Par Jennifer Pinel
De Lannion à Guingamp, le constat est le même. Les stocks s’amenuisent à mesure que l’inflation grimpe et certaines familles ne pourront pas bénéficier de l’aide alimentaire cet hiver. Désolés, les bénévoles racontent aussi leur appréhension.
À un peu plus d’un mois de l’ouverture de la campagne d’hiver, tous les signaux sont au rouge dans les antennes de Lannion et Guingamp des Restos du cœur. Comme partout, les chiffres de la campagne d’été sont alarmants. + 11 % soit 64 658 repas distribués à Lannion qui nourrit actuellement 363 familles. + 20 % à Guingamp qui reçoit 310 familles pour 59 000 repas servis. Pour la première fois de leur histoire, les Restos du cœur, confrontés à la crise économique, ont annoncé qu’ils refuseront du monde, cet hiver.
« Contraints et forcés de refuser du monde »
« On a un barème d’accès pour l’été et un autre, moins restrictif, pour l’hiver. Mais cet hiver, on va devoir rester sur le barème d’été. Ça veut dire qu’il y a des familles qu’on dépannait que nous allons devoir refuser. Ce n’est pas dans l’ADN des Restos du cœur, ça va être très difficile, on le sait », renseigne Laurence Paysant, directrice de l’antenne des Restos de Lannion.
Même son de cloche à Guingamp : « Il y a des gens qui ne pouvaient pas bénéficier des distributions d’été à qui on a dit de revenir cet hiver, et on va devoir les refuser. On n’est pas du tout à l’aise avec ça mais on est contraints et forcés, c’est le national qui l’impose. Il risque d’y avoir des conflits, on appréhende », confie Jean-Michel Dechatrette, de l’antenne guingampaise. Il précise que les inscripteurs des Restos seront réunis à Plérin prochainement pour se préparer à ce moment délicat.
Les Glochos pour un premier concert-collecte
Tous se mobilisent pour gonfler les stocks livrés par l’antenne nationale, près de 33 % de la marchandise distribuée. À budget égal, ils ont considérablement baissé avec l’inflation. Ce samedi 7 octobre, Guingamp innove. Les Glochos se produiront gracieusement, à la salle des fêtes de Squiffiec. Le public paiera avec un paquet de pâtes ou toute autre denrée nécessaire. « C’est une collecte déguisée, qu’on veut joyeuse. Chacun donnera ce qu’il peut en fonction de ses moyens. On peut recevoir jusqu’à 250 personnes, on espère faire le plein », précise Jean-Michel Dechatrette.
Des petites portions pour diversifier
À Lannion, une collecte s’annonce les 13, 14 et 15 novembre, dans seize magasins du secteur. « On fonctionne avec un système de points : un gros paquet de pâtes vaut forcément plus qu’un petit. Comme les dotations aux bénéficiaires vont aussi être plus faibles, on a besoin de produits en plus petites quantités pour diversifier les repas. Ce dont on manque le plus, ce sont des petites conserves de poissons (sardines, thon, maquereau), des demi-boîtes de conserves de légumes, des petits paquets de pâtes, riz, semoule, des gâteaux secs, du sucre, des petits bidons de lessive, du papier hygiénique et des couches ». Une vingtaine de bénévoles sont aussi recherchés pour assurer les permanences.
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