernard Valin mise sur un 1er-Mai unitaire
pour relancer la machine, quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel vendredi prochain.
Mobilisation en léger retrait
Chiffres. Avec plus de 65 000 manifestants comptabilisés en Loire-Atlantique par les syndicats (25 000 selon la préfecture), cette 11e journée d’action contre la réforme des retraites a nettement moins mobilisé que lors du pic du 7 mars (entre 52 000 et 105 000 manifestants). Pour autant, c’est loin d’être ridicule, surtout au bout de trois mois de manifs à répétition
, souligne ce leader syndical. D’autant qu’en dehors de Nantes (entre 15 000 et 50 000) et Saint-Nazaire (entre 6 900 et 10 000), des défilés ont eu lieu dans six autres villes du département, dont Ancenis (1 750 à 3 000) et Châteaubriant (900 à 1 500), mais aussi Clisson, Machecoul, Pontchâteau et Guérande, avec quelques centaines de personnes à chaque fois.
À Nantes, 23 interpellés, des heurts sur le pont
Hier, peu avant midi, les premières échauffourées ont éclaté cours des 50-Otages, après des jets de bouteilles rue du Calvaire. Des feux de poubelles, dont celui d’une benne à ordures à Commerce, ont été allumés. Les tensions ont repris quai de la Fosse. Rue Flandres-Dunkerque, un engin incendiaire a atterri contre une fenêtre d’appartement. Rue de la Verrerie, les forces de l’ordre ont été visées par des projectiles, avant de finalement reprendre du terrain. Vers 14 h 30, elles ont nassé ceux qui s’étaient repliés sur le pont Anne-de-Bretagne, pour les empêcher de rejoindre le centre-ville. Ce qui a donné à des vives tensions sur le pont, où des CRS ont fait usage de leur matraque, forçant la foule à reculer. Le rassemblement a été dispersé aux Nefs sur l’Ile de Nantes avant 15 h 30. Selon les Street Medic, il y a une douzaine de blessés par des tirs de LBD. Selon la préfecture, 23 interpellations ont eu lieu.
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