
Ces habitants de la région de Carhaix (Finistère) n’ont pas retrouvé leur ligne téléphonique fixe et internet, deux mois après le passage de la tempête Ciaran. Certains sont las de cette situation, car sans information sur le délai de réparation. Orange annonce un rétablissement total d’ici à fin mars 2024.
Par Anthony RIO
Deux mois après la tempête Ciaran , certains habitants n’ont pas retrouvé une vie tout à fait normale. Des foyers sont toujours privés de leur ligne téléphonique fixe et internet. C’est le cas dans certains hameaux du Centre Ouest Bretagne, dans la région de Carhaix (Finistère).
Jérôme Le Goff, 38 ans, habite la commune de Saint-Hernin. Il est à la tête de sa petite entreprise de vente de pièces détachées d’occasion pour voitures. « Dix-sept arbres sont tombés pendant la tempête entre mon domicile et mon entreprise située à 3 km. Ce qui a abîmé les réseaux. Dans mon entreprise, une intervention a permis de retrouver le téléphone fixe au bout de dix jours. Mais chez moi, je n’ai toujours rien. »
Ce n’est pas normal de payer pour des choses qui ne fonctionnent pas.— Jérôme Le Goff, habitant de Saint-Hernin privé de ligne téléphonique
Jérôme Le Goff a déjà dû faire preuve de patience pour le retour de l’électricité : « Ça a mis trente-deux jours. » Il doit maintenant attendre pour le retour de sa ligne téléphonique et internet. « L’assistance Orange m’a dit qu’une intervention était prévue le 2 décembre, je n’ai vu personne. On devait m’appeler sur mon portable le 22 ou le 23 décembre, je n’ai pas reçu de coup de téléphone. »
Orange lui a prêté une clé 4G, qui lui permet de passer des appels avec son téléphone portable et d’avoir internet. « Mais la connexion n’est pas top. J’ai beaucoup d’administratif dans mon travail, ça ralentit l’activité. » Le Finistérien commence à s’agacer. « Depuis novembre, je suis prélevé normalement. Ce n’est pas normal de payer pour des choses qui ne fonctionnent pas. »
« Ça nous bloque pour travailler »
L’énervement monte aussi chez Sandrine Guichoux et Jean-Alain Barguil, à Kergloff. « Orange nous a ajouté 200 gigas d’internet sur notre téléphone. Mais il faut avoir un bon réseau mobile pour que ça fonctionne. Ce n’est pas le cas ici », se désole Sandrine Guichoux. « Ça nous bloque pour travailler. Mon fils est au collège. Son cahier de texte est sur internet, il a des devoirs en ligne. »
Le foyer venait d’être raccordé à la fibre optique par des câbles aériens, qui ont été touchés lors de la tempête. « Je comprends que les techniciens soient débordés, mais on demande au moins une information précise. »
Si ça doit mettre des mois, on peut l’entendre. Mais il faut qu’on sache.— Corinne et Emmanuel Ponedelnik, à Cléden-Poher.
Même souci rencontré chez Floran Guillemon, à Kergrist-Moëlou (Côtes-d’Armor). « On nous a proposé une air box, mais ça ne peut pas fonctionner sans réseau mobile. Je dois sortir de chez moi pour travailler sur la création de mon entreprise de transport. Ça fait deux mois et on ne voit aucun technicien. Ça m’interpelle. » À Cléden-Poher, Corinne et Emmanuel Ponedelnik regrettent « l’absence de visibilité. Si ça doit mettre des mois, on peut l’entendre. Mais il faut qu’on sache. »
Les maires en première ligne
En première ligne face aux habitants, les élus locaux tentent de trouver des réponses. Comme Didier Goubil, maire de Poullaouen. « On a une dizaine de hameaux concernés, soit 30 à 40 foyers sur les 1 000 de la commune. On remonte les difficultés à Orange. C’est la seule chose que je peux faire. J’ai demandé aux secrétaires de mairie de ne pas se montrer trop rassurantes. »
Didier Goubil pointe « une part de responsabilité collective » : « On est arrivé à un niveau d’arbres et de bois sur les bords des routes communales… Ça devient dingo. Depuis au moins quinze ans, on n’a plus la culture de couper du bois. Certains arbres étaient trop fragiles et sont, pour certains, tombés sur les lignes. »
La prévention a-t-elle été suffisante avant le passage de la tempête Ciaran ?
On a constaté quelques semaines après cet événement [la tempête Ciaran] qu’il nous faudrait des mois pour reconstruire. Nous sommes aujourd’hui dans cette période intermédiaire— Damien de Kerhor, délégué régional Bretagne chez l’opérateur Orange
Orange table sur un retour à la normale « à la fin du premier trimestre 2024 ». Damien de Kerhor, délégué régional Bretagne chez l’opérateur, se dit « très conscient des difficultés rencontrées par ces usagers » et parle d’un « chantier titanesque ». Il argumente : « On a constaté quelques semaines après cet événement qu’il nous faudrait des mois pour reconstruire. Nous sommes aujourd’hui dans cette période intermédiaire ».
« Une logistique d’approvisionnement complexe »
Dans le Finistère, le responsable fait état de plus de 6 000 poteaux sur les 14 000 poteaux mis hors service au total, à l’échelle de la Bretagne. Orange cible en priorité le rétablissement des lignes qui approvisionnent une zone dense en utilisateurs. Cela implique aussi parfois « la reconstruction du réseau sur plusieurs centaines de mètres et demande une logistique d’approvisionnement complexe car il existe différents types de câbles. Les jours d’intempéries en décembre n’ont pas permis aux techniciens de travailler en sécurité sur les sections de câbles aériens. »
D’ajouter : « Pour la continuité du service, nous avons fait des recharges de données internet à plus de 150 000 abonnés et prêté 15 000 air box. » Et pour ceux qui vivent sans réseau mobile comme Floran Guillemon ? Damien de Kerhor indique que « des solutions satellites existent » et promet que « les équipes sont très opérationnelles ». Les abonnés peuvent contacter le service clients de l’opérateur afin d’envisager « des remises ».
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/temoignage-deux-mois-apres-la-tempete-ciaran-ils-nont-toujours-pas-internet-et-de-telephone-fixe-of-fr-3-01-24/