Par Camille PAIN et Malon BALDOS-COADIC
La place Alsace-Lorraine s’apprête à faire peau neuve. Les travaux d’aménagement débutent afin de rendre payant ce parking du centre-ville de Lorient (Morbihan). Des commerçants du secteur sont sceptiques et le disent.
C’est absurde, ça va faire mourir le centre-ville.
Sylvie, coiffeuse, ne décolère pas. Les travaux n’ont pas vraiment débuté ce lundi 19 juin 2023, place Alsace-Lorraine mais dès novembre prochain, un parking en enclos rendra le stationnement payant. Ses 120 places seront accessibles en franchissant une barrière, l’heure sera facturée entre 1 € et 1,80 €.
L’expérimentation portée par la Ville de Lorient – Mon centre-ville demain
– entend rendre le stationnement en surface partiellement payant et contribuer à modifier les règles de circulation dans l’hyper-centre.
En tout, cinq parkings, l’équivalent de 650 places, deviendront payants d’ici fin 2024. La mairie promet, en retour, une meilleure rotation et disponibilité de places
.
« Ne pas réduire le nombre de places »
Parmi les commerçants, la nouvelle ne réjouit pas. Ils n’ont pas demandé notre avis, ils font tout pour nous contraindre
, poursuit Sylvie.
Simon, gérant du magasin voisin Vaparea, est lui aussi méfiant, bien que plus mesuré. Je ne vois pas cela d’un très bon œil. Cela risque de créer une contrainte, de faire fuir les clients véhiculés. Notre clientèle vient, en partie, de l’extérieur de Lorient. Nous avons des habitués, mais aussi des gens de passage. S’ils ne peuvent pas se garer, ce sera compliqué. Après, si ça permet d’avoir de la place disponible pour stationner, pourquoi pas.
François Boucherit, responsable du tabac-presse Le Quai d’Orsay, formule le même vœu. Alors que l’entrée du parking se situera en face de son établissement, c’est la gestion des travaux qui m’inquiète. J’ai vécu ceux de la rue du Général-de-Gaulle : il n’y avait pas de suivi. Ils avaient tout l’hiver pour les faire et ils commencent maintenant, en juin… Que ce soit payant ou pas, il ne faut pas qu’ils réduisent le nombre de places
.
Un avis que partage Valérie Botherel, gérante du magasin de vêtements Liu Jo. Bérénice est du même avis : « Avec les disques bleus, cela permet d’éviter que des voitures restent là tout l’après-midi. Ce qui me dérangerait, ce serait de ne pas recréer les places supprimées. Déjà les clients nous disent : À Lorient, on ne peut plus se garer.
La situation actuelle est suffisante. Là, nous allons encore perdre de la clientèle, c’est catastrophique. Les clients qui habitent à l’extérieur de la ville ne viendront pas en bus. »
« Des navettes, comme à Saint-Malo »
Pharmacien dans le même secteur, Pierre-Yves accueille Claude, un client retraité. Ce dernier s’est garé à cheval sur le trottoir. L’idéal, ce serait de créer des places 5-10 minutes pour les clients.
Claude abonde : On devrait faire comme à Saint-Malo, avec des parkings à l’extérieur de la ville et des navettes à 1 € pour rejoindre le centre
, un projet que porte aussi la municipalité lorientaise.
« Payer pour venir travailler… »
Quelques mètres plus loin, Tim gare sa voiture. Habitant de Locmiquélic, il a l’habitude de venir une fois par semaine à Lorient. Pour lui, le tarif envisagé est trop onéreux : Ça fait beaucoup, mon portefeuille sera impacté.
Mais tous les usagers n’auront pas à bourse délier : pour continuer à stationner gratuitement dans le centre-ville, chaque foyer peut faire, depuis mi-mai, une demande de carte de résident.
Pour autant, chaque jour, 3 000 personnes vivant à l’extérieur de la ville viennent y travailler.
Une vendeuse du magasin de vêtements Liu-Jo déplore : Payer pour venir travailler, c’est inadmissible.
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