Obligés de fermer leur boulangerie, dans le Finistère, ils passent du rêve au cauchemar (OF.fr-11/07/24)

Évelyne et Guy Brégeon tenaient la boulangerie les 4b, à Brest, depuis 2007.
Évelyne et Guy Brégeon tenaient la boulangerie les 4b, à Brest, depuis 2007. | ÉVELYNE ET GUY BRÉGEO

À 66 et 61 ans, Guy et Évelyne Brégeon sont obligés de mettre la clé sous la porte. Les charges pèsent trop lourd sur leur boulangerie, ouverte depuis 2007 à Brest, dans le Finistère. Retour sur la belle histoire entre ces deux passionnés.

Par Chloé CROCHU.

« L’histoire est vraiment belle. » Sourire aux lèvres, Guy Brégeon, boulanger à Brest, dans le Finistère, a rencontré l’amour de sa vie il y a quarante-cinq ans. « J’ai 16 ans, je cherche un travail et l’ami de mon père me trouve une place dans une boulangerie parisienne. Le patron travaille avec sa femme et les deux sœurs de celle-ci. Parmi elle, Évelyne. C’était en 1979, et depuis on ne s’est jamais quitté », retrace-t-il.

Les deux jeunes gens s’épanouissent, lui derrière les fourneaux, elle derrière le comptoir de la caisse. « On ne comptait pas nos heures. Nous étions heureux de travailler et de vendre de bons produits », se remémore Évelyne.

Les années passent, les artisans voient le métier de boulanger évoluer. « Nous avons vécu l’arrivée des points chauds. Ces lieux qui vendaient des viennoiseries dans les rues passantes. J’ai tout de suite compris que cela fonctionnerait », poursuit-elle. Le couple déménage et s’installe à Rouen (Seine-Maritime). Ensemble, ils décident d’ouvrir leur première boulangerie. « Une super aventure qui a duré quinze ans. »

À lire : Les boulangers face à la hausse des prix : pourquoi la crise n’est pas encore réglée

Le travail au détriment de la famille

Ils revendent leur affaire et rentrent en Bretagne. « Mes parents sont nés ici, avant de monter à Paris. Je souhaitais revenir sur mes terres », confie-t-il, un sourire dans la voix. C’est dans le quartier Saint-Marc de Brest, qu’ils décident d’ouvrir leur nouvelle boutique, les 4B pour Breizh Boulangerie Brégeon Brest.

Nous sommes en 2007. Plein de bonne volonté et convaincus par leurs produits entièrement faits maison, « même la pâte feuilletée », ils ne comptent pas leurs heures. « Il fallait être rentable. » Le couple ne ménage pas ses efforts, dégage un salaire de 1 000 € chacun et sacrifie sa vie de famille. Parents de deux garçons, ils n’ont qu’un regret : « Nous avons fait une croix sur les anniversaires, les Noël… », déplore le papa.

L’apogée, puis la lente descente aux enfers

Malgré les conditions pénibles, le couple tient bon et recrute une équipe de cinq personnes. Nous sommes alors en 2016. Ils ne le savent pas encore mais cette période marquera un tournant dans leur vie. « Nous pouvions déléguer notre travail. L’équipe était fiable », retrace le patron.

La crise du Covid survient et après une année difficile, les clients reviennent à la boutique. « Nous étions enfin rentables. »

Mais l’année 2021 signe le début du calvaire. Une succession de démissions vient mettre en péril leur affaire. Ils ont mis neuf ans à construire une solide équipe, en quelques mois tout s’effondre.

« Il n’y a pas plus têtu qu’un breton de Paris »

« Une succession d’employés a défilé. Il nous était impossible de rétablir un équilibre. » Septembre 2021. Tout s’enchaîne. Le couple suffoque mais tient bon. La hausse des prix de l’énergie et des matières premières s’intensifie, les charges pèsent sur la boulangerie.

En mars 2022 ils décident de la mettre en vente, mais aucun repreneur n’a pointé le bout de son nez. Résilients et travailleurs, Guy et Évelyne se retroussent les manches : « il n’y a pas plus têtu qu’un breton de Paris. » Alors qu’elle aurait dû partir à la retraite à ce moment-là, Évelyne ne peut pas avec sa maigre pension de 500 €.

Une belle aventure remplie de souvenirs

L’endettement se creuse, jusqu’à ce lundi 24 juin 2024 où ils disent stop. « Il nous était impossible de verser le salaire du mois de juillet. » Le cœur lourd, mais fiers de leur parcours, ils préviennent quelques clients de la fermeture de la « boulangerie du quartier ». « On donnait des bouts de pain aux gamins pendant que leurs parents achetaient leur baguette », se souvient Évelyne.

Mais depuis quelques années, les clients se sont faits plus rares. Les semaines sont creuses. Les gens ont moins d’argent. Humble, la patronne les comprend : « On ne peut pas leur en vouloir. Ils tentent eux aussi de s’en sortir. La baguette est moins chère à la supérette du coin. »

La fin était inéluctable. L’histoire était belle, il est désormais l’heure de rebondir. « Je suis à la recherche d’un nouveau travail, peu importe le domaine d’activité », glisse Guy.

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Source; https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/obliges-de-fermer-leur-boulangerie-dans-le-finistere-ils-passent-du-reve-au-cauchemar-2ed20346-354e-11ef-9c89-e0b91afbddff

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/obliges-de-fermer-leur-boulangerie-dans-le-finistere-ils-passent-du-reve-au-cauchemar-of-fr-11-07-24/

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