Ce lundi 16 octobre 2023, des rassemblements en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty se sont tenus dans tout le Finistère. De Quimper à Brest, en passant par Morlaix, Quimperlé, Melgven ou encore Concarneau et Fouesnant, des milliers de personnes ont répondu à l’appel.
À Brest (Finistère), ce lundi 16 octobre 2023, plus de 400 personnes se sont retrouvées place de la Liberté pour rendre un hommage aux victimes des attentats d’Arras et à Samuel Paty, tué il y a trois ans. | GUILLAUME SALIGOT, OUEST-FRANCE
Ce lundi 16 octobre 2023, comme partout en France, des centaines d’élus et d’habitants du Finistère se sont rassemblées pour rendre un hommage à Samuel Paty, décédé il y a trois ans, et aux victimes de l’attentat d’Arras, dont Dominique Bernard, professeur tué vendredi 13 octobre. Tour d’horizon des mobilisations dans le département. Toutes ont été ponctuées par des minutes de silence et des prises de parole.
« Mettre la laïcité au cœur de nos apprentissages »
À Brest, le rassemblement a été l’un des plus importants, avec plus de 400 personnes. Ces dernières ont pu se recueillir, discuter, se retrouver. « La communauté éducative est actuellement choquée, car c’est la deuxième fois que ça se passe et la sensation de peur est en train de naître au sein de notre profession. Et c’est une honte, s’est indigné Olivier Cuzon, enseignant en physique chimie à Brest, engagé à la Ligue des droits de l’homme et secrétaire départemental du syndicat Sud-solidaire Finistère. C’est la preuve qu’on doit mettre la laïcité au cœur de nos apprentissages. »
À Plouzané, une cinquantaine de personnes ont pris part au rassemblement.
« Nous ne céderons rien »
« Nos pensées vont vers l’enseignant Dominique Bernard, vers Samuel Paty et vers toutes les victimes tombées sous les coups du fanatisme et de l’obscurantisme, a lancé de son côté Jean-Jacques André, second adjoint de Plougastel-Daoulas, devant une vingtaine de personnes. Face à ces actes odieux, nous ne céderons rien. »
« Je suis choquée »
Dans la cité du Viaduc, ce sont plus de 250 personnes qui se sont réunies peu après 18 h, place des Otages. Dans l’assistance, de nombreux élus étaient présents, tout comme des membres de l’intersyndicale. Anne-Sophie, elle, est professeure des écoles depuis une dizaine d’années : « Ça fait peur d’entendre des histoires comme ça. Ici, on se dit qu’on est préservé mais on ne sait jamais… Arras aussi, c’est une petite ville. » Clélia, 13 ans, en classe de 4e, fait partie des rares écoliers présents : « Je voulais voir ce qui allait se dire. Je suis choquée. Les personnes âgées disent que ce n’était pas comme ça avant, la violence, et tout le reste… »
À Saint-Pol-de-Léon, environ 200 personnes étaient rassemblées.
Au sud du département, à Quimper, les citoyens se sont retrouvés place de la Résistance. Ils étaient environ 500 participants. Parmi eux, Lily et Carole, mère et fille, avaient fait le déplacement.
« On montre notre soutien »
« Il y a une grande inquiétude pour l’avenir, confie Lily, ancienne éducatrice spécialisée. Je suis très sensibilisée sur ce qu’il se passe au niveau des enseignants. Je me demande ce que ça veut dire. » Sa fille ajoute : « Je suis maman d’une jeune de 15 ans. C’est vrai qu’on se demande où on va ? Venir ici ne va pas tout résoudre, mais au moins, on montre notre soutien, qu’on est ensemble. »
Le Pays fouesnantais a aussi été le théâtre de plusieurs mobilisations, à Fouesnant (environ 300 personnes), Pleuven (une quarantaine de participants) et la Forêt-Fouesnant.
À Quimperlé, ce sont près de 200 personnes qui sont venues se recueillir devant la mairie, vers 18 h. L’intersyndicale a exprimé « son effroi face à cette nouvelle attaque meurtrière ».
« S’attaquer à un enseignant, c’est s’attaquer à la République »
Conseillère municipale déléguée à la citoyenneté et aux quartiers et professeure de sciences physiques, Stéphanie Mingant a pris la parole pour conclure la rencontre : « S’attaquer à un enseignant, c’est s’attaquer à la République. Il nous faut manifester notre attachement aux valeurs essentielles de notre République, à notre corps enseignant et à notre école… L’éducation est la meilleure arme pour une humanité libre et fraternelle. »
Des paroles qui résonnent avec les autres rassemblements, comme à Concarneau où environ 200 personnes étaient présentes. Parmi eux, une cinquantaine de professeurs du collège du Porzou et Les Sables Blancs, du lycée Pierre-Géguin, ainsi que des étudiants de plusieurs écoles primaires.
« Continuer de prôner nos principes »
Environs 150 personnes étaient rassemblées dans la cour du château de Pont-l’Abbé, parmi lesquelles de nombreux enseignants, des élus et de nombreux anonymes.
« Nos lieux d’enseignement sont des espaces de vie et d’apprentissage où doivent être transmises sans crainte les valeurs de la République, a rappelé Stéphane Le Doaré, maire. Rester unis, continuer de prôner nos principes d’égalité, de fraternité, de liberté et de laïcité doivent rester les piliers de notre démocratie. »
Devant la mairie de Moëlan-sur-Mer, une vingtaine de personnes étaient réunies pour écouter Marie-Louise Grisel, maire. Celle-ci a souligné que « l’éducation est la meilleure arme dont dispose une société pour une humanité libre et fraternelle ».
« Mon soutien aux professeurs »
Du côté de Melgven, l’hommage s’est tenu à la stèle à la mémoire des victimes des attentats en présence des maires de Melgven, Catherine Esvant, et de Trégunc, Olivier Bellec. Une centaine de personnes se sont recueillies.
« Il y a exactement trois ans, Samuel Paty était assassiné à la sortie de son collège. Vendredi, Dominique Bernard a lui aussi été victime d’un lâche dans son établissement à Arras. Tous deux étaient des professeurs engagés et appréciés, ils enseignaient pour donner à leurs élèves les moyens de la connaissance et de l’émancipation. Au nom de tous les élus, j’apporte tout mon soutien aux professeurs et à tous les personnels qui œuvre tous les jours auprès de nos enfants », a déclaré Catherine Esvant.
« Chacun d’entre vous a sa place »
Plusieurs centaines d’élèves et d’enseignants du lycée Paul-Sérusier de Carhaix, dont la sécurité a été renforcée, se sont recueillis à 14 h. Outre les hommages, le proviseur Éric Joncour s’est adressé directement à ses élèves : « Vous avez la chance de vivre dans une société fondée sur une République démocratique et laïque, emprunte des valeurs essentielles de solidarité, de liberté, d’égalité, d’égal respect des individus et de fraternité. Chacun d’entre vous a sa place. Vous aurez bientôt la charge de transmettre à votre tour notre patrimoine humain. »
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