Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, a été fraîchement accueilli par une cinquantaine de salariés du groupe, ce vendredi 23 février 2024 à Brest (Finistère). Alors que le bureau de Saint-Martin fermera définitivement demain, peu de temps après celui de Kérinou, les postiers défendent leur mission de service public.
Par Julia TOUSSAINT.
« Augmentez les salaires ! », lance un postier. « Où est l’argent des dividendes ? », renchérit un autre. Alors qu’il serre quelques mains devant le bureau de Siam, en centre-ville de Brest, le PDG du groupe La Poste reçoit des protestations en rafale. Philippe Wahl s’est rendu dans le Finistère ce vendredi 23 février 2024 pour dialoguer avec les salariés, dans un contexte particulièrement tendu.
Demain, le bureau de poste de Saint-Martin (89, rue Jean-Jaurès) baissera définitivement le rideau. Moins d’un mois après la fermeture de celui de Kérinou. « Pourquoi est-ce que vous fermez Saint-Martin ? », questionne une habitante du quartier Europe, venue spécialement pour échanger avec M. Wahl. « Il y a moins de monde qu’avant madame », lui rétorque le PDG du groupe. « Mais on a encore besoin de ces services de proximité, il y avait souvent la queue devant le bureau de Saint-Martin ! »
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Deux autres bureaux sur la sellette ?
Avec ces deux fermetures en 2024, Brest ne comptera plus que huit bureaux de poste (Recouvrance, Pilier Rouge, Lambézellec, Saint-Marc, Saint-Pierre, Siam, Pontanézen, Bellevue). Mais la cinquantaine d’agents réunis ce vendredi, à l’appel de la CGT FAPT et Sud PTT, redoutent d’autres mauvaises nouvelles. « Il y a une grosse inquiétude sur les bureaux de Saint-Pierre et de Saint-Marc », souffle Elsa Naudet, secrétaire générale de la CGT FATP 29 Nord.
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Les élus de la Ville avaient d’ailleurs alerté sur ce sujet lors du dernier conseil municipal de Brest, le 6 février. « Pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle menace ne vienne planer sur nos services de proximité », s’était inquiétée Sylvie Jestin, adjointe au maire à Lambézellec.
La fermeture des bureaux de poste ne serait que la conséquence logique d’une moindre fréquentation ces dernières années. « Sur Kérinou, le nombre de passages quotidiens a diminué de 80 % en dix ans », rapporte David Louët, délégué territorial du groupe La Poste dans le Finistère. Et de préciser que le nombre de lettres expédiées en France a été divisé par trois depuis 2008, pour passer de 19 milliards à 6 milliards.
Les commerçants prennent le relais
David Louët assure toutefois que la proximité avec les habitants demeure une priorité. « On reste présents dans tous les quartiers, d’une manière ou d’une autre », avance-t-il, en référence à l’ouverture de plusieurs « relais poste » chez les commerçants brestois, pour compenser la fermeture des bureaux traditionnels. On peut y faire affranchir une lettre, envoyer ou recevoir un colis, acheter des timbres…
« L’installation d’un point de contact à la gare de Brest est d’ailleurs en bonne voie », glisse le responsable. Pas de quoi convaincre Elsa Naudet, qui assure que les commerçants finissent souvent par « laisser tomber quand ils réalisent qu’ils sont débordés de colis », en particulier à l’approche de Noël. La déléguée syndicale ajoute que si les habitants ont déserté les bureaux de poste ces dernières années, « c’est aussi parce que les horaires se sont volontairement rétrécis, petit à petit ».
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