
Des échantillons de plomb argentifère ont été découverts à Saint-Maudé, à Baud (Morbihan) en 1829. C’est le point de départ de plusieurs demandes de concessions. Plusieurs compagnies minières se sont succédé, avec l’espoir d’en tirer des profits.
Jean-François Nicolas, président d’honneur du Groupe d’histoire du Pays de Baud s’était proposé, à l’occasion d’une flânerie, de raconter les péripéties de la mine de plomb argentifère de Saint-Maudé, située dans la commune de Baud (Morbihan). Devant le puits principal, complètement bouché, ressemblant plus à un tas de cailloux, il a commencé par la présentation des lieux, en remontant jusqu’au XIXe siècle.
Le contexte
Au début des années 1800, l’environnement est totalement différent : de nombreuses petites parcelles de terre sont entourées par des talus et des arbres. Là où se trouve le poteau, il y avait la chapelle. La petite route n’est qu’un chemin creux qui donne accès aux autres villages
. La route départementale qui relie, aujourd’hui, Baud à La Chapelle-Neuve n’existait pas. À l’époque, elle passait par le bas et traversait l’Evel à Kernégan par un vieux pont médiéval dont les vestiges sont toujours visibles
.
La découverte du minerai de plomb
Ce champ appartient alors à François Daguillon, un avoué à Pontivy. Le 4 juin 1829, son fermier, Vincent Lorgeoux, vient recreuser le fossé. Il met au jour plusieurs pierres bleuâtres qui ont des taches brillantes comme de l’argent. Il s’étonne que d’aussi petites pierres pèsent aussi lourd. À la foire, les jours suivant, il montre ses pierres. La nouvelle se répand rapidement
, Guillaume Pognant, le nouveau propriétaire du château de Kermorvan et futur maire de Baud, va faire analyser les pierres, c’est du plomb argentifère.
Des demandes de concessions
On est au début d’une nouvelle période industrielle où une nouvelle classe sociale fortunée, cherche à réaliser des investissements judicieux et rentables. Dès l’annonce de la découverte du plomb, trois demandes de concession, pour l’exploitation de la mine, sont déposées à la préfecture.
Il est nécessaire d’avoir d’importants capitaux pour effectuer les recherches et les fouilles, acheter le matériel nécessaire pour l’exploitation, payer les ouvriers, construire des bâtiments. Cependant, ils doivent aussi obtenir l’accord du propriétaire et le dédommager
. Les trois premières demandes sont rejetées, car trop incomplètes.
Les reconnaissances du filon
Jacques-François Darcel, de Rennes (Ille-et-Vilaine), propose à Guillome Pognant, de s’associer. Les conditions de travail sont difficiles. L’eau qui envahit le puits est évacuée à l’aide de seaux. On descend dans les puits à l’aide d’échelles en bois. En avril 1831, aucune concession n’est encore délivrée. Les rapports entre Pognant et Dardel se dégradent. Il y a alors quatre puits
. » Depuis deux ans, ils ont financé les travaux de recherches sans aucun bénéfice, seulement des dépenses. Poignant rompt avec son associé qui poursuit seul. Le creusement des galeries continue mais il y a maintenant des pompes
. Jacques-François Dardel obtient la concession en 1833.
La mine à l’abandon
Dès janvier, le matériel montre des signes de fatigue. Il manque 600 francs pour terminer les comptes. Les problèmes d’argent deviennent préoccupants. Dardel doit deux mois de salaires aux ouvriers qui de ce fait ne sont plus assidus au travail. Le salaire du contremaître n’est plus payé. Le 10 août 1834, Dardel décède à Rennes à l’âge de 55 ans. »
Quelques jours plus tard la mine ferme. Pourtant, en mai 1834, l’ingénieur en chef écrivait, « les recherches donnaient de grandes espérances
. Les mines abandonnées inquiètent l’administration. Une circulaire précise que s’il n’y a pas de cause légitime à la fermeture et si aucun acquéreur ne se manifeste, la concession sera attribuée à l’État. Un délai d’un an est donné pour réunir les capitaux pour la reprise des travaux, mais deux ans plus tard, en décembre 1839, rien n’a changé »,
explique Jean-François Nicolas.
Second épisode à suivre, ce mardi 15 août.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/recit-en-1833-une-mine-de-plomb-ouvrait-a-baud-les-conditions-de-travail-etaient-difficiles-of-fr-13-08-23/