150 à 200 médecins libéraux devraient être en grève, vendredi 13 et samedi 14 octobre, dans les Côtes-d’Armor, estime le Collectif des médecins libéraux des Côtes-d’Armor. La colère gronde, nous explique son porte-parole, le Dr Yann Le Tacon, de Tréguier.

La grève des médecins libéraux (généralistes et spécialistes) devrait prendre de l’ampleur, vendredi et samedi dans les Côtes-d’Armor. (Photo d’illustration Le Télégramme)
Quelles formes va prendre la mobilisation du collectif, vendredi et samedi ?
Les cabinets grévistes seront fermés vendredi toute la journée et samedi matin. On prévoit avec des médecins généralistes et spécialistes libéraux de se rassembler à 14 h, devant la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), à Saint-Brieuc, qui est un lieu représentatif de la prise en charge des soins. Nous espérons être reçus par la directrice ou son directeur adjoint.
Beaucoup de cabinets médicaux qui avaient hésité à fermer il y a neuf mois se sont lancés dans le mouvement, parce que la colère gronde.
Quelle devrait être l’ampleur du mouvement de grève ?
J’évalue à 65 à 70 % le nombre de cabinets qui seront fermés dans le département, soit 150 à 200 grévistes. Lors de la grève de décembre 2022 et janvier 2023, nous étions à 40 %. Là, beaucoup de cabinets qui avaient hésité il y a neuf mois à fermer, se sont lancés dans le mouvement, parce que la colère gronde.
Pourquoi manifestez-vous devant la CPAM ?
Ce vendredi, il devait y avoir le passage de la loi Valletoux au Sénat ; on sait que l’examen est remis au 26 octobre. Dans son introduction, la loi Valletoux explique que face à 87 % de déserts médicaux sur le territoire français, il faut améliorer l’offre de soins et notamment que chaque patient puisse accéder à un médecin 24 heures sur 24. La loi comprend dix articles principaux qui ne nous concernent pas tous, nous, libéraux. Les principaux articles portent sur une obligation de faire partie de conseils territoriaux de santé, de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), de la permanence des soins non programmés (gardes), une interdiction de faire de l’intérim. Pour nous, c’est liberticide pour la médecine générale ; nous n’avons pas besoin d’être sous la tutelle de l’Agence régionale de santé. Dans notre organisation au sein de nos cabinets, nous avons toujours été autonomes et là, soi-disant pour avoir plus de médecins pour les patients, ils nous obligent à faire des choses qui ne servent strictement à rien : les gardes à l’hôpital de Lannion nous les assurons déjà depuis longtemps ; nous collaborons tous les jours avec des kinésithérapeutes et des infirmiers, ce n’est pas cela qui va améliorer et faire que chaque Français va pouvoir avoir un médecin traitant.
Comment nous pouvons payer nos agrandissements avec 25 € ou 26,50 € par consultation ?
Le collectif porte d’autres revendications, lesquelles ?
La deuxième raison pour laquelle nous faisons grève, c’est la dégradation du système de santé. Nous voulons alerter tous les Français que cela va être eux les premiers touchés. Il n’y a quasiment plus d’urgences qui assurent 24 heures sur 24, comme à Lannion. Il y a de plus en plus de difficultés à trouver certains médicaments. Nous n’avons plus de soignants. Les délais d’examen, pour passer un IRM, c’est trois à quatre mois sur le secteur de Lannion.
Notre idée, c’est que si l’on veut que chaque Français puisse avoir un accès aux soins de qualité, équitable…, il faut que nos cabinets puissent s’agrandir pour accueillir les infirmières en pratique avancée, les infirmières Asalée, des internes et des assistants médicaux. Comment nous allons payer nos agrandissements avec 25 € ou 26, 50 € par consultation ? Comment voulez-vous que nous investissions dans notre outil de travail.
Auteur : Lucile Argaud
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