À Lorient, la plainte d’un manifestant blessé par un tir de LBD classée sans suite (LT.fr-19/05/23)

Jeudi 23 mars, à Lorient, des manifestants s’en étaient pris au commissariat, à la fin de la mobilisation contre la réforme des retraites. (Photo Le Télégramme / Alice Gleizes)

Par Dominique MORVAN

Le 23 mars, lors d’une manifestation à Lorient, Alexandre Tamic avait eu le bras cassé après un tir de LBD. Sa plainte vient d’être classée sans suite. Il n’a pas l’intention d’en rester là.

Alexandre Tamic est amer. Le Lorientais de 26 ans a beau lire et relire le courrier qu’il vient de recevoir, il ne le digère pas. Il s’agit d’une lettre en provenance du tribunal de Lorient et signée du procureur de la République. Ce dernier lui annonce que sa plainte pour « violence par une personne dépositaire de l’autorité publique » est classée. Aucune poursuite pénale ne sera engagée.

Le 23 mars dernier, lors d’une violente manifestation contre la réforme des retraites au cours de laquelle vingt policiers ont été blessés et le commissariat pris pour cible, le jeune homme a eu l’avant-bras gauche fracturé. Alors qu’il poussait des poubelles en direction de la police, il a été atteint par un tir de lanceur de balles de défense (LBD).

Le policier m’a clairement tiré dessus à moins de dix mètres alors qu’il n’y avait aucun danger immédiat. Ce n’était pas proportionné du tout et où est l’absolue nécessité ?

Usage « strictement proportionné » de son arme

Pour le procureur de la République, il n’y a eu aucune faute du fonctionnaire. « Les faits ont été commis par un agent de la force publique ayant fait usage de son arme mais de manière strictement proportionnée dans un cas d’absolue nécessité », écrit-il. Une phrase qui fait bondir Alexandre Tamic. « Le policier m’a clairement tiré dessus à moins de dix mètres alors qu’il n’y avait aucun danger immédiat. Ce n’était pas proportionné du tout et où est l’absolue nécessité ? », interroge-t-il.

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La ligne suivante dans le courrier le laisse aussi circonspect. On y lit : « chute du plaignant entraîné par poids du sac ». « Cela n’a aucun rapport. Je ne comprends pas ». Le Lorientais estime que les investigations ont été insuffisantes. « Je n’avais jamais vu une enquête aussi rapide », fulmine-t-il. Alexandre Tamic a déposé plainte début avril, non sans mal. « Au commissariat de Lorient, on m’a d’abord dit qu’on ne pouvait pas la prendre. Alors j’ai fait un signalement à l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale) par internet. J’ai reçu un coup de fil de l’IGPN me disant que tout ça était normal ». Finalement, il se présente à nouveau au commissariat avec un membre de la Ligue des Droits de l’Homme et les policiers enregistrent sa plainte.

« Je veux que la faute du policier soit reconnue »

Un mois et demi plus tard, alors qu’une dizaine de manifestants ont été condamnés pour des violences commises ce 23 mars, il vient d’apprendre que sa plainte était classée. Dans le courrier, le procureur précise au jeune homme les voies de recours possibles. « Oui, je compte bien user de mes droits », clame-t-il. Alexandre Tamic a l’intention de solliciter à nouveau la Ligue des Droits de l’Homme et de faire un appel à un avocat. ?« Ils m’ont cassé le bras quand même. Pour une insulte à un policier, on peut prendre six mois et eux, rien ? Non, je veux que leur faute soit reconnue et je compte demander des dommages et intérêts ».

Source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient/a-lorient-la-plainte-d-un-manifestant-blesse-par-un-tir-de-lbd-classee-sans-suite-19-05-2023-13341232.php

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