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L’Inde a voté. Les plus grandes élections du monde. Une grande puissance est en train de naître qui va rebattre les cartes en Asie et dans le monde. Un processus complexe et contradictoire.
Mais revenons aux élections législatives dont les résultats partiels (99% des bulletins dépouillés) indiquent que le BJP (Bharatiya Janata Party), la droite-extrême, néolibérale, nationaliste-hindoue, autoritaire, islamophobe du premier ministre Narendra Modi, est victorieux mais en recul avec 240 sièges soit bien en dessous des 303 sièges remportés en 2019. Surtout il perd la majorité absolue. C’est important car Modi n’aura pas les moyens d’opérer les grands changements constitutionnels anti-démocratiques qu’il espérait. Tant mieux car les droits et libertés n’ont cessé de reculer sous son gouvernement.
La participation électorale est de 66%, relativement stable.
L’opposition, le parti du Congrès dirigé par Rahul Gandhi, coalisé au sein l’Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement, avec 26 partis dont le Parti communiste d’Inde (Marxiste), remporterait 99 sièges contre 52 cinq ans plus tôt. La coalition progressiste a présenté des candidats uniques et c’est ce qui lui a permis de doubler le nombre de ses députés.
Le Parti Le Parti Samajwadi (socialiste) a gagné 32 sièges, passant de 2 à 37 députés.
Le Parti communiste d’Inde (Marxiste) s’affaibli régulièrement depuis les années 1980. Il avait un seul député en 2019. Aux élections de 2024 il fait parti de la coalition démocratique aux côtés de Congrès. Même au Kerala il n’a qu’un député contre 14 pour le Congrès. A noter que les maoïstes (PCI-ML), qui poursuivent une lutte armée résiduelle, appelaient à voter pour la coalition démocratique « contre le fascisme de Modi ». Il est vrai que Modi fut membre et reste proche du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS-Organisation nationale des bénévoles), une puissante organisation et milice fasciste.
Au Bengale occidental le parti du Congrès Trinamool avec 29 députés (+7 par rapport au dernières élections) s’affirme contre le BJP…mais aussi face au PCI(M) qui perd l’un de ses trois derniers bastions.
Reste que Narendra Modi, 73 ans, reste très populaire après deux mandats soit dix ans de pouvoir , et qu’il va pouvoir poursuivre sa politique réactionnaire. Son relatif recul a entraîné une chute de la Bourse indienne, tant les milieux capitalistes craignent un affaiblissement de Modi qui est l’homme du capital en Inde.
Sur le plan international Modi est très habile. Il collabore étroitement avec Biden et…Poutine. Macron lui fait les yeux doux. Il est un pilier des BRICS avec la Chine, mais celle-ci est aussi sa concurrente et rivale. Sa boussole est l’intérêt du grand capital indien et il s’assure d’une base de masse grâce à un nationalisme mêlé d’hindouisme intégriste et islamophobe (les musulmans composent 14% de la population indienne)
Cette mise en avant des questions identitaires camouflent (mal) les problèmes sociaux, le système des castes, les inégalités monstrueuses qui ne sont pas réglés et continuent de miner la société indienne. Le taux de chômage reste élevé et les femmes sont en majorité exclues du marché du travail. De grands mouvements sociaux ont secoué le pays, en particulier les mouvements paysans, qui montrent que le compromis social qu’avait mis en place le parti du Congrès, avec Nehru et Indira Gandhi, a du mal à laisser la place au néolibéralisme déchaîné que Modi tente d’imposer à l’Inde.
Il faut observer avec attention ce qui se passe dans ce grand pays, évidemment chez son voisin chinois aussi et en Asie. L’avenir pour une très large part, se prépare là-bas.
Auteur : Antoine Manessis
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