
L’agence de renseignement est poursuivie aux États-Unis par les représentants du journaliste australien. Les écoutes illégales d’Américains pourraient rendre caduque l’extradition du cofondateur de WikiLeaks.
Dans leur longue lutte pour obtenir la libération de Julian Assange, ses avocats ont décidé d’attaquer les États-Unis. Le cofondateur de WikiLeaks a porté plainte lundi contre l’agence de renseignement états-unienne, la CIA, et son ancien directeur Mike Pompeo pour violation d’un droit constitutionnel : la protection des conversations privées. La procédure a été déposée auprès du juge John G. Koeltl, du district sud de New York, par les avocates Margaret Ratner Kunstler et Deborah Hrbek, ainsi que par les journalistes Charles Glass et John Goetz. « Le droit à la vie privée de ces journalistes et avocats qui sont des citoyens américains s’avère protégé par la Constitution. Il a été violé par la collecte de renseignements, bien que plusieurs législateurs aient allégué que l’agence tenait secret le référentiel des données de communicatio n des Américains », explique l’avocat Richard Roth, qui représente les plaignants.
Les événements remontent à l’époque où Julian Assange trouve refuge à l’ambassade d’Équateur à Londres de 2012 à 2019. Sous la présidence de Donald Trump, la société de sécurité Undercover Global, basée en Espagne, qui est également visée par la plainte, passe un contrat avec l’ambassade.
Le district de New York n’a pas été choisi par hasard
Pour le compte de la CIA, elle va récolter les données des appareils électroniques (téléphones, ordinateurs) des plaignants lors de leurs échanges avec le citoyen australien. Ce dernier, qui a été arrêté par la police britannique en 2019 et incarcéré depuis dans une prison de haute sécurité à Belmarsh, près de Londres, risque l’extradition vers les États-Unis. Le journaliste de 51 ans encourt jusqu’à cent soixante-quinze ans de prison pour avoir révélé les crimes de guerre commis par les armées américaine et britannique en Irak et en Afghanistan en publiant des documents confidentiels.
Le district de New York n’a pas été choisi par hasard. En 2019, le juge John G. Koeltl avait déjà rejeté le procès intenté par le Parti démocrate contre WikiLeaks pour ses révélations lors de la campagne présidentielle de 2016. Pour l’instant, l’agence de renseignement a refusé de commenter la procédure. Pour Richard Roth, « un procès équitable aux États-Unis n’est plus possible » et la demande « d’extradition doit donc être retirée ». Un avis partagé par de nombreux avocats, qui jugent que ces supposés faits d’espionnage rendent caduque toute impartialité. « Il devrait y avoir des sanctions, jusqu’au rejet de ces charges ou au retrait de la demande d’extradition, en réponse à ces activités si clairement inconstitutionnelles », a réagi Robert Boyle, avocat des plaignants. Espérons.
Vadim KAMENKA