À Clohars-Carnoët (Finistère), Gwendal Danse sélectionne et élève ses abeilles. Il récolte son miel dans le respect d’un strict cahier des charges, celui du nouveau label « Les miels de Bretagne ». Avec ce logo, les apiculteurs professionnels bretons entendent se battre contre les miels frelatés d’importation.
Par Laetitia JACQ-GALDEANO
Gwendal Danse n’a jamais été aussi heureux que « pendant le confinement, un cadeau du ciel. » À cette époque, cet apiculteur breton de 45 ans, propriétaire de 300 ruches installées dans six communes dont Clohars-Carnoët, près de Quimperlé (Finistère), était seul au monde, avec ses abeilles, entre champs et mer.
C’est parce qu’il aime « l’indépendance, la nature, la liberté » que cet ancien technico-commercial, qui a grandi dans l’élevage, a choisi de s’installer au pays, après s’être formé chez plusieurs apiculteurs français. En 2009, il a posé ses quelques ruches dans cette petite commune du sud Finistère et a investi « 150 000 à 180 000 € » pour créer son entreprise, « La danse des abeilles ».
11 tonnes en 2019, « une année extraordinaire »
Depuis, il fait de la sélection et de l’élevage d’abeilles, il produit son propre miel ( entre 3 tonnes et 11 tonnes en 2019, « année extraordinaire »), en vend la moitié directement sur les marchés et l’autre moitié en petites et moyennes surfaces. Il « en vit très bien » au prix de semaines de travail à rallonges, « sept jours sept. Je fais du miel de fleurs de printemps en mai, de ronces en juin, de châtaigniers en août, de fleurs d’été en juillet et de sarrazin en août. Pendant des années, j’ai aussi fait du miel de fleurs de bruyère dans les Monts d’Arrée, avec la transhumance des ruches pour les installer sur un terrain là-bas. »
Gwendal Danse est « passionné » par ses abeilles et par sa profession. « On ne peut pas faire ce métier sans passion quand on est soumis au frelon asiatique, au réchauffement climatique, à la pollution, au Varroa (acarien parasite de l’abeille) et qu’il faut sans cesse élever à nouveau des abeilles. »
« À un moment, la bulle va exploser »
Ces temps derniers, il y a aussi « la concurrence déloyale » à laquelle est soumise cette jeune filière bretonne, qui commence à peine à se structurer. « On voit des apiculteurs qui ont deux à trois ruches vendre des gros volumes de miel sur les marchés. Ils peuvent étiqueter leurs pots « Miel de Bretagne ». Pas vu, pas pris. Et en ce moment, des producteurs français ont encore des stocks parce que les négociants en gros ont acheté des récoltes ukrainiennes à 80 centimes le kilo, quand nous le vendons 7 € sur le marché de gros alors qu’on en voudrait 9 €. À un moment, la bulle va exploser. »
C’est pour toutes ces raisons que Gwendal Danse milite pour une filière « plus transparente. Le seul moyen, c’est un label qui donne une garantie de qualité sanitaire et de respect de l’appellation florale ». Ses pots sont labellisés « Les miels de Bretagne », une appellation qui en garantit l’origine 100 % bretonne. « Quand j’explique aux clients ce que veut dire le logo, ils sont tout de suite convaincus. »
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