À Brest, les malades des produits phytosanitaires réclament justice (LT.fr-14/03/24)

Une vingtaine de sympathisants est venue soutenir le combat de Pascal Loussouarn (dernier à droite) devant le pôle social du tribunal de proximité de Brest. (Le Télégramme/Steven Le Roy)

Le pôle social du tribunal de proximité de Brest a connu, ce jeudi 14 mars, deux nouvelles affaires traitant des maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires. Si les débats restent techniques, l’action portée par le « Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest » progresse.

Par Steven LE ROY.

Le bouche-à-oreille, le relais de la presse. Voici ce qui a décidé le couple Loussouarn, dont le mari Pascal, 69 ans, est aujourd’hui plaignant devant le tribunal. L’homme a été atteint par deux cancers, l’un à la prostate en 2014, l’autre au côlon en 2020. Les séquelles sont nombreuses pour celui qui a passé sa vie de chauffeur chez Triskalia, à porter, manipuler et respirer toutes sortes de produits phytosanitaires. Il se souvient bien « que dès que j’ai commencé chauffeur, au début des années 80, on les chargeait à même la main dans les semis ». Aussi, quand les premiers plaignants se sont fait connaître autour de ce nouveau problème sanitaire au travail, Pascal Loussouarn a fait reconnaître ses deux cancers comme maladies professionnelles auprès de la MSA. Il n’avait jamais porté de protection spécifique durant toute son activité professionnelle.

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« Les malades, ça y est, on les voit »

Aujourd’hui, son avocate, Me Hermine Baron, ferraille à la barre pour faire monter le taux d’invalidité partielle permanente de son client, qu’elle estime largement sous-évalué. Juste avant, elle avait également plaidé pour des avantages supérieurs à accorder à une veuve : son mari, 35 ans avec la maladie de Parkinson, a succombé avant l’audience. Lui aussi maladie professionnelle, lui aussi les produits phytosanitaires. « Il y a une écoute sur la rapidité du diagnostic, explique la plaideuse. Pendant longtemps, les gens qui se sont exposés à ces produits n’ont pas été informés des maladies professionnelles. La prise de conscience me semble aujourd’hui réelle et les gens qui se défendent sont de plus en plus nombreux. Les malades des produits phytosanitaires, ça y est, on les voit », assume Me Hermine Baron.

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Le collectif retrousse les manches

L’action du « collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest » n’est pas étrangère à cette nouvelle tendance. Michel Besnard, l’un des représentants, raconte le quotidien de soutien à ces agriculteurs, comptés à 35 pour le département. « On les aide dans les démarches, dans la paperasse. On les soutient aussi en passant chez eux ». Aujourd’hui, le collectif milite pour que le fonds d’indemnisation de ces victimes soit calqué sur le fonds d’indemnisation d’autres victimes, celles de l’amiante. « Si nous parvenions d’abord à faire entrer la notion de préjudice global, qui regroupe tous les désagréments physiques et psychologiques, au lieu du préjudice particulier, ce serait déjà une petite victoire ». L’histoire d’un nouveau scandale sanitaire est peut-être en marche.

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/a-brest-les-malades-des-produits-phytosanitaires-reclament-justice-6543989.php

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