Racheté par le groupe Giboire, le camping de Kerolland à Fouesnant (Finistère) devait rouvrir ses portes pour deux ans. Il n’en sera rien : le site n’est pas aux normes. Le groupe immobilier travaille sur un autre projet.
Par Catherine JAOUEN.
Le camping de Kerolland à Beg-Meil (Fouesnant) va disparaître du paysage local. Les habitués, propriétaires de mobil-homes, vont devoir décamper. C’est la teneur de la lettre datée du 22 mars 2024, reçue par les usagers. Elle est signée du groupe immobilier Giboire, qui a racheté ce site de 3 hectares en février 2024.
L’annonce fait l’effet d’un véritable coup de massue parmi les campeurs qui fréquentent le lieu parfois depuis des décennies. « La classe moyenne n’a plus sa place !, s’insurge l’un d’eux. On va être virés pour faire plus d’argent. »
Giboire prévoit en effet un autre projet à cet endroit. Hôtel, piscine… ? « La réflexion se poursuit avec la collectivité », indique simplement un représentant de Giboire, joint par Ouest-France.
En achetant « le foncier » de Kerolland, le groupe s’était pourtant engagé « sans réserve afin d’assurer la continuité des services du camping a minima pour les deux prochaines saisons ».
La sécurité du site plus assurée ?
Patatras ! « Les tests de conformité technique d’usage », préalable à l’ouverture au public, « remettent en cause la sécurité du site », écrit Giboire. De quel genre de non-conformité est-il question ? « De manquements à la fois techniques et administratifs au regard de la réglementation, répond le groupe immobilier. Vis-à-vis des résidents, il est de notre responsabilité de ne pas prendre de risque. »
Dans ces conditions, comment le camping a-t-il pu fonctionner avant son rachat en février dernier ? « Ce n’est pas notre propos, appuie le porte-parole de Giboire. Nous ne sommes pas exploitants de camping. »
Désistement de l’exploitant
Dans la perspective de la réouverture à durée déterminée, le groupe immobilier avait recruté un exploitant à titre temporaire. Mais, « face à ce constat et aux réactions liées à la vente du camping, il a préféré se désister ».
Kerolland n’accueillera donc pas de campeurs à la date prévue, c’est-à-dire à la mi-avril. Et pas davantage l’an prochain. « Les contrats d’eau et d’électricité seront résiliés dans le mois à venir », précise encore Giboire.
« Nous mesurons pleinement la déception des résidents, poursuit le représentant du groupe. Nous leur laissons tout 2024 pour se retourner. » Autrement dit, pour déplacer leur mobil-home.
« Encore dix ans de crédit… »
Le collectif des usagers de Kerolland n’a pas dit son dernier mot. Une pétition, lancée en février, approche les 8 000 signatures. « On va créer une association et prendre un avocat, annonce l’un des membres. Kerolland, c’était des vacances en bord de mer à coût réduit. On a investi ici. J’ai un copain à qui il reste encore dix ans de crédit sur son mobil-home… »
Contacté, Roger Le Goff, maire de Fouesnant, n’a « pas de commentaire particulier à faire pour l’instant. C’est du privé ».
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