Réforme des retraites. La CGT, qui déplore plusieurs blessés, à Nantes, interpelle le préfet(OF.fr-18/04/23)

Vers 14 h 30, trois militants de la CGT ont été interpellés, sur le rond-point à proximité de la piscine Gloriette, à Nantes

Le syndicat, qui s’estime sciemment visé par les forces de l’ordre lors des manifestations, à Nantes, va déposer plusieurs plaintes dans les jours à venir.

Ça semble loin déjà. Mais il fut un temps pas si lointain, en janvier et février, où les manifestations contre la retraite à 64 ans se déroulaient sans heurts. Puis, tout a basculé, en mars. Depuis, chaque cortège a amené son lot de blessés et son quota d’interpellations. Jets de projectiles contre les forces de l’ordre. Jets de lacrymo, grenades assourdissantes et matraques contre les opposants à la réforme.

Plaintes

Depuis quelque temps, la CGT de Nantes se plaint d’être spécialement ciblée. Le jeudi 23 mars, déjà, deux groupes de cégétistes ont raconté avoir été chargés respectivement par des policiers de la brigade anticriminalité et par des CRS, dans deux bistrots de la place du Bouffay. Sans raison, à leurs yeux. Quatre d’entre eux sont en train de finaliser un dossier pour déposer plainte.

Quatre autres vont en faire autant, après une scène d’interpellation d’un militant cégétiste, jeudi 13 avril, en toute fin de manifestation, à Nantes. Les plaintes seront déposées au parquet dans les jours à venir. Les militants disent avoir été blessés en cherchant à s’interposer. L’union locale de Nantes, désormais, en a la conviction : « La police agresse la CGT parce qu’elle est la CGT. C’est-à-dire une organisation contre-pouvoir du capitalisme. »

« On était protégés »

Nelly Goyet, secrétaire générale de l’Union locale CGT, à Nantes, présente sur l’une des scènes du 23 mars et sur celle du 13 avril, le dit tout net : « J’ai 55 ans, j’ai l’expérience de la lutte, des manifs. Mais là, j’ai été choquée du comportement des forces de l’ordre. Clairement, on est monté d’un cran dans la violence. D’habitude, nous, les militants syndicaux, on était protégés. »

Jeudi 13 avril, estime la CGT nantaise, « les CRS, la gendarmerie et la Bac ont attaqué délibérément et violemment la CGT et ses militants réunis autour des derniers camions syndicaux, place de la Petite-Hollande ». Le syndicat interpelle « l’autorité préfectorale » pour lui « réclamer des comptes ». Elle veut notamment savoir qui a donné l’ordre de charger. « Il va sans dire que lorsqu’on touche à un militant de la CGT, c’est toute la CGT qui est touchée. »

À Nantes, en coulisses, les militants cégétistes pensent savoir ce qui pourrait leur valoir l’inimitié des forces de l’ordre : « On a mis en place un cordon de sécurité intersyndical, qui se place devant chaque manif pour protéger les plus jeunes. Beaucoup sont de primo manifestants, ils n’ont pas les codes, pourraient se mettre en danger, dit l’un des membres de ce service d’ordre syndical. Mais pour les policiers, en faisant ça, on protège surtout les blacks blocks. »

Réponses de la préfecture et de la police

Sollicitée par Ouest-France, la préfecture rétorque que les « services chargés du maintien de l’ordre ne ciblent aucun individu, aucune organisation. Ils cherchent à assurer, par leur action, le bon déroulement des manifestations ». La Direction départementale de la sécurité publique de Loire-Atlantique, de son côté, réfute ces accusations d’agression délibérée de cégétistes par les effectifs en charge du maintien de l’ordre : « On ne cible évidemment pas les syndicats. Mais le port d’un gilet syndical n’exonère pas d’être poursuivi pour des infractions majeures commises lors des manifestations, tels que des jets de projectiles, des tirs de mortiers, des agressions sur les forces de l’ordre, des dégradations et incendies de biens publics. »

Rappelons qu’après la manifestation du samedi 18 mars, au cours de laquelle des responsables syndicaux avaient été la cible des CRS, l’intersyndicale avait demandé à rencontrer le préfet, et avait obtenu satisfaction. Elle voulait notamment comprendre pourquoi des gaz lacrymogènes avaient été tirés sur des leaders syndicaux « parfaitement identifiables et connus ».

Agnès CLERMONT

Source: https://www.ouest-france.fr/economie/retraites/reforme-des-retraites-la-cgt-qui-deplore-plusieurs-blesses-a-nantes-interpelle-le-prefet-a24eeec6-dd32-11ed-b05e-feb93315b60b

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/reforme-des-retraites-la-cgt-qui-deplore-plusieurs-blesses-a-nantes-interpelle-le-prefetof-fr-18-04-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *