
Les 155 salariés de Saupiquet, à Quimper, sont suspendus au scénario d’une éventuelle reprise après l’annonce de la direction, mardi 11 juin. Si aucun investisseur ne s’est manifesté d’ici à six mois, la conserverie de maquereaux et sardines fermera. Le choc dans une usine qui tourne depuis plus de cinquante ans.
Par Olivier SCAGLIA.
« La fermeture du site quimpérois aura lieu fin 2024, si aucun repreneur ne s’est manifesté d’ici là », indique Michel Le Bot, secrétaire général finistérien de la branche agro-agri de la CFDT. « Pour nous, désormais, l’enjeu, c’est l’avenir des 155 salariés : comment les accompagner au mieux dans un schéma d’arrêt du site. Nous allons actionner tous les leviers possibles. »
Moins de 24 heures après l’annonce de Bolton Food, département du groupe multinational italien Bolton, d’« un projet de fermeture » de l’usine de Quimper dans les instances représentatives de l’entreprise, l’organisation syndicale dessine plus nettement la situation que ne le faisait le communiqué de la direction.
« Accompagnement » des 155 salariés
« Nous sommes sous le choc, totalement abasourdis », témoigne encore Valérie Bonder, salariée de l’usine quimpéroise depuis onze ans et déléguée syndicale, semblant encore sonnée par l’annonce faite aux élus à la sortie d’un comité social de groupe, mardi 11 juin. Elle indique qu’un soutien psychologique a été mis en place via un « numéro vert » et qu’une cellule psychologique va être déployée sur site.
Nous faisons partie d’un groupe très humain. J’espère que les dirigeants vont rester dans cette optique.
« Nous faisons partie d’un groupe très humain, souligne à plusieurs reprises la déléguée syndicale. J’espère que les dirigeants vont rester dans cette optique », ajoute-t-elle avant de préciser « Nous allons entrer dans une phase de négociations ».
« Notre objectif est de donner à chacun le temps et les moyens de retrouver une solution professionnelle », assure Bolton Food, qui annonce, par ailleurs, vouloir « travailler en étroite collaboration avec les autorités et les élus du territoire pour identifier d’éventuelles opportunités de reprise du site, susceptibles de créer de l’emploi ».
Multinationale italienne depuis 2009
Enclavée, entre rivière, voie de chemin de fer et axe routier, dans la petite zone d’activité de Kergolvez, la conserverie a été mise en route en 1968, en périphérie immédiate du centre, au nord ouest de Quimper à l’extrémité du quartier du Moulin Vert. Point notable du tissu industriel quimpérois, le site de production a été racheté par Bolton Food, dans les années 2000, puis séparé en unité de production indépendante de la multinationale italienne en 2019.
L’usine quimpéroise emploie aujourd’hui 155 salariés « majoritairement âgés entre 45 et 50 ans ». Un effectif réparti sur quatre lignes de mise en conserve de maquereaux, une ligne de sardines et une ligne de conserves consacrées à la restauration hors domicile.
« Ventes en baisse sur le marché français »
« La production de notre entreprise est en baisse depuis plusieurs mois », commente la déléguée syndicale corroborant « la baisse de consommation sur le marché des conserves de poissons en France et en Europe », invoquée par la direction Bolton : « – 25 % entre 2020 et 2023 », avec 5 M€ de perte sur le marché français annoncés en 2023 ». Or, « 90 % de la production de l’usine quimpéroise servent le marché français ».
L’augmentation des prix de cette catégorie de produits du fait de la hausse des coûts de production et du phénomène inflationniste depuis 2021
Bolton Food qui pointe également « l’augmentation des prix de cette catégorie de produits du fait de la hausse des coûts de production et du phénomène inflationniste depuis 2021 ». « Les marques distributeurs nous ont grignotés énormément de parts de marché », glisse Valérie Bonder.
« Bien que le site ait poussé ses performances au maximum, il enregistre, aujourd’hui, l’un des taux d’utilisation les plus faibles de Bolton Food, malgré tous ses efforts engagés par la division et les équipes, ces dernières années, pour améliorer la situation, poursuit le groupe. Nous n’avons d’autre choix que de concentrer notre outil industriel pour regagner en compétitivité. »
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