Par Philippe GAMBERT
Le CHU de Nantes, à la mi-juin, a posté sur les réseaux sociaux un appel à recruter des aides-soignants qui a irrité les personnels expérimentés. Explications.
« Le CHU recrute des aides-soignants pour l’été 2023. Salaire minimum, 2 000 € net. » La petite annonce relayée sur les réseaux sociaux du grand hôpital nantais (plus de 13 000 personnels, médecins et internes compris) a fait tousser au sein du CHU…
« Des étudiants mêmes pas formés auprès des patients, qui, en plus, vont avoir un salaire aussi élevé qu’un soignant qui a plus de vingt ans d’ancienneté, cherchez l’erreur », tacle par exemple en commentaire, Karine, sur le Facebook CHU de Nantes. « C’est décourageant pour les agents en poste. La fidélité ne paye pas… », écrit pour sa part Val.
Steph est un peu plus mesuré mais résume bien le sentiment de nombre de professionnels qu’Ouest-France a interrogé : « Les jeunes ont de la chance avec ce salaire proposé. Il faudrait revoir aussi le salaire des anciens et anciennes avant de les perdre. »
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Ce point de vue est assez proche de celui de la CFDT. « Que le CHU rémunère bien les jeunes, c’est bien, mais les salaires des plus expérimentés doivent être revalorisés. Leurs expériences et leurs compétences doivent être mieux reconnues », soulignent Laurence Vaslin, Dominique Delahaie et Christophe Quillet, délégués syndicaux. Laurence Vaslin explique : « Je suis aide-soignante, avec trente-six ans d’ancienneté. Mon salaire de base est de 2 200 € brut. »
Les contractuels payés comme les titulaires
Quelle est la vérité des chiffres ? D’abord une précision, le salaire de 2 000 € net promis aux jeunes aides-soignants, cela est notifié sur le site du CHU de Nantes, inclut les congés payés (qui représentent 2,5 jours par mois). Toute comparaison directe avec les titulaires doit intégrer ce biais.
Deuxième élément, les contractuels débutants ne sont pas mieux payés que les titulaires débutants mais pas moins non plus. Et cela est relativement nouveau. C’est en effet depuis l’an dernier que les grilles des contractuels du CHU sont au même niveau que celles des titulaires. Avant, les premiers étaient moins bien rémunérés que les seconds.
Par ailleurs, et presque dans le même temps, les salaires de début de carrière d’un aide-soignant et d’un infirmier ont été revalorisés au plan national. Ce qui fait que les anciens peuvent avoir le sentiment d’être un peu oubliés.
Remplaçants d’été
Conclusion, « un remplaçant d’été en qualité d’aide-soignant n’est pas mieux payé qu’un titulaire qui démarre », insiste Luc-Olivier Machon, le directeur des relations humaines. En revanche, si l’on compare son salaire à celui d’un agent de service hospitalier (qui n’a pas la même qualification mais dont le rôle est parfois proche de celui d’un aide-soignant), le constat n’est pas le même, l’ASH étant au bas de la grille.
La publicité du CHU a été lancée début juin alors que le début de l’été, entre le 15 juin et le 15 juillet, est tendu. « À partir de la mi-juillet, les élèves sont sortis des écoles et nous avons un vivier plus important de remplaçants », remarque Luc-Olivier Machon.
Cette polémique est à situer dans le contexte de crise de la santé. Les établissements sont confrontés à des taux d’arrêts maladie très élevés, à de très grosses difficultés pour trouver du personnel. Ils doivent à la fois essayer de garder leurs salariés et d’attirer des jeunes.
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