Logement social : « Non aux démolitions Anru ! » (IO.fr-4/05/24)

Mobilisation du collectif Stop démolitions Mirail devant le conseil départemental de la Haute-Garonne, le 24 avril (photo Antoine Berlioz/Hans Lucas via AFP)

Le 24 avril, une délégation du collectif « Stop aux démolitions Anru ! Pour un moratoire immédiat ! » s’est rendue au siège de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, responsable de la destruction de 175 000 logements sociaux.

Par Urbain KRISIS.

Depuis plusieurs années, un collectif d’habitants du quartier du Mirail à Toulouse et un collectif d’architectes combattent contre la démolition d’un ensemble HLM de grande qualité architecturale et environnementale, construit par l’architecte Georges Candilis.

Constatant que des luttes identiques se menaient dans de nombreuses autres villes à travers tout le pays, où l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a démoli 175 000 logements, les collectifs toulousains ont proposé la constitution d’un Collectif national intitulé « Stop aux démolitions Anru ! Pour un moratoire immédiat ! ».

Une mobilisation de dizaines d’associations et collectifs locaux

Le collectif national regroupe aujourd’hui 80 associations et collectifs locaux, ainsi que le DAL, la CNL et la revue Construire !.

Partageant le constat que « dans toutes les villes, tous les quartiers où l’Anru engage une politique de démolitions, la population et les collectifs se mobilisent pour s’y opposer, partout naît la volonté de ne pas rester isolés, d’unir nos forces nationalement pour être plus forts et faire entendre notre voix », le Collectif a lancé un appel à un rassemblement devant le siège de l’Anru.

Il a recueilli plus de 900 signatures, dont des centaines d’architectes et d’urbanistes, parmi lesquels Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, prix Pritzker 2021, célèbres pour la qualité de leurs opérations de réhabilitation. 

Ceux-ci n’admettent pas de démolir alors que l’on peut réhabiliter et ils refusent que des quartiers aussi emblématiques que la cité-jardin de la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry, l’Alma-Gare à Roubaix et tant d’autres puissent être rasés.

Premier rassemblement le 7 février

Mercredi 7 février, deux cents représentants de collectifs venus de tout le pays s’étaient rassemblés devant le siège de l’Anru à Pantin (93).

Les députés François Piquemal et Aurélien Taché étaient présents pour apporter leur soutien. Alors qu’elle avait déclaré « refuser de discuter sous la pression », confrontée à l’ampleur inédite de la mobilisation, l’Anru a finalement accepté de recevoir une délégation et s’est engagée à programmer un second rendez-vous.

L’après-midi, les représentants des collectifs ont tenu à Paris une conférence de presse, puis ont débattu en assemblée générale des suites à donner à leur action.

Le second rendez-vous a eu lieu le 24 avril. Mais, alors que le collectif avait demandé que la rencontre soit consacrée aux projets de démolition inscrits dans le programme de l’Anru 2 actuellement mis en œuvre, la directrice générale a tenté de l’inscrire dans le cadre des auditions préparant le futur Anru 3 pour 2030. Refusant la manœuvre, la délégation du collectif a lu une déclaration, dont nous publions des extraits (lire ci-dessous).

Piteux argument

La directrice générale, refusant d’envisager un moratoire sur les démolitions, s’est bornée à répondre : « Je ne suis qu’une fonctionnaire, les vrais responsables, ce sont les maires. » Piteux argument !

D’autant plus qu’au même moment, une délégation du collectif toulousain était reçue par les élus du conseil départemental de Haute-Garonne qui lui expliquaient, la main sur le cœur : « On n’y peut rien, c’est l’Anru qui décide. » Mensonges !

La vérité, c’est que tous sont d’accord pour organiser, au nom d’une prétendue « mixité sociale », l’expulsion des ménages modestes de quartiers dont le seul tort est d’être restés populaires. Leur but ? Remplacer les HLM par des programmes immobiliers spéculatifs, pour le plus grand bénéfice des promoteurs.

Laissons le mot de la fin à l’animateur d’un collectif de Besançon : « Il va falloir changer de braquet et aller voir ces maires de “gôche” qui ne connaissent plus “les gens”. Chez nous, la ville est tenue par la gauche depuis la Libération. Aucun élu n’habite le quartier de la Planoise qui représente 15 % de la population. Et le conseil municipal vote les démolitions, sans aucun débat. Il faut rendre notre stratégie plus offensive. On lâche rien ! »

Pour tout contact avec le Collectif national stop.aux.demolitions.anru@gmail.com

« C’est un patrimoine existant de logements sociaux qui est détruit, alors qu’il devrait être entretenu et réhabilité » Déclaration du collectif, lors de la sa délégation au siège de l’Anru, le 24 avril « Le cadre de cette invitation ne correspond pas à l’engagement que vous aviez pris de nous recevoir sur les projets en cours de l’Anru 2 programmant des démolitions qui peuvent et doivent être stoppées immédiatement. Nous ne pouvons comprendre ni accepter d’être éconduits de la sorte. Comment prétendre parler de participation citoyenne et d’écoute alors que vous refusez de prendre en compte nos doléances ? Comment parler d’avenir en refusant de parler avec notre collectif des démolitions qui se font maintenant et vont marquer profondément l’avenir pour de nombreuses années ? Nous voulons un moratoire pour geler, le temps de la réflexion, les projets qui, en ce moment, sont en train d’avoir des effets sociaux, patrimoniaux et environnementaux irréparables. C’est maintenant, tout de suite, que nous vous demandons de faire cesser immédiatement les démolitions. C’est ce que nous exigeons ! C’est ce qu’exige la volonté de prise en compte de “la sobriété environnementale, de la qualité architecturale des bâtiments et de l’intérêt des habitants” que vous déclarez partager avec nous ! Alors que chaque année établit de nouveaux records de chaleur, que la crise sociale et économique s’aggrave pour les plus faibles, que la crise du logement est brutale, il serait inconséquent de persévérer dans cette action de destruction. Comme l’a dit Franck Boutté, lauréat du Grand prix de l’urbanisme 2002 : “En s’occupant de démolir plutôt que de réhabiliter l’existant, on s’est trompé depuis 15  ans.” Nous disons : cessez de mal faire ! Cessez de faire mal ! Nombreux sont ceux qui dénoncent les dégâts et le gâchis des Anru 1 et 2 : ce sont des vies qui sont abîmées ; c’est l’argent public qui est dilapidé ; c’est un patrimoine existant de logements sociaux qui est détruit, alors qu’il devrait être entretenu et réhabilité ; c’est le désastre écologique qui est aggravé ; c’est un patrimoine social et culturel de vies, d’histoires et de biens précieux qui est rayé de l’héritage de nos villes ; c’est la conscience et le savoir-faire des professionnels qui sont désavoués et niés ! Il n’est jamais trop tard pour arrêter un processus dangereux à tous points de vue. Ce n’est pas dans dix ans que se construit l’avenir mais maintenant ! Cessez les démolitions maintenant ! Cessez d’abîmer nos quartiers et nos villes ! Il y a urgence ! Nous n’aurons de cesse d’agir à tous les niveaux pour que notre appel soit entendu ! »
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/05/04/logement-social-non-aux-demolitions-anru/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/logement-social-non-aux-demolitions-anru-io-fr-4-05-24/

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