
Par Léna MAILLET
Le Musée de la Résistance en Bretagne à Saint-Marcel (Morbihan) accueille les visiteurs dans un parcours immersif pour transmettre les mémoires.
Sur les lieux du maquis de Saint-Marcel (Morbihan), le bâtiment en bois brûlé du musée de la Résistance en Bretagne imprègne les visiteurs, dès leur arrivée, dans le souvenir des luttes de la Résistance.
De la vie quotidienne aux batailles de la libération, ce lieu de mémoire, reconnu « Musée de France », couvre tous les aspects de la vie sous l’occupation.
« Son ambition est de conserver le souvenir de cette période à la fois héroïque et douloureuse. Mais aussi de garder vivant l’héritage de la Résistance ».Tristan Leroy, conservateur
Un musée qui se réinvente
En 2019, le musée a connu une importante rénovation du bâtiment.
La nouvelle bâtisse a été pensée pour adhérer à la mission de transmission du musée : croix de Lorraine représentée sur le sol du patio, bardage en bois brûlé pour rappeler la violence des représailles allemandes.
La visite du musée a été complètement réinterprétée pour être plus moderne, attractive et interactive.
Cela a permis une mise en rétrospective du musée, afin de mieux s’adapter au public qui n’a pas connu la période de l’occupation.
Tristan Leroy, conservateur au musée, rappelle que le lieu a aussi à cœur de « renouveler l’intérêt du visiteur » : par des conférences, animations, expositions temporaires, visites guidées thématiques, etc.Vidéos : en ce moment sur Actu
Un parcours pour perpétuer la mémoire
« L’histoire de la Résistance a marqué les mémoires », exprime Tristan Leroy. La raison d’être de ce musée est de conserver ce souvenir.
Depuis le sas introductif du musée, on retrouve, comme le décrit le conservateur, des » portraits d’hommes et de femmes qui sont morts pour la France, pour cet idéal de la Résistance ».

Le parcours du musée est divisé en quatre temps forts, retraçant les cinq années de guerre :
L’illusion du refuge breton ; s’organiser pour agir, des Résistances à la Résistance ; 1944-1955, prendre les armes, libérer la France ; reconstruire et se reconstruire.
La visite transmet au public les conditions dans lesquelles se trouvaient les Bretons durant la guerre : la brutalité de l’invasion, l’adaptation à l’occupation, la violence, la structuration des réseaux de résistance, puis enfin la libération.
L’accent est aussi mis sur « l’après », les « difficultés de reconstruire et de se reconstruire » : le temps du deuil et des commémorations.
Le parcours se conclut par un espace d’interprétation où le visiteur est invité à se questionner sur la Résistance, ses acquis et sa mémoire.
Des éléments uniques et pédagogiques
Le musée présente divers objets d’une grande richesse.
Ce sont des éléments incarnés, avec une histoire derrière chacun d’eux.
Certains sont des outils de la vie quotidienne, comme les tickets de rationnement, d’autres sont davantage émouvants, comme le col de chemise gravé des mots d’un fusillé.
C’est un musée à hauteur d’homme qui est proposé. Un lieu où les objets incarnés donnent à voir et à comprendre ce que fut l’occupation en Bretagne et comment s’est structurée la Résistance.Tristan Leroy, conservateur
Des objets riches en histoire
La « radio-bicyclette » : ce montage permettait l’alimentation électrice du poste de radio en tournant le pédalier. Créé par des habitants de Loire-Atlantique, l’objectif était de capter la BBC même en cas de coupure de courant.
L’uniforme porté à Londres par Gilbert Renault, alias « colonel Rémy » : Affecté au Bureau central de renseignement et d’action à Londres, les services secrets de la France libre, il fonde le plus important réseau de renseignement en France occupée : la Confrérie Notre-Dame.
Affaires appartenant à Alain Philouze : Agé de 8 ans, il est décédé tragiquement après que la voiture de son oncle ait été ciblée par erreur par un avion allié. Son cartable d’écolier, sa caquette, un fragment de métal (extrait à la clinique des Augustines de Malestroit où il a succombé à ses blessures) sont entre autres présentés.
Le musée a aussi pour volonté de donner la parole aux Résistants à travers des témoignages, que le visiteur peut écouter.
Les derniers témoins de la Résistance disparaissant, Tristan Leroy précise que » le musée est un des passeurs de la Résistance « .
La visite est ponctuée de « boîtes thématiques », immergeant les spectateurs dans l’ambiance de l’époque, en découvrant des récits uniques.
Pour éveiller la curiosité du public, de nombreux contenus interactifs et multimédias ont été développés, permettant aux visiteurs d’approfondir leurs connaissances.
Un audiovisuel explique en détails la bataille de Saint-Marcel du 18 juin 1944.
Le musée de la Résistance poursuit aussi une mission d’éveil du public à des enjeux contemporains. Comme notamment une séquence sur la propagande.
Une question qui résonne encore aujourd’hui, notamment avec la manipulation qui peut être présente sur les réseaux sociaux.
Le dispositif proposé s’adresse directement aux jeunes, avec des cas concrets, des exemples et des explications.
« Saint-Marcel est un symbole de la Résistance »
La dimension symbolique du musée de la Résistance est amplifiée par sa localisation.

Comme l’explique le conservateur : « c’est un musée de site construit sur les lieux mêmes du maquis de Saint-Marcel et de la bataille de Saint Marcel. Saint-Marcel est un symbole de la Résistance« .
La visite du général De Gaulle sur les lieux de la bataille le 27 juillet 1944 pour rendre hommage aux combattants a consacré l’emblème du lieu.
« Ce combat perdu par les Résistants restera dans les mémoires une victoire des âmes plus que des armes. « Tristan Leroy, conservateur au musée
Une salle du musée est dédiée aux combats de la libération et en particulier à la bataille de Saint-Marcel.
On y retrouve les costumes de tous les belligérants. Un audiovisuel immerge le spectateur dans les détails de ce combat.
Le maquis de Saint-Marcel
Dès le mois de février 1943, des armes, des munitions, des médicaments… et quatre Jeep sont parachutés par les Alliés sur la « Drop Zone Baleine », proche de Sérent sur le terrain de la Nouette.
Situé au coeur des Landes de Lanvaux, le maquis de Saint-Marcel, zone de bocages boisés, s’est imposé comme un centre mobilisateur destiné à armer, équiper et entraîner la Résistance bretonne.
Avec la convergence des Alliés à Saint-Marcel, le plus grand parachutage allié de la France occupé à eu lieu.
Cet îlot provisoire de liberté baptisé la « Petite France », est soutenu par les habitants de Saint-Marcel qui ravitaillent les centaines de maquisards en vivres.
Pendant deux semaines, le coeur de la résistance Française se bat à Saint-Marcel.
Le combat final a lieu le 18 juin 1944, l’armée allemande donne l’assaut. Les Résistants sont contraints de s’enfuir dans la nuit.
Malgré la défaite, la bataille de Saint-Marcel symbolise le courage des Résistants au nom de la France. Pour la première fois, la Résistance intérieure, extérieure et la population s’unissent contre l’occupant.
Horaires: basse saison de 14h à 18h (fermé le mardi); haute saison de 10h à 18h30.
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