
Par Philippe ECALLE
L’opposition divers droite souhaitait que les élus métropolitains adoptent un vœu condamnant sans ambiguïtés les dégradations commises par des manifestants contre les serres des maraîchers, dimanche 11 juin. La majorité a refusé, tout en condamnant ces faits.
« Ils auront beau couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps. » Mais que vient donc faire Pablo Neruda ici ? C’est Mahel Coppey, élue verte, qui l’a convoqué. Pour illustrer la dissolution des Soulèvements de la Terre et cet hiver climatique qui nous fonce droit dessus, elle a cité ce vers célèbre de l’auteur chilien, prix Nobel de littérature en 1971.
Ils sont terribles et beaux à la fois, ces mots, car s’ils laissent entrevoir un espoir toujours possible, ils disent la rude guerre menée aux idées différentes. C’est pour répondre à Laurence Garnier que l’élue verte a repris ce vers.
« La violence doit être condamnée »
La cheffe de file (LR) de l’opposition divers droite aurait aimé l’adoption d’un vœu condamnant, « sans équivoque », les dégradations commises le 11 juin à la maison des maraîchers nantais par des militants de la Tête dans le sable et des Soulèvements de la Terre, soutenus par des élus, écolos en particulier. Derrière le refus opposé par la majorité, elle voit se dessiner « une dérive particulièrement inquiétante » et « une marque de mépris inouïe » pour les maraîchers nantais. « On peut se demander si les élus légitiment la violence, considérant que la fin écologique justifie les moyens violents et agressifs, ou s’ils sont solidaires de leurs amis politiques et associations hors-la-loi. »
Comme elle l’a déjà fait, la sénatrice LR – en campagne pour sa réélection – a également renvoyé dos à dos les auteurs de violences : « D’extrême droite, d’extrême gauche, d’où qu’elle vienne, la violence doit être condamnée, ce dont la majorité métropolitaine est incapable, empêtrée dans son indignation à géométrie variable, qui excuse et encourage ces violences et leurs auteurs. » Difficile de présenter un tel vœu, a expliqué le premier vice-président socialiste de Nantes métropole, Fabrice Roussel, faute d’un « consensus » suffisant. Pas de vœu donc, mais des condamnations claires et nettes.
« Avez-vous demandé la dissolution de la FNSEA ? »
Mis en cause implicitement, les Verts ont répliqué. Par Mahel Coppey d’abord. L’élue en charge des déchets ne tourne pas autour du pot : « Violences et agressions n’ont pas leur place en démocratie et nous les condamnons de manière claire et sans ambiguïtés, sans nuance, qu’il s’agisse du maire de Saint-Brévin-les-Pins, des agressions subies par les maires de cette assemblée ou encore celle du maire de Toulouse, hier soir. »
Delphine Bonamy, impliquée dans les questions agricoles à la Métropole, a pris la parole pour rafraîchir la mémoire de Laurence Garnier et de ses amis, rappelant les méthodes parfois musclées de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles : « Avez-vous demandé la dissolution de la FNSEA , syndicat agricole qui pratique depuis les années 1960 la destruction de biens publics, de préfectures et les agressions d’élus ? »
Johanna Rolland non plus n’a pas mégoté sa condamnation, empruntant même à ses opposants Alain Vey (maire de Basse-Goulaine) et Marie-Cécile Gessant (maire de Sautron), leurs propres mots : « La violence et les dégradations n’auront jamais leur place dans le débat démocratique, quelle que soit la cause défendue. »
Une condamnation sans appel de la présidente socialiste de Nantes métropole, doublée d’une inquiétude, concernant une autre crise, démocratique celle-là, et qui « l’inquiète ». « Quand la seule solution que trouve l’État pour lutter contre les violences de quelques-uns, c’est de dissoudre des mouvements collectifs, c’est le signe d’une société malade. N otre pays prend un mauvais chemin, on doit faire attention aux mots. » Ceux de Pablo Neruda sont d’un coup revenus au grand galop.
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