Dans le Morbihan, comment les agriculteurs s’adaptent face à la sécheresse (OF.fr-27/08/22-7h30)

Martin Diraison, dans une serre qu’il a perdue avec la sécheresse, aux Jardins de Pokokoèt à Brec’h (Morbihan), lundi 22 août 2022.

Sécheresse et canicule marquent cette année 2022. Dans le Morbihan comme ailleurs, pour l’agriculture, l’heure est à l’adaptation, à court et long terme, notamment dans sa gestion des ressources en eau. Témoignages croisés.

La sécheresse et la canicule, exceptionnelles en cet été 2022, ne le seront probablement plus d’ici quelques années. Depuis sa ferme maraîchère biologique, les Jardins de Pokokoèt à Brec’h (Morbihan), Martin Diraison ne cache pas son inquiétude : Une année comme ça, on peut encore encaisser, une deuxième fera beaucoup de dégâts.

Ce naturaliste reconverti paysan a pensé les économies d’eau sur sa ferme dès son installation, il y a trois ans : Je favorise le paillage de mes cultures, qui permet de retenir l’humidité. Et j’ai commencé à rationner l’utilisation de mon forage dès la mi-juin. ​Malgré cela, la sécheresse l’a empêché de planter ses semis dans l’été. Les répercussions se feront sentir cet automne. On va avoir moins de légumes d’hiver, en quantité et en diversité​, annonce-t-il.

La gestion de l’eau, un enjeu crucial

Marie-Andrée Luherne, à la tête d’un élevage laitier conventionnel à Sulniac et présidente de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Morbihan, a aussi encaissé des pertes. D’ordinaire, je vends une partie de ma récolte de maïs mais, cette année, j’ai eu des rendements trop faibles. Ils me serviront uniquement à nourrir mes bêtes. ​Une perte économique directe qui pousse l’éleveuse à chercher d’autres ressources en eau que son forage : Nous avons beaucoup de toitures sur l’exploitation, ce qui nous permettrait de récupérer les eaux de pluies. De même, nous pourrions réutiliser certaines de nos eaux usées.

Sur sa ferme, Martin Diraison s’attache à rétablir un cycle de l’eau, en recréant des mares et des cours d’eau, notamment grâce à une aide du syndicat mixte de la Ria d’Etel. Tous deux s’accordent sur un point : la gestion collective de l’eau va devenir un enjeu crucial dans les années à venir.

Des variétés du Sud face à l’incertitude

Cette année, Martin Diraison a remarqué, comme certains de ses collègues, que les variétés originaires du sud de l’Europe avaient bien mieux fonctionné. Un constat proche de celui de Marie-Andrée Luherne : A l’avenir, on envisage de replacer le maïs par du sorgho (une variété d’origine éthiopienne), déjà cultivée dans le sud de la France. ​Elle s’intéresse aussi à la luzerne pour ses pâturages, une espèce qui résiste bien mieux à la chaleur.

À l’inverse, l’agriculteur biologique prévient que certaines variétés pourraient être de plus en plus difficiles à cultiver : On sait que les poivrons sont très gourmands en eau, par exemple. Et on a abandonné les salades cet été, elles sont toutes montées en graine avec la chaleur.

« Nous n’irons pas contre le climat »

Stéphanie Hinschberger ne sait pas si sa microchampignonnière à Plumergat survivra à un climat breton de plus en plus sec et chaud.

À Plumergat, Stéphanie Hinschberger, à la tête d’une microchampignonnière biologique, est plus défaitiste. Ses cultures ont absolument besoin de fraîcheur et d’humidité. Nous n’irons pas contre le climat​, prévient-elle. Elle lance un food-truck en parallèle et envisage sérieusement d’arrêter son activité à terme.

Réchauffement climatique : faut-il interdire le chauffage dans les serres agricoles ?

En maraîchage, on fait un pari puisqu’on sème nos cultures sans connaître la météo à l’avance. Avec la multiplication des sécheresses ou, au contraire, des grosses pluies, on va avoir de plus en plus de mal à gagner nos paris​, s’alarme Martin Diraison. Le dérèglement climatique n’a pas fini de faire parler de lui parmi ces agriculteurs dans l’incertitude.

Margaux LONGEROCHE

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/temoignages-dans-le-morbihan-comment-les-agriculteurs-s-adaptent-face-a-la-secheresse-a0c6f730-253e-11ed-a10d-82759cd4c77b

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