« C’est traumatisant » : à Rennes, deux femmes ont déposé plainte contre la police pour des violences le 1er mai. ( LT.fr – 04/05/23 )

À Rennes, deux femmes de 34 et 35 ans ont déposé plainte après avoir été interpellées lundi 1er mai par les forces de l’ordre, en marge d’un rassemblement non déclaré.
À Rennes, deux femmes de 34 et 35 ans ont déposé plainte après avoir été interpellées lundi 1er mai par les forces de l’ordre, en marge d’un rassemblement non déclaré. (Photos transmises au Télégramme)

Interpellées lundi 1er mai, à Rennes, en marge du rassemblement à Sainte-Anne, deux femmes de 34 et 35 ans ont déposé plainte suite à leur interpellation par des policiers.

Un rassemblement non déclaré, un hélicoptère qui survole le centre-ville… Après une journée du 1er mai extrêmement mobilisatrice dans la rue, les forces de l’ordre ont passé une soirée mouvementée dans la capitale bretonne. Au total, 13 personnes ont été interpellées durant cette fin de journée pour des faits de dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, participation à un attroupement, outrage ou encore rébellion.

Parmi elles, Soizic, chef cuisinière de 35 ans, et Ophélie, enseignante en histoire géographie de 34 ans, indiquent avoir passé l’un « des pires » moments de leur vie. Alors qu’elles rentraient chez elle accompagnées de quatre amis après avoir participé au rassemblement de Sainte-Anne, ces deux militantes féministes racontent avoir été interpellées « de façon arbitraire » et « violente » par des policiers.

Évacuation

« Un peu avant 21 h 30, on a décidé de quitter le rassemblement qui était très festif », relate Ophélie. « On a remonté la rue de Saint-Malo et on a vu des policiers qui commençaient à se déployer tout autour avant d’évacuer Sainte-Anne. Au moment où on est arrivés au croisement de la rue Legraverend, un petit cordon policier bloquait l’accès. J’ai décidé de passer pour rentrer chez moi par le chemin le plus rapide. Aucun policier ne m’a rien dit sur le moment, mais ensuite j’ai entendu des cris derrière moi et j’ai vu mes amis se faire bousculer ».

Ophélie et Soizic ont été interpellées vers 21 h 30 à l’angle de la rue de Saint-Malo et de la rue Legraverend.
Ophélie et Soizic ont été interpellées vers 21 h 30 à l’angle de la rue de Saint-Malo et de la rue Legraverend. (Photo transmise au Télégramme)

« À la suite d’Ophélie, on a voulu également passer le cordon et en un quart de seconde, j’ai été poussée par terre par un policier », poursuit Soizic. « C’était très violent, je me suis ensuite fait saisir le poignet et j’ai été violemment traînée au sol ». Sur une vidéo que nous avons pu visionner et qui commence seulement à cet instant précis – sans montrer ce qui a pu se passer avant -, on voit effectivement Soizic se faire traîner au sol sur plusieurs mètres par un policier, sans opposer de résistance, avant d’être interpellée devant l’épicerie Rue de Saint-Malo.

Souffle coupé

Par la suite, les deux femmes affirment avoir été brutalement emmenées jusqu’au fourgon de police. « On s’est fait traîner toutes les deux au sol sur de nombreux mètres jusqu’au fourgon », rapporte Ophélie. « On m’a tiré avec la lanière de mon sac, ça m’a coupé le souffle quelques secondes. C’était très violent. On ne nous a pas laissées nous relever alors qu’on n’opposait vraiment aucune résistance ».

Témoin de la scène, un de leurs amis confirme cette version. « Les policiers nous ont poussées et mes deux amies sont tombées par terre. Elles ont ensuite été traînées au sol de façon très brusque sur plusieurs mètres avant d’être interpellées. Il n’y avait aucune raison valable pour les arrêter ».

21 h de garde à vue

Ophélie et Soizic indiquent n’avoir eu aucune information sur leur interpellation dans les longues minutes qui ont suivi. « J’étais en larmes, j’ai demandé pourquoi on nous arrêtait mais personne ne nous a donné d’explications. Les deux femmes ont ensuite été placées en garde à vue au commissariat de Rennes. « On y est resté jusqu’à 18 h 30 le lendemain… ça a duré 21 h en tout, c’était horrible et traumatisant », raconte Soizic. « On nous reproche d’avoir donné des coups de pied aux policiers, mais c’est faux. On nous a dit qu’il y avait une caméra-piéton qui avait filmé, mais personne n’a voulu nous montrer les images. C’est délirant ! »

Ophélie et Soizic sont finalement sorties de garde à vue avec une convocation devant le tribunal correctionnel, en avril 2024, pour des faits de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique n’ayant pas entraîné d’ITT. Interrogée sur ces événements, la police confirme que les deux personnes ont bien été interpellées sous cette qualification pénale sans donner plus de détails.

Une plainte déposée

Au lendemain de leur sortie de garde à vue, les deux femmes ont déposé plainte à la gendarmerie de Pacé pour « violences par une personne dépositaire de l’autorité publique ». Contacté par Le Télégramme, le parquet indique qu’une enquête a été confiée à la cellule déontologie de la direction départementale de la sécurité publique.

Ce mercredi 3 mai, elles ont également été faire constater leurs blessures par un médecin généraliste. « J’ai des énormes hématomes sur le genou et je vais également devoir passer une radio du poignet », témoigne Soizic. « De son côté, Ophélie a de multiples plaies sur le dos après avoir été traînée au sol ». Elles ont chacune reçu 10 jours d’arrêt de travail en attendant de faire constater leurs blessures auprès de la médecine légale. Des signalements auprès de l’IGPN et du défenseur des droits seront faits dans les prochains jours. ?

Suite à ces événements, plusieurs partis politiques et organisations de gauche* à Rennes ont dénoncé « les interpellations arbitraires de plusieurs personnes par les forces de l’ordre » lundi 1er mai. Ils critiquent également « la doctrine du maintien de l’ordre établie par la préfecture et le ministre de l‘Intérieur » lors de cette journée, ainsi que « le comportement et propos de certains policiers et gendarmes à l’encontre de militantes non-violentes et pacifistes ».

* EELV Rennes, La France Insoumise Rennes Métropole, Génération.s Pays de Rennes, Jeunes écologistes Rennes, Jeunes insoumis.es Rennes, Jeunes Génération.s Rennes

Auteur : Quentin Ruaux

Source : « C’est traumatisant » : à Rennes, deux femmes ont déposé plainte contre la police pour des violences le 1er mai – Rennes – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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