
Christian Troadec, maire régionaliste de Carhaix (Finistère), et cinq élus de la région de Carhaix, ont reçu une convocation pour « une audition sous le régime de la garde à vue » au commissariat de police de Quimper, annonce le maire ce 18 juillet 2024. Ils sont soupçonnés de « séquestration et violence en réunion », après l’action des défenseurs de l’hôpital dans les locaux de l’Agence régionale de santé, à Quimper, en septembre 2023.
Par Kloé MARIN, Laetitia JACQ-GALDEANO & Anthony RIO .
Le maire régionaliste de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, a annoncé, ce jeudi 18 juillet 2024, que de nouvelles auditions « sous le régime de la garde à vue » sont programmées le 24 juillet et le 26 juillet, au commissariat de Quimper. Une information non confirmée par la police ou le parquet.

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Cette fois, six élus municipaux sont concernés : Christian Troadec et quatre de ses adjoints – Hélène Guillemot (action sociale), Jacqueline Mazéas ( travaux), Serge Couteller (culture et vie associative) et Olivier Faucheux (sports, espaces verts) – ainsi qu’Annie Le Guen, adjointe à Cléden-Poher et présidente du comité de défense de l’hôpital de Carhaix. Ils sont soupçonnés de « séquestration » et de « violence en réunion. »
« Inacceptable »
Leurs auditions font suite à l’action menée le 14 septembre 2023. Plusieurs dizaines de Carhaisiens s’étaient rendus devant le siège départemental de l’Agence régionale de santé (ARS) à Quimper, alors qu’une réunion devait se tenir pour discuter de la régulation des urgences de l’hôpital de Carhaix. Il y avait là la direction de l’ARS, du Centre hospitalier de Brest-Carhaix, le maire de Carhaix et des défenseurs de l’hôpital.
À la mi-journée, après des discussions jugées infructueuses, une soixantaine de manifestants, parmi lesquels se trouvaient des élus, avaient pénétré à l’intérieur des locaux, alors que s’y trouvaient toujours la directrice générale de l’ARS Bretagne et la directrice du centre hospitalier Brest – Carhaix. Ils y étaient restés plusieurs heures. Les manifestants, dont les élus, avaient finalement quitté les lieux peu après 17 h 15. « Aucune violence n’est à déplorer », expliquait alors la préfecture du Finistère. La direction du CHRU avait ensuite annoncé que des plaintes avaient été déposées.
Christian Troadec a affirmé, jeudi, qu’il « n’y a jamais eu de séquestration ni de violence . Porter plainte contre des élus, invités à cette réunion par l’ARS, qui n’ont fait que leur devoir de femmes et d’hommes politiques en défendant les droits à la santé des populations du Centre-Bretagne, est inacceptable ». Le maire de Carhaix ajoute : « C’est un véritable déni de démocratie […] Le rôle des élus est justement de s’opposer au sentiment de toute-puissance de quelques hauts fonctionnaires parisiens parachutés en Bretagne ».
« Complètement abasourdi »
Vingt-quatre personnes auront ainsi été entendues dans le cadre de cette affaire. Entre mi-mai 2024 et fin juin, 19 défenseurs de l’hôpital, dont des soignants, des syndicalistes et même un pompier, ont été convoqués au commissariat de Quimper (Finistère).
« À chaque audition, il y avait au moins une centaine de Carhaisiens devant le commissariat », indique Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix, le premier à avoir été interrogé par les policiers. Ce militant NPA – L’Anticapitaliste ne cache pas son « énorme colère » face à ces auditions, « un contre-feu pour masquer l’incapacité à résoudre le problème » de l’accès aux urgences de l’hôpital de Carhaix, « vital pour le territoire ». Et le militant de résumer : « Jeudi, les urgences de Carhaix rouvrent pour le festival des Vieilles Charrues. Lundi matin, elles ferment et mercredi, les élus sont convoqués. On nous explique que ce n’est pas possible de rouvrir les urgences et on se rend compte que c’est possible pendant quatre jours, 24 heures sur 24. »
Parmi les élus convoqués fin juillet, Serge Couteller, 73 ans, trente-cinq ans de mandat municipal, se dit « complètement abasourdi » de voir « des fonctionnaires zélés de l’État français convoquer des élus qui se battent pour leur territoire et l’accès à la santé pour tous. Je travaille depuis toujours pour que les gens soient heureux sur notre territoire. À 73 ans, je ne vais pas commencer à séquestrer les gens ! » Même démenti d’Olivier Faucheux, 2e adjoint de Christian Troadec, infirmier au bloc opératoire de l’hôpital de Carhaix et syndiqué : « Je ne comprends pas. Il n’y a eu aucune violence et aucune séquestration à l’intérieur. » Jeudi soir, l’élu – qui sera absent fin juillet – était le seul à avoir demandé – et obtenu – le report de son audition à fin août, début septembre, une possibilité mentionnée dans la convocation.
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