Par Yan GAUCHARD
Meilleures primes exigées, dotations d’équipements jugées insuffisantes, questions autour des recrutements : des policiers municipaux nantais menacent de faire grève à partir du vendredi 8 septembre 2023, date du début de la Coupe du monde de rugby. Et ce, alors que la ville accueille 4 matches de la compétition.
Y aura-t-il beaucoup de policiers municipaux patrouillant dans les rues de Nantes lors de la Coupe du monde du rugby, compétition qui démarre en France vendredi 8 septembre ? Rien n’est moins sûr. Les agents de la PM (Police municipale) entendent profiter de l’événement pour mettre la pression sur la mairie afin d’obtenir une amélioration de leurs conditions de travail.
Un bras de fer est engagé à l’occasion de la Coupe du monde de rugby
Le bras de fer est engagé : un préavis de grève, signé de l’organisation Force ouvrière (section syndicale majoritaire), a atterri à l’hôtel de ville en fin de semaine passée. Au centre des revendications, figurent la revalorisation des primes allouées aux fonctionnaires de la PM et l’exigence de parvenir à un recrutement plus « efficace » pour ce qui concerne les renforts promis. Les deux sujets sont liés, soutient Laurent Desgens, secrétaire de la section FO Police municipale, qui explique : Aujourd’hui, à Nantes, du fait d’une trop faible rémunération, on embauche surtout des stagiaires, c’est-à-dire des personnes en attente d’une formation. Il peut se passer facilement 7 mois avant que ces agents partent en formation. Or, en attendant qu’ils soient agréés et qu’ils aient accompli leur période obligatoire de formation initiale, ces personnels patrouillent en tenue mais n’ont officiellement pas le droit de prendre part à une intervention. Cela met en insécurité les patrouilles, car de trop nombreux équipages sont composés d’un seul titulaire et de deux stagiaires
.
La Ville de Lille, assure Laurent Desgens, a récemment surmonté les difficultés de recrutement qui se posaient à elles, en attirant des policiers municipaux travaillant dans d’autres villes via la bonification des primes octroyées à ses agents.
Le préavis de grève court à partir du 8 septembre, date du début de la compétition en France, mais le premier des quatre matches prévus au stade de la Beaujoire, Irlande-Tonga, n’est programmé « que » le 16 septembre. De quoi donner le temps à la mairie d’ouvrir des négociations, espère-t-on. Suivront à Nantes les matches Argentine-Chili (30 septembre), Pays de Galles-Géorgie (7 octobre) et Japon-Argentine (8 octobre).
Les policiers municipaux de petites communes sont parfois mieux payés que les agents nantais
, soupire Laurent Desgens. Il faut se donner les moyens de ses ambitions.
Question sur les équipements
Le délégué syndical réclame aussi une meilleure dotation d’équipements : il peste ainsi contre l’absence de casque de protection individuel et estime qu’il faudrait disposer de deux boucliers dans chaque véhicule de service.
Le représentant FO porte également la revendication de voir les agents munis d’armes létales : On voit que la violence et les coups de feu gagnent tous les quartiers, et ne touchent pas seulement les points de deal. On ne peut pas rester exposés sans moyen de défense
, renvoie Laurent Desgens.
Contactée durant le week-end, la Ville n’a pu répondre à nos sollicitations.
Les forces en présence sur le terrain
Au 1er novembre 2022, la police municipale de Nantes comptait 126 agents. Parmi cet effectif, 29 fonctionnaires ont été recrutés en 2021 et 11 en 2022, conformément aux engagements du contrat de sécurité intégrée (CSI) signé en mai 2021 avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le CSI prévoyait l’embauche de 70 policiers municipaux dans les trois premières années du mandat moyennant la venue en renfort de 70 policiers nationaux dans la métropole. Au 1er septembre 2023, le pari est pour ainsi dire tenu : 66 des 70 policiers municipaux ont été recrutés, fait valoir Johanna Rolland, maire PS de Nantes. L’édile a promis de recruter 50 policiers supplémentaires d’ici à 2026 après la série de règlements de comptes qui ont secoué l’actualité l’automne dernier. La brigade de la police métropolitaine des transports en commun, créée en janvier 2021, affiche un effectif complet, soit 32 agents.
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